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Catégorie : Entretien

Dans quel esprit ont été créés les jeudis de l’IMA ?


Les jeudis de l’IMA sont des moments hebdomadaires qui existent depuis 14 ans. L’esprit repose essentiellement sur un travail de médiation culturelle dont notre époque a grand besoin. Il consiste à jeter des ponts entre le monde arabo-musulman et l’Occident. Cet esprit obéit à des règles de méthodologie et de gestion. J’essaie de donner une visibilité à la culture arabo-musulmane dans sa pluralité et ses différences à travers les acteurs les plus agissant : écrivains, chercheurs, intellectuels…

L’intérêt de l’IMA au fait religieux musulman est récent, à quoi ceci est-il du ?


Depuis le 11 septembre, on rebondit d’une manière régulière, fréquente mais distanciée sur les questions qui touchent le religieux et le politique ainsi que leurs relations complexes. On rebondit également d’une manière rationnelle sur les questions de la représentation des arabes et des musulmans dans les médias de grande masse, pour recadrer les images de cette tendance qui représente les arabes et les musulmans comme ponctuellement terroristes. Ce travail se fait entre chercheurs, spécialistes et personnes actives sur le terrain. On essaie dans le contexte financier actuel de l’Institut de mobiliser les énergies présentes à Paris ou en France et de temps à autre on invite des personnalités du monde arabe afin de nous aider à avoir un regard critique.

Avez-vous remarqué un changement du public qui fréquente les débats ?


Ce qui est palpable c’est qu’il y a une visibilité du sujet arabe dans le débat. Il se bat, prend la parole, se défend, il est fier de sa double culture. La génération des parents rasait les murs, ne désirait pas faire de vagues. Du fait de ne pas être reconnue sur la place du travail, la deuxième génération est devenue revendicative et identitaire, c’est ce qui explique ce retour du religieux. Il y a un attachement au sacré qu’on ressent chez le public. Les jeunes, tout en se définissant Français, ne veulent pas perdre leur identité maghrébine. Aujourd’hui rien n’est tabou, tous les sujets sont sous la loupe de l’étude et de la réflexion. Les occasions d’échanges sont très importantes, il faut s’ouvrir au maximum au public français et arabe pour approfondir la connaissance et l’échange mutuels.

Malgré la programmation très riche de l’IMA, ses activités restent peu connues, quels sont les moyens utilisés pour toucher un public plus large ?


Nous avons une politique envers les éditeurs et les médias. J’ai lancé une collection en partenariat avec les éditions du Félin, il s’agit de la publication des conférences et des rencontres. Je souhaite monter un partenariat avec d’autres structures comme le Centre Georges Pompidou afin d’attirer un nouveau public.