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Catégorie : Europe
Très tôt le 16 septembre 2004, le juge d’instruction Claise a fait procéder à 11 perquisitions dans le cadre d’une affaire financière impliquant l’ancien Président de l’Exécutif des Musulmans de Belgique, Nordin Maloujahmoun. Dans un communiqué, le parquet explique que ces « opérations visent à vérifier la réalité des faits éventuels de détournement dont l’ancien Président de l’Exécutif Musulmans de Belgique se serait rendu responsable. Elles font suite à une plainte déposée contre l’intéressée par l’ancien trésorier dudit Exécutif ». Le porte-parole du parquet précise que le dossier n’a aucun lien avec le terrorisme ou l’extrémisme. « C’est une affaire purement financière n’impliquant pas des montants extraordinaires. Ce n’est pas vraiment un dossier spectaculaire mais une simple vérification ». Un vrai déploiement de grande envergure pour une « simple vérification » ? Sur place, les enquêteurs copient tous les disques durs des ordinateurs et ont décidé d’emporter une série de documents « pour examen » et refusent l’accès aux locaux à la presse. Une première perquisition a eu lieu à 5h00 du matin au domicile du comptable de l’EMB et dès 9h00 au siège de l’Exécutif. D’après une source, le contentieux entre l’ancien Président et le trésorier date de plus de 2 ans et ne concernerait qu’une banale affaire de frais de timbres pour un montant variant de 500 à 3.000 euros.

Entretien avec Mohamed Boulif, Président de l’Exécutif des musulmans de Belgique


Mehmet KOKSAL : Pouvez-vous nous expliquer la manière dont la perquisition a eu lieu ?

M. Boulif : Oui d’abord j’ai été très surpris quand ce matin, on m’a appelé pour m’informer qu’une perquisition a lieu. Aucun élément ne me faisait pressentir que cette chose-là pouvait arriver. Quand je suis arrivé sur les lieux, le juge m’a signifié qu’il y avait une perquisition. Bon, je n’ai pas vu le mandat et donc je ne connais pas la raison, si ce n’est qu’il s’agirait d’une affaire financière.

MK : Savez-vous quelque chose sur cette affaire financière ?

M. Boulif : Je sais qu’il y a eu des plaintes entre des membres de l’Exécutif mais cela remonte déjà à quelques années…

MK : Quels membres ?

M. Boulif : Je pense à une personne précise qui avait agressé le Président de l’époque et celui-ci avait porté plainte mais je ne sais pas si c’est lié directement aux affaires financières de l’institution. Sur ce sujet, nos comptes sont « clean », nous avons régulièrement remis les comptes à l’administration de la justice, de plus la Cour des Comptes les vérifie donc jamais, jamais, jamais… on nous a fait un reproche. Il y a également un réviseur externe qui révise nos comptes chaque année et puis sur notre petit budget, je ne pense pas qu’il y a lieu de tergiverser. Je peux donc vous assurer que nos comptes sont en ordre mais je n’ai pas plus d’information sur cette perquisition. Je suis vraiment surpris, car l’ampleur de la perquisition indiquerait qu’il s’agit d’une affaire relativement importante or rien ne m’indique une telle proportion…

MK : La perquisition arrive-t-elle à un moment particulier pour votre institution ?

M. Boulif : Bien entendu, nul n’ignore que nous sommes actuellement à un moment très particulier pour notre institution avec un renouvellement en vue. Je sais que nous avons un différend à ce sujet avec les autorités et qu’il y a une loi votée au mois de juillet, malheureusement pendant la période des vacances, qui vise à organiser les élections via une commission. Nous contestons un peu cette loi qui s’ingère de manière assez importante et nous relisons l’avis du Conseil d’Etat à ce sujet qui considère également qu’il s’agit-là d’une ingérence lors d’un premier avis par rapport à un arrêté royal. Nous vivons une période difficile avec cette rentrée…

MK : Donc, ce n’est pas un hasard si la perquisition a lieu aujourd’hui…

M. Boulif : Mais je ne sais pas, on me parle d’affaires financières alors que nous étions en train de préparer notre assemblée générale du lendemain pour tenter de voir la position à adopter par rapport à l’organisation de ces élections. Je n’ai pas encore d’élément qui ferait le lien entre cette perquisition et le dossier actuel mais je constate simplement l’ampleur de la démarche et je crains qu’on puisse faire l’amalgame avec la vie de cette institution.

MK : Monsieur le Président, on a vraiment l’impression qu’il s’agit d’une grave affaire. Le parquet a fait 11 perquisitions, auditionne près de 40 personnes, on parle de 20 enquêteurs qui travaillent sur l’affaire, une plainte déposée contre l’ancien Président de l’Exécutif, on peut tout de même se poser des questions, non ?

M. Boulif : C’est la première perquisition et j’hallucine car par rapport au budget de l’institution, il ne peut pas y avoir d’affaires graves et comme je vous l’ai dit les comptes sont vérifiés chaque année. Le budget dont on dispose est très limité et comparable à celui d’une asbl, cela représente en tout et pour tout 726.000 euros. On paie le loyer et les employés ainsi que les charges. Nous pensons vraiment qu’une telle réaction est disproportionnée…

MK : Comment comptez-vous réagir ?

M. Boulif : Avant de réagir, nous devons d’abord réunir les éléments. Nous devons essayer de comprendre ce qu’il se passe. C’est dans un climat de tensions autour de l’islam au niveau international bien sûr mais aussi en Belgique. Regardez par exemple lors d’une émission de télévision la semaine dernière, cela s’est terminé par l’agression d’un expert donc on sent vraiment le climat de tensions dans la communauté musulmane. Nous devons faire en sorte de calmer, ne pas céder à la provocation car nous ne voulons que la transparence.

Propos recueillis par Mehmet KOKSAL (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)
source : http://www.suffrage-universel.be et http://www.minorites.org