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Catégorie : Société
A l’occasion de la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance du Maroc, l’heure est au bilan. Les Journées de la Jeunesse Marocaines (JJM), organisées par l’AMGE-caravane (une association d’étudiants marocains des grandes écoles et universités françaises), qui se sont déroulées à l’Institut du Monde Arabe les 18, 19 et 20 avril s’inscrivent dans ce même élan. Pendant trois jours, des intervenants de qualités – ministres, politologue, journalistes, économistes, universitaires – ont débattu de questions économiques, sociales, politiques, historiques et religieuses. Malgré les critiques formulées par les intervenants et l’auditoire, tous s’accordaient à dire que le pays est sur la bonne voie. Pour preuve, les réformes entreprises par le Roi Mohammed VI et le rapport de l’IER et celui sur le cinquantenaire sont le signe d’une normalisation et d’une ouverture sans précédant au Maroc. Un examen de conscience salutaire. Ces journées ont eu le mérite de créer un espace de réflexion et de débat. Les intervenants ont tenté de répondre sans tabous aux questions des étudiants. La première journée, a été consacrée aux enjeux économiques : « Est-ce que la France est toujours le premier partenaire du Maroc ? » était le thème de la table ronde. Les intervenants ont rappelé que la France est le premier investisseur grâce notamment à une politique de séduction des pouvoirs publics marocains pour attirer les entreprises françaises. Si de nombreuses avancées économiques sont perceptibles via les nouveaux chantiers, Jean-René Fourtou, président du conseil de surveillance de Vivendi Universal pose un bémol à tout cela. « Si l’offre est claire et attractive pour les entreprises françaises, est-ce que les ressources humaines sont suffisantes pour faire face à cette implantation au Maroc ? ». Autrement dit, il s’agit d’inciter les jeunes diplômés à retourner au Maroc après leur cursus scolaire. Selon lui, « c’est une condition nécessaire pour ne pas arrêter le dynamisme des investissements. » Cette exhortation ne pouvait mieux tomber en raison d’une majorité de jeunes diplômes présents dans l’assemblée. « Dynamisme » a été le leitmotiv répété par les intervenants comme pour mieux insister sur les avancées de la société marocaine. Un changement qui ne peut s’opérer selon Tarik Sijilmassi, président du directoire du Crédit agricole marocain, sans une « définition véritable d’un projet de société ». Il su pointer du doigt les défis auxquels sont confrontés les décideurs du pays. « Il s’agit avant tout de réussir à combler le hiatus entre deux Maroc : le rural et l’urbain. » Pour cela, il propose « le concept d’une société rurale durable : maintenir les populations sur place en leur assurant une durabilité économique ». Une proposition qui a remporté l’adhésion de la salle. Salima Haddour, directrice de l’Office National Marocain du Tourisme à Paris, n’a pas manqué de vanter avec enthousiasme les bienfaits du tourisme en rappelant le défi que le pays a entrepris de relever : 10 millions de touristes en 2010. L’envers du décor : le tourisme sexuel, la pédophilie, l’absence d’offre spécifique pour les MRE et pour les nationaux, etc. Une journée qui se clôtura par la projection d’un film « Les Yeux secs » de Narjiss Nejjar. La deuxième journée a été l’occasion d’évoquer la question des médias au Maroc. En présence du ministre de la Communication, Nabil Benabdallah, les intervenants ont énuméré les avancées en matière de liberté de la presse tout en ne négligeant pas de dénoncer une certaine presse. « Ce qui est grave, c’est la pollution des esprits » affirme Hamid Barrada, journaliste à Jeune Afrique et à TV5. Et de rappeler : « La vraie ligne rouge, c’est la déontologie. » . Driss Benzekri était aussi de la partie pour revenir sur la notion de devoir de mémoire. En fin de journée, les spectateurs furent nombreux à assister à la projection du film « Marock » de Laila Marrakchi. La matinée de la dernière journée a été consacrée à l’islam et la question de l’interprétation du texte coranique avec une conférence de Rachid Benzine. Enfin, le dernier volet de ces journées a été l’occasion pour les étudiants d’exprimer leurs incertitudes quant à l’avenir politique du pays : difficulté à adhérer à un parti politique, à identifier lequel est de gauche ou de droite, déficit d’une conscience politiques chez les jeunes, etc. Les intervenants ont tenté de les rassurer. En définitive, ils ont rappelé « l’absolue nécessité de s’engager d’une manière ou d’autre pour contrer la menace islamiste ». Pour clore ce débat, l’exposé du politologue Mohammed Tozy a su éclairer les enjeux de l’islam politique. Ces trois journées organisées par la future élite du pays étaient autant l’occasion de faire un bilan des cinquante dernières années qu’un moyen pour les jeunes de s’exprimer. Quid des MRE ? Peu ou pas évoqués lors de ces trois journées riche de promesses.