La guerre d'Algérie est apparemment une source de réflexion pour George W. Bush et le Pentagone afin de combattre l'insurrection en Irak qui paraît avoir certaines similitudes avec le conflit colonial que la France a fini par perdre au début des années 1960.
Le président américain a récemment confié dans une interview au journaliste de la chaîne de télévision CBS, Scott Pelley qu'il lisait l'ouvrage de l'historien britannique Alistair Horne, ""A savage war of peace: Algeria 1954-1962"" (""Histoire de la guerre d'Algérie"").
C'est Henry Kissinger, l'ancien secrétaire d'Etat, qui lui a recommandé la lecture de ce livre de référence sur le sujet, publié en 1977, a confirmé ce dernier lors d'un entretien la semaine dernière sur la chaîne de télévision PBS.

M. Kissinger, que M. Bush consulte souvent, a expliqué que le livre d'Alistair Horne, également interviewé lors de cette émission télévisée, ""pourrait l'aider à voir dans le conflit très dur dans lequel il est engagé en Irak ce que d'autres dirigeants ont vécu"".
""Je ne pense pas que la situation à laquelle les Français étaient confrontés en Algérie peut se comparer entièrement à celle des Etats-Unis en Irak (...) mais je crois qu'il y a suffisamment de similitudes, de complexité et de tragédies dans cette guerre pour que le président Bush puisse en tirer ses propres enseignements en lisant ce livre"", a expliqué M. Kissinger.
Partageant l'avis de l'ancien secrétaire d'Etat, Alistair Horne a souligné qu'une des grandes différences est que l'Algérie n'était pas un conflit religieux mais une guerre de libération nationale.
L'historien a aussi expliqué qu'une défaite américaine en Irak ""serait infiniment plus dangereuse pour les Etats-Unis et l'Occident que la débâcle vietnamienne"".
""Je pense que la théorie des dominos s'applique totalement en Irak et qu'un vide laissé par le départ des Américains créerait une grande instabilité dans toute la région... ainsi que pour l'approvisionnement en pétrole, un élément essentiel pour nous"", a jugé M. Horne, approuvé par M. Kissinger.
M. Horne avait aussi dit au New York Times, mi-janvier que George W.
Bush a fait la même erreur en Irak que Charles de Gaulle avec l'Algérie en pensant que son prestige (de président des Etats-Unis) persuaderait les insurgés irakiens à accepter la défaite militaire et à conclure un compromis.
Le correspondant militaire du Washington Post, Tom Rick écrivait fin 2006 que le livre d'Alistair Horne sur la guerre d'Algérie était un best-seller au Pentagone depuis le début l'invasion en Irak et que ""l'Algérie"" était dévenue une référence pour tous les experts de stratégies anti-guerrilla à Washington.
Le Pentagone a visionné le film du cinéaste italien Gillo Pontecorvo ""la bataille d'Alger"" en 2003, rappelait-il aussi.
Alister Horne établit à ce propos un parallèle entre les deux guerres à propos de la torture en référence notamment à la prison d'Abou Ghraib: ""Les Français ont pratiqué la torture en Algérie pour obtenir des informations qui les ont aidés à gagner la bataille d'Alger mais ils ont fini par perdre la guerre car ces méthodes ont suscité une forte répulsion en France et provoqué un important mouvement d'opposition chez les intellectuels"".
L'historien a en outre révélé avoir donné une copie de son livre à l'ancien secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld dans laquelle il avait souligné tous les passages sur la torture. ""Il était furieux"" dans la lettre qu'il m'a envoyée, a-t-il dit.