L'Iran souhaite développer le nucléaire civil pour éviter d'avoir à faire face dans les prochaines années à une pénurie d'énergie provoquée par le manque d'investissements dans le secteur pétrolier, estime une étude américaine rendue publique lundi.
L'image de l'Iran comme producteur de pétrole aux vastes réserves est trompeuse, estime Roger Stern, chercheur à la Johns Hopkins University, dans cette étude publiée dans la revue ""Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States"".
""Depuis 1980, la croissance de la demande énergétique (en Iran) a atteint 6,4%, ce qui est supérieur à la croissance de l'offre (+5,6%), et les exportations stagnent depuis 1996"", souligne-t-il.
Selon l'étude, la production de l'Iran a été inférieure lors des 18 mois écoulés au quota fixé par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), ce qui témoigne des difficultés de production dans ce pays.
Roger Stern estime que cette crise énergétique potentielle pourrait faire chuter le régime actuellement en place à Téhéran. Mais il ajoute également qu'il n'y a pas de raison de douter des accusations des Etats-Unis et d'autres pays pour lesquels le programme nucléaire iranien a des objectifs militaires.
""La dépendance du régime iranien vis-à-vis du revenu des exportations (pétrolières) laisse suggérer qu'il pourrait avoir autant besoin du nucléaire qu'il l'affirme"", ajoute-t-il.
""Notre étude suggère que le secteur pétrolier iranien ne sera pas capable d'attirer un investissement suffisant pour maintenir les exportations"", indique M. Stern. ""Les maintenir exigerait une augmentation de l'investissement étranger alors qu'il semble décliner"".
Selon l'étude, le fait que les prix du pétrole soient très largement subventionnés en Iran a pour conséquence que l'entreprise nationale ne fait pas assez de bénéfices sur le marché iranien et dépend quasi-exclusivement des exportations.
La croissance de la population entraîne toutefois une hausse de la demande intérieure à laquelle ne peuvent répondre des infrastructures vieillissantes.
L'Iran, deuxième producteur de l'Opep derrière l'Arabie saoudite, se retrouve donc contraint d'importer certains produits pétroliers, souligne-t-on de même source.
Les motifs politiques l'emportent aussi parfois sur le besoin d'investissement étranger. L'Inde a vu ainsi des conditions fixées pour l'exploitation d'un gisement de gaz naturel remises en cause après que Delhi n'ait pas voté avec Téhéran lors d'une réunion de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
""Le climat favorable à l'investissement dans le secteur pétrolier semble s'être grandement détérioré depuis la période 1998-2004, une période où l'investissement était déjà insuffisant pour faire face à un déclin de la production"", affirme Roger Stern, pour qui ""un investissement étranger nul est une possibilité"".
Il est en conséquence ""plausible que les affirmations de l'Iran selon lesquelles il a besoin de l'énergie nucléaire sont réelles et trahissent l'inquiétude d'être confronté à un manque de revenus des exportations de pétrole"", estime-t-il.
""Le régime iranien serait dans un tel cas beaucoup plus vulnérable qu'estimé actuellement"", selon lui. (AFP)