Le 3e Congrès mondial contre la peine de mort se réunit du 1er au 3 février à Paris, avec en ligne de mire l'abolition universelle, qui passe, selon les organisateurs, par des percées dans trois zones: Chine, Afrique du Nord et Moyen-Orient et Etats-Unis.
Plus d'un millier de personnes et une centaine d'intervenants sont attendus pour cette 3e manifestation, après Strasbourg en 2001 et Montréal en 2004, à l'initiative de l'association Ensemble contre la peine de mort (ECPM).
La peine de mort est ""plus que jamais d'actualité"", estime ECPM. Elle rappelle que ""Saddam Hussein a été exécuté le 30 décembre 2006 dans des conditions indignes, au terme d'un procès inéquitable et sans que la plupart de ses crimes aient été jugés"". Et de citer la condamnation à mort en Libye, le 19 décembre, de cinq infirmières bulgares et un médecin palestinien.
ECPM relève ""des avancées notables: le Sénégal (en 2004), le Mexique (2005), le Liberia (2005), les Philippines (2006) ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, le Tadjikistan a suspendu l'application de la peine capitale (2004) et la Cour suprême des Bahamas a aboli les condamnations à mort obligatoires (2006)"".
""Jamais je n'aurais cru que 25 ans plus tard, nous (les Etats abolitionnistes, ndlr) serions ainsi très largement majoritaires aux Nations unies"", a confié l'ancien ministre français de la Justice Robert Badinter, initiateur de l'abolition en France en 1981, lors de la présentation du Congrès.
""Jadis, c'était toujours les abolitionnistes qui étaient sur la défensive, il fallait constamment se justifier de notre propos, et maintenant ce sont les partisans de la peine de mort, où qu'on aille, qui sont sur la défensive"", a-t-il souligné, évoquant la gêne du président américain George W. Bush après l'exécution de Saddam Hussein.
""Géographiquement, nous avons trois centres principaux où nous devons oeuvrer. Le premier le plus évident, c'est la Chine"", a ajouté M. Badinter.
Il y a ""un deuxième front, les Etats-Unis"" et ""le troisième, c'est évidemment la région du Moyen-Orient"", a-t-il poursuivi.
Selon ECPM, ""en 2005, 2.148 personnes ont été exécutées dans 22 pays.
94% des exécutions sont recensées en Chine, Iran, Arabie saoudite et aux Etats-Unis"".
Michel Taube, délégué général d'ECPM, a insisté sur deux débats : celui, le 1er février, sur les perspectives d'abolition en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, et le 2 février sur la Chine avant les Jeux Olympiques de Pékin en 2008.
""Il faudra bien, et nous sommes convaincus que l'échéance est imminente, qu'un pays arabe abolisse la peine de mort et lance le mouvement dans cette région du monde"", a expliqué Michel Taube, de retour d'une visite au Maroc, dont le ministre de la Justice Mohamed Bouzoubaâ est invité au Congrès.
""Ensemble contre la peine de mort lancera un appel à une trêve des exécutions en Chine dans l'esprit de l'olympisme"", a-t-il annoncé.
Un message du pape et du dalaï lama sera adressé à la réunion, selon M.
Taube, évoquant ""au Japon, comme dans le monde arabe, comme en Chine et aux Etats-Unis également, une dimension religieuse au problème de la peine de mort"".
Parmi les intervenants figurent la militante pour les droits de l'Homme Bianca Jagger, un représentant du mufti d'Egypte, ou d'anciens condamnés à mort innocentés.
Malgré le nombre de condamnations encore prononcées, l'optimisme prévaut parmi les abolitionnistes.
""La torture a disparu officiellement de ce monde"", a remarqué Robert Badinter. Selon lui, ""la peine de mort comme principe de justice -la justice qui tue-, elle disparaîtra, et plus vite qu'on ne le croit"".