Imprimer
Catégorie : France
Le risque d'attentats en France ""reste élevé"" estime le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière dans un entretien à Sud-Ouest Dimanche. ""La volonté des réseaux terroristes de frapper la France est intacte"", dit-il.
""Nous en avons eu la preuve cet été juste après la guerre du Liban lorsque Ayman al-Zawahiri, numéro deux d'al-Qaïda, a menacé la France au même titre que les Etats-Unis. Or on sait que les annonces médiatiques de Zawahiri sont souvent suivies d'effet"", explique le magistrat parisien.
L'autre ""élément inquiétant, c'est l'alliance objective entre al-Qaïda et le Groupement salafiste pour la prédication et le combat"". Le GSPC algérien, précise-t-il, est ""l'héritier direct des Groupements islamiques armés"", les GIA qui ont revendiqué les attentats de Paris en 1995.
Pour les salafistes, poursuit le juge, ""la France, pays mécréant, est un ennemi exactement au même degré que la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis"".
Aujourd'hui, dit-il, ""l'élément nouveau est l'apparition de groupes mixtes dont les activistes appartiennent au GSPC et aux filières irakiennes. Le démantèlement récent d'un réseau nous a convaincus que certains avaient des objectifs précis à Paris. Nous avons affaire à des individus opérant en France et qui, après un séjour sur le théâtre syro-irakien, reviennent par des voies détournées pour commettre des attentats en Europe, et notamment en France et au Maghreb"".
L'Irak, ajoute le juge Bruguière, est devenu une ""nouvelle terre de Jihad"" exerçant une ""très puissante force d'attraction sur la mouvance islamiste d'origine européenne, drainant de nouvelles recrues très radicalisées"".
Ces recrues bénéficient ""de l'aide de passeurs pour pénétrer en Irak. Leur détection est d'autant plus difficile. La structuration des réseaux se fait généralement après coup. Avant il existait des filières constituées, ce n'est plus le cas"".
A présent, ""nous faisons face à des groupes de plus en plus éclatés au sein desquels les initiatives individuelles ne sont pas absentes"", dit-il.
Face à ces menaces, ""la seule solution"" est de poursuivre dans la stratégie que nous nous sommes fixée: anticiper, et développer nos partenariats, déjà très forts, avec les Etats-Unis, les pays européens, mais aussi avec les pays du Maghreb. Et même au-delà"".
La menace terroriste, en effet, ""n'épargne plus aucun pays de la planète"" et des pays ""comme l'Indonésie, l'Australie et même le Japon ne sont pas seulement bases arrières, mais cibles à part entière"". AP