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Catégorie : Actualité
La création d’une fondation et la fixation de la date du 19 juin 2005 pour les élections du Conseil Français du Culte Musulman, CFCM, se sont les nouvelles majeures du conseil d’administration, CA, du CFCM, tenu à la mosquée de Paris le 20 mars 2005. Le ministre de l’intérieur, Monsieur Dominique de Villepin, s’est déplacé pour présenter, aux membres du CA, « la fondation des œuvres de l’islam de France » qui vient de s’ajouter au dispositif institutionnel de l’islam de France. M. de Villepin a assuré les membres présents que des entreprises françaises apporteront des fonds à la fondation. La fondation a besoin de 800 000 euros, afin d’entamer les démarches administratives nécessaires, au près du conseil d’Etat, pour la reconnaissance de l’utilité publique. Quelques pays musulmans ont exprimé également leur volonté de soutenir financièrement la fondation. Le marché de la viande halal estimé à 400 000 tonnes ( 250 000 tonnes ovins et bovins et 150 000 poulets) pourra être une source supplémentaire pour le financement du culte musulman. Un rapport sur le marché de la viande halal sera présenté par le ministère de l’intérieur le 15 mai a annoncé M. de Villepin. Sur ce dossier les avis sont partagés, l’anarchie de ce secteur, sa complexité et son évolution rapide ne permettront pas un financement immédiat. Pour le ministre la création de la fondation dotera le CFCM des moyens nécessaires pour son fonctionnement, elle permettra également la construction, l’aménagement et l’entretien des lieux de culte et le soutien de la formation des imams et des aumôniers, elle permettra enfin la transparence financière du culte musulman.

La Fondation des œuvres de l’islam de France n’est pas une structure du CFCM, elle sera fondé par les quatre fédérations musulmanes principales: Comité de Coordination des Musulmans Turcs de France (CCMTF), La Fédération National des Musulmans de France (FNMF), La Grande Mosquée de Paris (GMP), L’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF). Les quatre fédérations signeront le lundi 21 mars 2005, en présence du ministre de l’intérieur, l’accord pour la création de la fondation qui selon ses statuts a pour but de « contribuer à l’organisation et au développement de l’islam de France ». Son action s’exercera « en priorité en vue de la construction ou de l’aménagement ou de la rénovation de lieux de culte. Soucieuse d’œuvrer pour l’islam dans toutes ses dimensions, elle peut soutenir la formation des personnels religieux comme les imams ou les aumôniers. Elle appuie le fonctionnement des instances représentatives du culte musulman. Son action s’inscrit dans le cadre des principes et fondements juridiques régissant les rapports entre les pouvoirs publics et le culte musulman en France, document approuvé par les fondateurs en 2000 ».
La fondation sera administré par un conseil d’administration composé de 15 membres : 7 personnalités désignées au titre du collège des fondateurs par les 4 associations fondatrices (CCMTF, FNMF, GMP, UOIF). Un Collège de 8 personnalités qualifiées dont deux seront proposées aux fondateurs par le bureau exécutif du CFCM ; c’est cette voie qui permettrait à Arbi Abdelkader, président du CRCM Haute Normandie et à Aslam Timol, représentant de la mosquée de Saint Denis la Réunion de trouver place au sein du conseil d’administration de la fondation. Deux autres personnalités hors du champs religieux institutionnel seront cooptées également, il s’agit de Denis Bouchard, un chiraquien et ancien président de l’Institut du Monde Arabe et Abdelatif Benazzi originaire du Maroc et ancien capitaine de la sélection française du rugby, très actif dans l’humanitaire. Les 4 personnalités restantes seraient coptées par les fédérations fondatrices, actuellement, les turcs sont les seuls qui ont présenté une femme pour le collège des personnalités qualifiées : Mme Filiz Onalan, présidente de la commission financière du CFCM. Un commissaire du gouvernement, désigné par le ministre de l’intérieur, assistera aux séances du conseil d’administration avec voix consultative. « Il Veille au respect des statuts et du caractère d’utilité publique de l’activité de la fondation ». « Les membres du conseil sont nommés pour une durée de 6 années renouvelées par tiers tous les 2 ans. Le conseil élit parmi ses membres un bureau de 5 personnes qui comprend outre le président, deux vice-présidents, un trésorier, un secrétaire. Le conseil d’administration peut créer un ou plusieurs comités d’experts chargés de l’assister dans toutes les actions menées par la fondation. Un règlement intérieur devra définir les modalités d’application » indiquent les statuts de la fondation. Selon Haydar Demiryurek, président de CCMTF, il est peu probable que le bureau de la fondation soit connu avant les élections du CFCM du 19 juin 2005.

Les autres sujets débattus par le CA du CFCM concernent l’émission dominicaine vivre l’islam sur France 2, en effet de nombreuses voix se sont levées pour demander une réorganisation de cette émission, une redéfinition de sa ligne éditorial et de revoir sa gestion. Mohammed Bechari, président de la FNMF et vice-président du CFCM chargé des commissions, désire de son côté, la mise en place d’un observatoire de l’islamophobie afin de faire le bilan de l’application de la loi du 15 mars 2004 relative aux signes religieux à l’école dans la perspective de le présenter à l’occasion de la prochaine rentrée scolaire en conformité avec la loi qui stipule de faire un bilan d’application de la loi, un an après.

Sur un autre plan le conseil d’administration de la FNMF s’est réuni le 19 mars il a décidé de la création de deux commissions une qui pilotera l’organisation des élections du CFCM prévu pour le 19 juin et l’autre pour la restructuration de la FNMF. M. Abdallah Essaferi le nouveau secrétaire général de la fédération désire doter la FNMF d’une ligne idéologique basée sur un islam modérée s’inspirant de l’école malékite et de la culture maghrébine. Pour lui les institutions marocaines peuvent apporter à la jeunesse musulmane de France d’origine maghrébine un support pédagogique spécifique et adapté au contexte français. Pour Mohamed Bechari la création d’un institut de formation des imams proche de la FNMF n’est pas sur l’agenda, il préfère collaborer avec des institutions déjà existantes. La formation des cadres religieux musulmans est l’autre défi que les musulmans de France auront à relever.