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Catégorie : France
Des semaines de manifestations, des grèves, des images d'affrontements entre casseurs et policiers: les entreprises en France s'inquiètent des répercussions économiques de la crise du contrat jeunes. Les voix se multiplient pour réclamer un terme rapide à cette crise sociale qui vient de nouveau écorner l'image du pays, déjà mise à mal lors des émeutes dans les banlieues à l'automne. Les télévisions du monde entier avaient alors relayé l'idée d'un pays prêt à s'embraser.

Inquiète après deux mois et demi de crise, l'organisation patronale Medef multiplie les mises en garde au gouvernement.

"Il est temps d'arrêter cette gigantesque perturbation qui fait beaucoup de mal non seulement à notre image, mais à la solidité de notre tissu social", lançait encore vendredi sa présidente Laurence Parisot.

Si la crise "dure encore quelques semaines", certaines petites entreprises feront faillite, a-t-elle averti.

Le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), Jean-François Roubaud, a lui aussi déploré "l'image lamentable que la France donne dans les pays étrangers" six mois après les émeutes des banlieues.

Mais en l'absence de chiffres, il est pour l'instant difficile de jauger l'éventuel préjudice économique.

"Le désordre qui règne actuellement dans le pays est sans doute l'équivalent de plus d'un point de croissance (...) c'est-à-dire des milliers d'emplois potentiels", a affirmé la socialiste Ségolène Royal, favorite des sondages à gauche dans la course à la présidentielle de 2007.

Mais le ministre de l'Economie Thierry Breton réfute cette analyse.

"A ce stade, nous n'avons pas vu d'impact" sur l'économie, a-t-il assuré.

Que la confiance des ménages ait chuté de deux points en mars et celle des industriels d'un point n'effraie visiblement pas le gouvernement.

Malgré deux jours de grèves contre le contrat première embauche (CPE), les 28 mars et 4 avril, Thierry Breton mise toujours sur une croissance de 2 à 2,5% en 2006 pour la deuxième économie de la zone euro.

Ce qui l'inquiète en revanche, c'est l'image que la France renvoie "vis-à-vis des médias étrangers".

Plusieurs pays, dont les Etats-Unis et l'Australie, ont appelé leurs ressortissants à la prudence s'ils visitent la France, première destination touristique mondiale avec 75 millions de visiteurs.

En tournée aux Etats-Unis, la ministre déléguée au Commerce extérieur, Christine Lagarde, a regretté qu'il n'y ait "pas eu d'images (sur les télévisions américaines) des manifestations en Grande-Bretagne contre la réforme des retraites ou de celles en Allemagne contre la réforme du secteur public".

Elle a défendu le bilan de la France soulignant qu'"avec 38,3 milliards d'euros d'investissements étrangers en 2005, la France s'est placée au 2e rang en Europe derrière l'Allemagne".

Alain Bouchart, de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH) ne voit pour l'instant "aucune répercussion sensible" dans son secteur, les hôtels parisiens ayant même enregistré de meilleurs scores en mars 2006 qu'en mars 2005.

Il pense toutefois que si la crise du CPE se prolongeait, "l'image globale de la France pourrait en souffrir".

"Si le chaos actuel à propos de la loi sur l'emploi se prolonge, cela pourrait durement affecter la crédibilité nationale de la France", affirmait samedi l'Asahi Shimbun, le deuxième quotidien du Japon et du monde avec environ 12 millions d'exemplaires.

"La question se pose de savoir comment Paris va assembler le puzzle complexe des intérêts particuliers, de la compétitivité économique et de l'emploi, a ajouté le journal.