Le journal belge de la coopération, organe officiel, vient de révéler dans son numéro d’avril-mai 2006, qu’entre 25 et 50 pour cent des universitaires africains vivent hors du continent. A l’ère de la mondialisation, ce phénomène a en effet pris une dimension qui requiert aussi d’être maîtrisée et gérée au niveau global. Car aucun pays au monde ne reste « épargné » par les flux migratoires internationaux. Tout pays est un pays d’origine, de transit ou de destination, voire les trois en même temps, estime la publication.

« En ce début de 21e siècle, une personne sur 35 est un migrant - et même une sur 10 dans les pays industrialisés. »

Selon la revue, le nombre de migrants a plus que doublé depuis 1970. Ils seraient aujourd’hui près de 200 millions dans le monde entier, dont plus de la moitié constituée de femmes. Plus de 8% de la population des pays industrialisés se composent de migrants (4% en 1970), contre 2% dans les pays en développement.

Ils sont généralement une aubaine pour les pays d’origine. Les transferts de fonds que les migrants envoient chez eux seraient de l’ordre de 126 milliards de dollars (contre 54 milliards de dollars en 1995).

Ce pactole représente plus du double de ce que le monde entier consacre à la coopération officielle au développement, observe « Dimension ». Des chiffres officieux feraient état de montants bien plus élevés, en raison du caractère informel de nombreuses opérations de transfert.

Un autre aspect du phénomène migratoire est mis en valeur et rappelle le débat qui a cours actuellement en France, où le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy, a présenté mercredi, un projet de loi tendant à favoriser l’arrivée de migrants diplômés, au risque d’aggraver la « fuite des cerveaux », en ce qui concerne l’Afrique notamment.

Selon la revue belge, ces dernières années, « les pays riches ont ainsi importé » du sud, des centaines de milliers d’ingénieurs, d’informaticiens, de scientifiques, de médecins et d’infirmiers.

La revue ajoute que « les chasseurs de têtes lancent leurs campagnes de recrutement (brain poaching) non seulement sur le continent asiatique plus avancé, mais aussi sur le continent africain, aujourd’hui déjà confronté à une alarmante pénurie de personnel qualifié ».

« Le brain drain c’est-à-dire l’exode des cerveaux n’est pas nouveau en Afrique, il a toutefois pris un grand essor au cours des dernières décennies », lit-on encore dans la publication.

Depuis 1990, le continent africain perd chaque année quelque 20.000 médecins, ingénieurs et professeurs, précise plus loin la même source. Ce sont aussi souvent les gens les plus talentueux et entreprenants qui quittent leur pays.

Cet exode des cerveaux se fait le plus sentir dans le secteur de la santé. Au Royaume-Uni par exemple, des milliers d’infirmiers et de sages-femmes sont issus de pays n’appartenant pas à l’Union européenne ».

En France il y’aurait plus de médecins béninois qu’au Bénin et le nombre de scientifiques africains travaillant aux Etats-Unis serait supérieur à celui évoluant sur l’ensemble du continent.

Entre 25 et 50 %des universitaires d’Afrique australe se trouvent aujourd’hui en Europe, au Canada et aux Etats-Unis, selon « Dimension ».

APA-Bruxelles (Belgique)
FB/aft/APA
03-05-2006