Pour accompagner la sortie du DVD de son spectacle, chez Warner, Rachida Khalil retrouve son personnage de Fatna pour une nouvelle tournée, lancée par un show exceptionnel à l'Olympia le 21 septembre dernier. L’occasion de retracer le parcours de l’humoriste. « Je suis née en 1973… ou bien en 1974, je ne sais pas ! Je ne connais pas ma date de naissance. Aujourd’hui, je fais partie de ces milliers d’immigrés qui ont obtenu la nationalité française et dont la date de naissance a été arbitrairement fixée au 1er janvier ! ». Rachida Khalil est originaire de Rechida, dans les montagnes du Rif, au Maroc. Elle en part à 5 ans, lorsque son père est engagé en France. Toute la famille s'installe à Mantes-la-Ville, en région parisienne. C'est là qu'à 16 ans, elle décide de suivre des cours de théâtre. « Alors que mon père voulait me voir faire carrière dans les bigoudis, je suis partie faire du théâtre, en rêvant de jouer Ondine ou Agnès. Mais ces rôles là n’étaient pas faits pour moi, pour « Rachida ». On ne me proposait que des rôles de beurettes, des rôles de Malika, tous les prénoms qui se terminent par « a », battues par leur père, avec un frère intégriste. Ça m’a un peu dégoûtée du cinéma... et du coup je me suis tournée vers le théâtre où les metteurs en scène enferment généralement moins les comédiens dans des rôles préconçus ». En 1992, Ahmed Madani lui propose son premier rôle au théâtre dans Big Bang Banlieue et ensuite dans Nous crèverons l'horizon. Un an plus tard, elle crée sa compagnie, Shéhérazade, et organise un festival d'humour à Mantes-la-Jolie. À partir de 1995, Rachida Khalil se lance dans l'aventure du spectacle seule en scène. Elle écrit et interprète successivement, Sept chiennes de vie, puis Kholota. En 1996, elle tient le premier rôle féminin du long métrage de Mamoud Zimmouri, 100 % Arabica. De 1997 à 2003, parallèlement à sa carrière de comédienne, elle anime une série d'activités théâtrales à Mantes-la-Jolie, dont la création d'ateliers-théâtre ou l'organisation de festivals d'humour à l'attention des jeunes et des familles issues de l'immigration. En décembre 2003, sa rencontre avec Olivier Meyer, directeur du Théâtre de Suresnes Jean Vilar et producteur de spectacles, la conduit à présenter un nouveau spectacle : La vie rêvée de Fatna. Les textes de Rachida Khalil et Guy Bedos racontent, avec une joie féroce, les destins croisés de trois femmes d'aujourd'hui, par petites touches, parfois corrosives ou poignantes, mais toujours drôles. Fatna, la tante restée au bled, Karima, la jeune femme qui veut devenir actrice, Sophie, la voisine de Mantes-la-Jolie, sont empêtrées dans un quotidien parfois difficile mais trouvent la force de rêver et de vouloir changer leur destin. Ces trois silhouettes de jeunes femmes sont en proie à une réalité qu'elles parviennent à transcender chacune à sa façon, par l'humour, le rêve ou l'innocence. Le succès public et médiatique de cette présentation permet la reprise du spectacle pendant quatre mois de janvier à avril 2005 au Théâtre du Splendid où elle triomphe. Elle enchaîne une tournée de 60 représentations à travers la France, le Maroc, la Belgique et la Suisse jusqu’en mai 2006. Déjà plus de 60 000 spectateurs l’ont applaudie dans la capitale, à La Rochelle, Montpellier, Le Havre, Rouen, Valenciennes, Brest… Rachida Khalil fait partie de cette nouvelle génération d'humoristes, issue de deux cultures. Son vécu, au Maroc et en France, lui permet d'apporter un autre regard sur les travers des deux sociétés. Elle reste très attachée à ses origines marocaines : « chaque année, nous retournions au Maroc, voir la famille. Et j’y vais toujours : aller là-bas me permet de me ressourcer… Ça me permet de prendre du recul par rapport à ma vie ici, de la même manière que j’ai aujourd’hui du recul par rapport à la vie de là-bas. Cette double culture me permet de prendre un peu de distance par rapport à chacun des deux modes de vie. C’est réellement une force d’avoir plusieurs cultures ». Parallèlement à sa tournée, Ra-chida Khalil prépare son nouveau spectacle. Elle est actuellement à l'affiche de Tous frais payés, comédie romantique d'Aline Issermann. Ce long-métrage réunit, outre Rachida Khalil, Alexandra Lamy, Jean Dujardin et l'actrice légendaire italienne Claudia Cardinale.(sezame n°6, novembre 2006)