A la veille des élections présidentielles prévue en mai 2007, Le débat politique a monté d'un cran en Turquie où l'opposition, soutenue par l'armée et les milieux laïcs, maintient la pression pour couper la voie vers la présidence devant le parti de la justice et de développement (AKP) et le Premier ministre Recep Teyyip Erdogan, en particulier. Préoccupant largement les acteurs politiques, la question des présidentielles a donné lieu, dans la nuit de lundi à mardi, à un débat houleux au sein du parlement lorsque le leader du parti Républicain du Peuple (CHP, principal parti d'opposition), Deniz Baykal, s'est ouvertement attaqué au Premier ministre le qualifiant d'""inapte"" à assurer la fonction de chef de l'Etat à cause de ses prises de positions ""contraires aux idéaux et fondements de la République turque"".
""Une personne qui soutient que la démocratie n'est pas un but mais un moyen, ne devrait pas devenir président d'un pays dont la constitution souligne que la laïcité et la démocratie sont les fondements immuables du régime"", a-t-il souligné au cours du débat politique sur le budget 2007.
Abondant dans le même sens, le leader de l'opposition a ajouté que ""quelqu'un qui déclare que les Droits civils, pénal, commercial et le Kémalisme ont été imposés de force au peuple, ne devrait jamais devenir président"".
L'AKP, au pouvoir depuis sa victoire écrasante aux législatives de novembre 2002, pourrait, en effet, accéder à la présidence si son leader et Premier ministre actuel, Recep Tayyip Erdogan, décide de briguer le poste. Logiquement, la voie parait balisée devant la formation politique issue de la mouvance islamiste. Le Président qui remplacera l'actuel chef d'Etat Ahmet Necdet Sezer, sera élu par le parlement dont la majorité (363 sièges sur les 550 de l'Assemblée) est détenue par l'AKP, ce qui réduit le processus des présidentielles à une simple question de procédure.
Le scénario suscite des craintes énormes de la part des farouches défenseurs des idéaux de la laïcité, fondement de base de la République, instaurée il y a 83 ans par le ""père de la Turquie moderne"", Mostafa Kemal Ataturk.
Pour contourner ce ""destin politique"", l'opposition réclame actuellement des élections législatives anticipées, mais la requête est rejeté par un AKP sûr de sa majorité confortable et fort de son bilan positif, de ses réalisations et performances socioéconomiques.(MAP).