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Catégorie : International
La campagne pour la présidentielle du 25 février a officiellement débuté dimanche après une période de tension politique au Sénégal, où plusieurs candidats ont tenu un meeting d'ouverture devant leurs partisans dans plusieurs villes du pays. Le secrétaire général du Parti socialiste (PS) Ousmane Tanor Dieng, a été le premier à ouvrir les hostilités, en dénonçant lors d'un meeting à Louga (nord-ouest) le bilan du président sortant Abdoulaye Wade, 80 ans et candidat à sa succession.
M. Dieng a souligné les faillites à répétition dans les ""industries agricoles (...) à cause de la politique libérale"" et dénoncé ""les accords que le Sénégal a signé avec l'Espagne et la France dans le cadre de l'émigration"" légale visant à freiner les vagues de clandestins vers l'Europe.
Devant des milliers de personnes, M. Dieng a ensuite appelé les jeunes à ""retirer (leurs) cartes d'électeur"" et à ""exiger la transparence des élections"".
A Mbacké (centre-ouest), M. Wade de son côté a voulu se montrer en rassembleur de toutes les confessions religieuses, dans un pays musulman à 95% où cohabitent plusieurs confréries.
C'est déjà par Mbacké que M. Wade avait débuté sa campagne sept ans plus tôt, une ville située à proximité de Touba, la cité sainte de la confrérie mouride, où il s'est rendu dans la matinée.
Dans sa brève intervention prononcée devant plusieurs dizaines de milliers de partisans, M. Wade s'est engagé à oeuvrer davantage en faveur du monde rural et a vanté les mérites de sa politique en matière d'éducation.
""J'investis 40% du budget (de l'Etat) dans l'éducation, ce pari sur l'avenir sera gagné lorsque les enfants deviendront des producteurs. Le Sénégal ira alors plus loin que tous les pays d'Afrique"", a-t-il assuré.
Les candidatures de quinze personnalités politiques ont été retenues pour ce scrutin présidentiel, dont celles des anciens Premiers ministres Moustapha Niasse (67 ans, Alliance des forces de progrès, AFP) et Idrissa Seck (47 ans, libéral), considérés avec M. Dieng comme les principaux ""challengers"" du président sortant.
L'incertitude demeure toutefois sur le positionnement de M. Seck, un temps présenté comme le dauphin du président Wade avant de passer dans l'opposition et de purger entre 2005 et 2006 sept mois de détention préventive dans une affaire de malversations.
Le 22 janvier, M. Wade a annoncé à la surprise générale le retour de l'ex-Premier ministre dans le giron présidentiel, mais l'intéressé tarde à confirmer cette réconciliation et a maintenu sa candidature, sans toutefois exclure un retour ""dans la famille libérale"".
Le climat politique s'était quelque peu assombri à la veille de la campagne après un report controversé des législatives initialement prévues en même temps que la présidentielle, alors que la presse attisait la discorde en relayant également des rumeurs sur un report du scrutin du 25 février.
Le 27 janvier, opposition et société civile avaient organisé un rassemblement qui s'était soldé par l'interpellation musclée de plusieurs responsables de l'opposition, dont trois candidats à la présidentielle (MM.
Dieng, Niasse et Abdoulaye Bathily).
Ces tensions ont été désamorcées avec la confirmation de la date de la présidentielle et le report d'une nouvelle marche de l'opposition interdite vendredi.
Le Sénégal, pays d'Afrique de l'ouest, est considéré comme un modèle de démocratie sur le continent car il n'a jamais connu de coups d'Etat depuis son indépendance de la France en 1960. En outre, le pays a opéré avec succès une alternance démocratique qui a vu l'arrivée au pouvoir en 2000 de M. Wade, un libéral, mettant fin à quatre décennies de socialisme.
La campagne doit durer 21 jours pour prendre fin le 23 février.