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Catégorie : Chronique
En visite officielle à Paris du 19 au 21 juillet 2004. Le Premier ministre turc est venu pour défendre la demande d'ouverture des négociations pour l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Retour sur une visite marquée par la rencontre de la communauté turque française.
Le 19 juillet 2004, après s'être entretenu avec le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, , Rejeb Tayeb Erdogan a rencontré la communauté turque de France, cette dernière est forte de 400 000 personnes concentrées dans l'Alsace, le Rhône-Alpes et la PACA. 3000 conviés, acquis au Premier ministre turc, ont rempli le gymnase de Jean de Coubertin dans le 16ème arrondissement de Paris, ils scandaient "la Turquie est fière de toi". Les responsables associatifs régionaux ont présenté tour à tour leurs revendications, ponctués par les applaudissements, la possibilité du vote en France lors des élections nationales, (en 1995, 12 000 turcs ont fait le déplacement en charters pour aller voter à l'époque pour le parti Reffah d'Erbaken), des billets d'avion moins chers, la sécurisation des routes, des consulats supplémentaires, moins d'attentes dans les douanes, plus d'imams pour l'encadrement des 240 associations religieuses turques... Le ministre chargé de la culture et de la communauté turque à l'étranger a martelé que malgré notre volonté d'appartenir à l'Europe nous garderons notre indépendance. Il a assuré que la Diyanat ne s'oppose pas à la nomination d'une cinquantaine d'imams supplémentaires car c'est un besoin religieux et social. Il a espéré que les autorités françaises faciliteront l’entrée de ces imams sur le sol français. Il s'est félicité de l'image positive des turcs en Europe : "Aucun pays ne nous a dit qu'il y a des problèmes avec ces citoyens d'origine turque" …" vous êtes une population tranquille est paisible", ajoute-t-il.
La salle chauffée, était prête à entendre le Premier ministre qui dès le départ s'est indigné du nombre très faible des turcs ayant la double nationalité "sur les 400 000 Turcs en France, vous n'êtes que 35 000 ayant la nationalité française, avoir la nationalité française c'est votre droit et comme nous vous le demandons n'ayez pas honte de la solliciter, n'aillez pas peur, la Turquie pure est inscrite dans vos cœurs, vous ne devez pas être un frein à l'intégration, mais refusez l'assimilation".
La France est le 5ème investisseur étranger en Turquie, avec plus de 6 milliards de dollars. Les échanges commerciaux s'élèvent à plus de 7 milliards. Le nombre de touristes français est passé cette année de 480 000 à environ 700 000.
La Turquie attend en 2004 plus de 17 millions de touristes. Pour le Premier ministre, il faudra donner un autre visage à ce tourisme pour qu'il soit de plus en plus culturel et ne se limite pas uniquement au tourisme des plages, ceci nécessitera des investissements, la communauté turque est appelée à y participer.
Il a invité les turcs de France à encourager leurs enfants à suivre des études longues et à ne pas se limiter aux filières courtes et professionnelles, selon lui "seulement 2 000 turques font des hautes études".
Le Premier ministre a appelé principalement les nouvelles générations à se lancer en politique, participer au vote et faire l'effort de connaître d'avantage la culture turque en plus de la culture française.
Il n'oublie pas à la fin de son discours de faire allusion au créateur : "Quand on regarde la Mosquée Soulaymania nous pensons à l'architecte Sinan et quand nous regardons une personne nous pensons à celui qui l'a créée, ceci renforcera notre unité et notre amour, c'était la volonté de Mustapha Kemal Atatürk" conclura-t-il. Sous les applaudissements, il annonce la création dans 36 provinces, les plus pauvres, de zones franches. Une exonération des impôts pour 5 ans, baisse du prix de l'énergie, baisse des charges sociales. Une rencontre avec la population turque de France qui a montré la popularité de ce politicien charismatique qui a grandi dans les rangs du maître Erbakane. Un vieux compagnon de route d’Erdogane, qui lui est resté fidèle à la lignée d’Erbakan, nous déclarait : « nous sommes déçu quand on compare les sacrifices et les résultats obtenus par l’équipe Erdogane en matière de la place de la religion dans la société turque »… 20 juillet 2004
Hakim el ghissassi