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Catégorie : Economie
Le baril de pétrole Brent de la mer du Nord a atteint pour la première fois la barre des 74 dollars jeudi matin, sur fond d'inquiétudes sur la situation iranienne et l'approvisionnement en essence aux Etats-Unis. Le cours du Brent pour livraison en juin a atteint exactement 74 dollars vers 05H45 GMT, son plus haut niveau depuis le début de sa cotation sous sa forme actuelle en 1988, et s'est ensuite légèrement replié, tout en restant proche de son record vers 06H10 GMT.

Le cours du "light sweet crude" pour livraison en mai est resté quant à lui au-dessus de 72 dollars en Asie, après avoir atteint 72,40 dollars mercredi en fin de séance à New York, son plus haut niveau depuis le début de sa cotation en 1983.

Cette nouvelle flambée "est une réaction à la baisse des stocks américains de pétrole" annoncée mercredi par le département américain de l'Energie (DoE), a commenté Bruce Evers, analyste chez Investec.

Le DoE a rapporté une baisse de 800.000 barils des stocks de pétrole brut à 345,2 millions de barils lors de la semaine achevée le 14 avril. Les analystes tablaient en moyenne sur une progression de 2,3 millions de barils.

Les stocks d'essence ont chuté de 5,4 millions de barils à 202,5 millions de barils, alors que les prévisions annonçaient une baisse de seulement 2,2 millions de barils.

Quant aux stocks de produits distillés, ils ont reculé de 2,8 millions de barils à 114,6 millions selon le DoE, alors que les analystes attendaient un repli de 1,4 million de barils en moyenne.

Ce déclin des stocks fait craindre au marché une insuffisance de l'approvisionnement en essence cet été pendant la saison des départs en vacances des Américains, pic annuel de la consommation de carburant aux Etats-Unis.

Cette crainte est accrue par de nouvelles normes environnementales aux Etats-Unis de nature à ralentir la production des raffineries, qui doivent désormais inclure de l'éthanol (et non du MTBE, trop polluant) dans la composition de l'essence.

Elle est aussi renforcée par le fait que le Nigeria, premier fournisseur des Etats-Unis en brut léger, une qualité dont la teneur naturelle en essence est très élevée, voit toujours sa production amputée de 20% par les récentes attaques menées par des militants séparatistes dans le sud du pays.

Le marché reste aussi sur les nerfs face à l'escalade des tensions entre les Etats-Unis et l'Iran.

Le marché n'exclut plus une intervention militaire des Etats-Unis, alors que Téhéran refuse de cesser d'enrichir l'uranium et que le président américain George W. Bush assure que "toutes les options sont sur la table" pour l'y forcer.

L'Iran pourrait riposter à toute sanction prise à son encontre en interrompant ses exportations ou, pire encore, en bloquant le détroit d'Ormuz, passage stratégique pour le trafic pétrolier.

Les analystes évoquent des scénarios catastrophes qui porteraient le baril de brut au-delà de 100 dollars en cas de conflit en Iran, ou de saison des ouragans à nouveau très active.

"Si nous avons une mauvaise saison des ouragans (aux Etats-Unis) comme celle de l'an dernier, il ne fait aucun doute que nous verrons les prix du baril de brut à 80 dollars à un moment donné cet été", a conclu Bruce Evers.

En août 2005, les dégâts causés par les cyclones Katrina et Rita sur les sites de production américains du golfe du Mexique avaient propulsé les cours à des niveaux records.

LONDRES, 20 avr 2006 (AFP) -