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Catégorie : Economie
- Les riches monarchies pétrolières arabes du Golfe, qui engrangent les fruits de la flambée des cours du brut, ont enregistré des recettes pétrolières record d'environ 300 milliards de dollars l'an dernier et sont en passe de voir encore leurs revenus augmenter cette année.

Revigorées par ces profits sans précédent, les monarchies du Golfe ont augmenté leurs dépenses dans les services, les investissements et les infrastructures mais elles doivent encore faire davantage pour diversifier leurs économies qui restent largement dépendantes du pétrole, estiment des économistes.

"Je crois que les Etats du Golfe ont jusqu'ici échoué à tirer les leçons" du gaspillage des revenus élevés obtenus grâce au premier choc pétrolier, estime l'économiste koweïtien Hajjaj Bukhdur.

"Oui, ils ont augmenté les dépenses publiques mais à un rythme largement inférieur à celui de la croissance des revenus. Ils n'ont pas fait le tiers de ce dont ils sont capables", ajoute-t-il à l'AFP.

Selon cet économiste, "leurs dépenses d'investissements n'ont pas dépassé 10% de la croissance de leurs revenus et les efforts de diversification de leur économie sont restés très limités".

L'an dernier, les recettes pétrolières des six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui détiennent au moins 45% des réserves pétrolières prouvées du monde, ont doublé par rapport à 2003, et ont plus que triplé par rapport à 2001.

Le CCG, dont quatre membres appartiennent à l'Opep (Arabie saoudite, Koweït, Emirats arabes unis et Qatar), ont tiré plus de 800 milliards de dollars de leurs ventes pétrolières durant ces cinq dernières années.

Selon des rapports, les monarchies pétrolières pourraient engranger en 2006 jusqu'à 50 milliards supplémentaires par rapport à l'an dernier.

Pourtant, "nous sommes en retard en termes de dépenses. Nous devons investir davantage dans l'industrie notamment dans la pétrochimie, et dans le développement humain", préconise Omar Baqor, un professeur d'économie à l'Université saoudienne King Abdel Aziz.

"Le taux d'investissement dans la formation en Arabie saoudite n'est que de 6% annuellement, il faut qu'il atteigne 10%, au moins pendant les cinq ans à venir, pour suivre le rythme de la croissance démographique", ajoute-t-il.

Les monarchies du Golfe produisent un peu plus que 16 millions de barils/jour (mbj), presque le cinquième de la demande mondiale, dont 9,5 mbj en Arabie saoudite, chef de file de l'Opep.

Selon une récente étude de Global Investment House, basée au Koweït, les pays du Golfe vont augmenter leurs dépenses d'investissement de 15% cette année par rapport à 2005, ce qui injectera des dizaines de milliards de dollars dans les services et les infrastructures, notamment dans la santé, l'éducation et l'habitat.

Les investissements industriels du CCG ont presque triplé durant la dernière décennie pour atteindre 100 milliards USD et le secteur de l'immobilier est estimé aujourd'hui à 120 milliards USD.

Les investissements sont également en pleine expansion dans les bourses, dont la capitalisation a atteint un record de 1.145 milliards de dollars fin 2005.

Pour augmenter leur capacité de production pétrolière, les monarchies du Golfe consacrent des dizaines de milliards de dollars pour des projets d'infrastructure et de raffinage.

L'Arabie entend dépenser encore quelque 50 milliards de dollars pour augmenter sa capacité de production à 12,5 mbj en 2009 et sa capacité de raffinage à 6 mbj.

Pour leur part, le Koweït et les Emirats ont chacun annoncé des investissements de quelque 20 milliards USD, alors que le Qatar et Oman ont lancé des projets pétroliers de plusieurs milliards USD.

Les monarchies ont également consacré des milliards de dollars à des investissements pétroliers à l'étranger, notamment en Chine et en Inde, et certaines de leurs firmes, en partie étatiques, ont dépensé 20 milliards de dollars pour faire d'importantes acquisitions à l'étranger.

source AFP