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Catégorie : International
L'ancien président irakien Saddam Hussein, condamné à mort pour l'exécution de 148 villageois chiites dans les années 1980, a été pendu samedi à Bagdad, ""résolu et courageux"" selon un témoin.
""Saddam est monté calmement à la potence, il était résolu et courageux"", a raconté à la télévision nationale Iraqia le Conseiller à la sécurité nationale, Moaffaq al-Roubaï, qui a assisté à l'exécution.
""Il n'a pas essayé de résister, n'a rien demandé. Il tenait un coran dans sa main qu'il a souhaité envoyer à une personne"". Il avait ""les deux mains attachées quand il a été pendu"", a-t-il ajouté.
L'ancien président a été pendu seul, a ajouté M. Al-Roubaï, alors que la TV d'Etat avait annoncé que ses deux co-accusés, son demi-frère Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement, et l'ancien président du tribunal révolutionnaire Awad al-Bandar, lui avaient succédé sur le gibet.
Leur exécution a été ""ajournée au dernier moment"", selon M. Al-Roubaï.
""Tout a été filmé"", a raconté sur Iraqia Mariam al-Rayis, une conseillère du ministre irakien des Affaires étrangères qui a elle-même assisté aux exécutions, ""ces images seront diffusées"".
Deux magistrats, le représentant de la cour d'appel, le juge Mounir Haddad et le procureur général Mounqith Al-faroun étaient présents, ainsi qu'un médecin, un représentant du Premier ministre Nouri al-Maliki et quelques journalistes.
La nouvelle a été accueillie par une multitude de tirs de joie à Najaf, ville sainte chiite du sud de l'Irak, selon un correspondant de l'AFP.
A Bagdad, quelques rafales ont résonné brièvement, également en direction des quartiers majoritairement chiite, mais la situation semblait normale à l'aube dans la ville, alors que les muezzins appelaient à la prière.
L'exécution ""ne mettra pas fin à la violence en Irak, mais c'est une étape importante sur la route de l'Irak vers une démocratie qui peut se gouverner, être autosuffisante et se défendre, et être un allié dans la guerre contre le terrorisme"", a déclaré le président américain George W. Bush dans un communiqué.
L'ancien président ""a payé"", a estimé le gouvernement britannique, tout en réaffirmant son opposition de principe à la peine de mort. ""Je me félicite du fait que Saddam Hussein ait été jugé par un tribunal irakien pour au moins quelques-uns des crimes horribles qu'il a commis à l'encontre du peuple irakien"", a déclaré dans un communiqué la ministre des Affaires étrangères Margaret Beckett.
Le ministère français des Affaires étrangères a ""pris acte"" de l'exécution et a appelé les Irakiens à ""regarder vers l'avenir et à travailler à la réconciliation et à l'unité nationale"".
Human Rights Watch a condamné dans une déclaration la pendaison: ""Saddam Hussein était responsable de terribles et nombreuses violations des droits de l'homme, mais ces actes, aussi brutaux soient-ils, ne peuvent justifier son exécution, une punition cruelle et inhumaine"".
Saddam Hussein, qui a dirigé le pays d'une main de fer de 1979 jusqu'à la chute du régime en avril 2003, a été condamné à mort par pendaison le 5 novembre pour le massacre de 148 villageois chiites de Doujaïl (au nord de Bagdad) tués en représailles après un attentat manqué contre le convoi présidentiel en 1982.
Son appel a été rejeté le 26 décembre.
Les autorités irakiennes ont voulu exécuter Saddam Hussein avant l'aube, qui marque le début des célébrations de l'Aïd al-Adha, la fête du Sacrifice.
""La coutume veut qu'aucune exécution n'ait lieu durant les fêtes religieuses"", avait souligné auparavant un responsable gouvernemental.
Agé de 69 ans, Saddam Hussein avait été arrêté en décembre 2003. Sa mort met fin à toutes les poursuites qui avaient été engagées contre lui, en particulier le procès Anfal, où il était jugé pour génocide contre la population kurde et accusé d'être responsable de la mort de 180.000 personnes en 1987-1988.
Le gouvernement irakien, chargé de l'application de la sentence, a gardé depuis lors un mutisme absolu sur la pendaison, son lieu et ses détails pratiques, ou encore sur le sort réservé à la dépouille du condamné.
Saddam était détenu depuis près de deux ans en un endroit tenu secret, sur une base militaire américaine à Bagdad.
Les avocats de l'ancien président se sont battus jusqu'au bout pour tenter de retarder l'exécution de Saddam Hussein, allant jusqu'à demander vendredi à la justice américaine de bloquer son transfert aux Irakiens en vue de son exécution.
Dans une lettre au ""peuple irakien"" rédigée après sa condamnation à mort en novembre mais avant le rejet de son appel, Saddam déclarait mourir en martyr et ""se sacrifier"" pour son peuple, qu'il appelait à rester uni ""face à ses ennemis"" américains et iraniens.
""Je vous demande de ne pas haïr les peuples de ces gouvernements qui nous ont attaqués (...)"", écrivait l'ancien président, qui souhaitait ""longue vie à l'Irak, à la Palestine, au jihad et aux moujahidines. ""Dieu est grand.
Qu'il maudisse les misérables"", ajoute-t-il, en remettant son âme ""au Dieu miséricordieux"".
Saddam Hussein avait été arrêté le 13 décembre 2003 près de son fief de Tikrit par des soldats américains alors qu'il se terrait au fond d'un trou.
Les images de l'homme longtemps le plus craint de l'Irak, l'air hagard, une barbe hirsute et en train de se faire examiner la bouche par un militaire US, avaient fait le tour du monde.