· Imarat al-Mouminine, un concept unique en son genre
· La diversité d’opinions encouragée mais pas la dissension religieuse
LE champ religieux marocain tire sa légitimité politique de l’institution de Imarat al-Mouminine représentée par Amir al-Mouminine SM le Roi Mohammed VI. Cette institution n’est pas figée, elle est dynamique dans ses actions quotidiennes, elle se meut avec l’évolution de la société et répond aux dynamiques sociales. Ce qui la rend plus en phase avec la modernité et l’inscrit dans le progrès à travers les différentes réformes qu’elle initie ou préconise, dans le respect des préceptes religieux, des us et coutumes du pays afin de garantir une spiritualité apaisée.
L’Institution est représentée à travers le ministère des Habous et des Affaires islamiques, le Conseil supérieur des oulémas et le Conseil supérieur de la fatwa. On distingue ainsi trois sphères, l’organe politique exécutif et gestionnaire du champ religieux, l’organe rassembleur des cadres religieux et enfin l’organe académique détenteur des avis juridiques officiels. La société civile des oulémas trouve sa place au sein de la nouvelle ligue mohammadienne des oulémas du Maroc. C’est un système politique qui a besoin d’un travail pédagogique afin qu’il soit consolidé, intégré par les différents acteurs et compris par la société.
Le Roi Mohammed VI est aussi Amir al-Mouminine, un titre unique en son genre et exclusif aujourd’hui dans le monde musulman; il puise sa légitimité dans la pensée religieuse musulmane et dans l’histoire spécifique marocaine. L’article 19 de la Constitution stipule que «le Roi, Amir al-Mouminine. Représentant suprême de la Nation, symbole de son unité, garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat, veille au respect de l’islam et de la Constitution. Il est le protecteur des droits et libertés des citoyens, groupes sociaux et collectivités. Il garantit l’indépendance de la Nation et l’intégrité territoriale du Royaume dans ses frontières. Ainsi la notion de «Commandeur des croyants» englobe celle de tutelle générale, de commandement suprême investi de la double charge de sauvegarder la sacralité de la religion et de gérer les affaires publiques. Cet article constitue le socle de l’Etat marocain et de son système politique, c’est le garant de toute réforme politique ou religieuse visant le respect des opinions, des convictions et des choix du peuple.
Le moment le plus solennel du Royaume est celui de l’intronisation du Roi et la présentation de l’allégeance par la famille royale et les dignitaires marocains, les oulémas, les représentants du peuple, l’armée, le gouvernement, les hauts fonctionnaires de l’Etat... le pacte d’allégeance préparé par le ministre des Habous et des Affaires islamiques sert de contrat liant le souverain à son peuple. La première séance d’intronisation est suivie annuellement par la fête de l’allégeance, le lendemain de la fête du Trône. Pour un observateur extérieur, ce cérémonial peut paraître anachronique, mais c’est oublier les spécificités et le rôle que joue l’institution de Imarat al-Mouminine dans la société marocaine. L’institution de Imarat al-Mouminine, la garantie de l’unité cultuelle du Maroc, est basée sur le référentiel jurisprudentiel religieux de l’école malékite ainsi que les aspects éthiques et spirituels qui guident la pratique sociale et religieuse incarnée dans le soufisme sunnite. L’unité cultuelle ne veut pas dire le renfermement sur soi, le rejet de tout apport extérieur et le refus du débat intellectuel, au contraire, la diversité d’opinions est encouragée tant qu’elle ne met pas en cause l’ordre public et ne crée pas de dissension religieuse.

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Le message du 30 juillet 2004

Devant la multitude d’expressions politiques au nom de la religion et afin de protéger l’unité cultuelle du Royaume, le Roi, dans son discours du Trône du 30 juillet 2004, a rappelé qu’il est le seul à concilier entre le politique et le religieux dans le souci de sauvegarder la sacralité de la religion qui doit rester en dehors de l’influence des divers groupes, d’opinion, de société ou de politique. «En effet, sous la Monarchie constitutionnelle marocaine, religion et politique ne sont réunies qu’au niveau de la personne du Roi, Commandeur des croyants», dit-il dans le discours du Trône du 30 juillet.

HEG