Après la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) présentée dans notre édition du 8 février, nous nous intéressons aujourd’hui à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). L’Economiste consacre une série d’articles aux principaux courants institutionnels qui composent l’ossature du Conseil français du culte musulman, CFCM(1). Après la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) présentée dans notre édition du 8 février, nous nous intéressons aujourd’hui à l’Union des organisations islamiques de France (UOIF).
L’UOIF a été fondée en 1983. Elle est le résultat de l’activisme des frères musulmans, installée en France et en Europe. Le Groupement islamique en France (GIF), résultat d’une scission intervenue au sein de l’Association des étudiants islamiques de France (AEIF) fin des années 1970 début 1980 suite à la crise syrienne (dissensions au sein du courant des frères musulmans), sera l’un des principaux artisans. Les principaux initiateurs sont Zouhir Mahmoud Choukr d’origine iraquienne et Abdellah Benmansour d’origine tunisienne. Le séjour en France du cheikh libanais Faysal Mawlawi (magistrat et responsable des frères musulmans libanais) permettra à l’UOIF d’avoir l’assise religieuse et relationnelle avec la mouvance des frères musulmans, le Tunisien Rached el Ghannouchi a également apporté son soutien à l’UOIF. Le défunt Mahfoud Nahnah était invité régulièrement aux rencontres annuelles. D’autres personnalités issues de la mouvance des frères musulmans constitueront des éléments essentiels pour l’accélération du processus de création de l’UOIF. C’est ainsi qu’une quinzaine d’associations, issues de toute la France, seront à l’origine de sa création. Aujourd’hui, elles en constituent encore l’ossature. L’UOIF diversifiera ses activités en encourageant entre autres le Secours islamique, la Ligue de la femme musulmane, les jeunes musulmans de France, le comité de bienfaisance et de solidarité palestinien ou encore l’Association Avicenne des médecins musulmans.
De quelques dizaines de participants au milieu des années 80 à quelques dizaines de milliers l’an dernier, la rencontre annuel de l’UOIF est devenue un lieu de rencontre incontournable des musulmans de France, c’est à cette rencontre que l’ancien ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy a été hué quand il a rappelé la réglementation consistant à présenter des photos têtes nues pour l’obtention des pièces d’identité.
Riche de son expérience nationale et internationale et de son professionnalisme, l’UOIF est devenue incontournable dans le paysage musulman français. Elle a su assoire son influence et la stabilité de ses structures. En off de nombreux responsables administratifs français louent ses qualités et sa maîtrise des dossiers relatifs au culte musulman et regrettent la léthargie des autres structures musulmanes. La FNMF, qui pourra être une concurrente crédible, par manque d’homogénéité de ses adhérents, l’absence de projets cultuels et culturels clairs et des moyens financiers et humains qui lui font défaut, végète pour survivre et essaie après sa nouvelle structuration de donner une autre image d’elle. Certains parlent d’une troisième voie, ont-ils l’assise structurelle nécessaire pour défier l’organisation de l’UOIF qui n’a d’égale aujourd’hui que celle des communautés religieuses turques avec leurs deux branches principales celle officielle, la Diyanat, liée directement au cabinet du Premier ministre turc et les Mili Gurus de Najmedine Arbakane.

Hakim EL GHISSASSI
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(1) Ce dernier ne prétend pas représenter les populations de cultures musulmanes, il est l’organe représentatif des lieux de culte musulman (pour une description de l’organisation de l’islam de France voir L’Economiste, septembre 2004).