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Catégorie : Débat
Pierre Lory, directeur d’etudes à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE), fait partie du bureau du nouvel Institut Européen en Sciences des Religions (IESR) créé par un décret du 26 juin 2002. La Médina : Pourquoi créer l’IESR ?
Pierre Lory : La conclusion du rapport Debray est que tout le monde est d’accord pour traiter du fait religieux, mais que les professeurs n’en n’ont pas les compétences. L’existence d’un grand nombre d’élèves d’origine musulmane a joué un rôle et pose des questions spécifiques, ceci vaut pour les autres religions aussi. Il y a une absence de culture religieuse, d’où cette conclusion : "est urgent d’introduire dans les écoles l’étude du fait religieux à travers les cours d’histoire, de géographie, de français ou de l’histoire de l’art". Pour fournir les compétences aux enseignants, il est prévu d’introduire dans les UFM des cours sur le fait religieux pour les futurs professeurs. Pour les professeurs en exercice il y a aura des stages ou des séminaires.

Pourquoi rattacher l’IESR à l’EPHE ?
L’IESR a été créé dans le cadre de la section religieuse de l’EPHE, qui depuis plus d’un siècle (1886) délivre un enseignement laïc sur les religions. On y enseigne les textes bibliques, le Coran, le Hadith d’un point de vue strictement laïc. Il y a une soixantaine de spécialistes qui enseigne la plupart des religions du monde.

Quel est le comportement de vos étudiants musulmans ?
Il y a une grande satisfaction. On étudie les textes et on essaie de comprendre ce qu’a voulu dire tel ou tel auteur. Les étudiants participent activement dans les débats lors des séminaires.

Quelle est la mission de l’IESR ?
Offrir des enseignements sur les différentes religions aux formateurs ; faire des expertises en matière religieuse pour tel ou tel ministère ou instance ; coordonner au niveau national les différentes initiatives ; être en contact avec des collègues en Europe. Le but n’est pas de faire de la recherche pointue mais de transmettre un savoir à la société.

N’y aura-t-il pas de chevauchement avec l’Institut des études sur l'Islam et les Sociétés Musulmanes ?
L’orientation de l’IISM est de s’occuper des sociétés musulmanes, on s’occupe de l’aspect sacré des choses.

Comment l’IESR va-t-il agir ?
On peut agir par le biais de colloques, de cours du soir introduisant aux doctrines religieuses, par des séminaires de réflexion et par la formation des formateurs religieux.