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Catégorie : Actualité
Le Pentagone a publié mercredi pour la première fois les noms et nationalités de 558 personnes qui sont ou ont été détenues sur la base américaine de Guantanamo (Cuba) dans le cadre de la "guerre contre le terrorisme". La liste présente les noms, numéros d'identification et nationalités de 558 détenus dont le statut de "combattant ennemi" a fait l'objet d'une audience devant un tribunal militaire d'exception.

Le Pentagone, qui refusait jusqu'à présent de publier la totalité des identités des détenus de Guantanamo, officiellement pour éviter des représailles contre eux-mêmes ou contre leurs proches, avait été sommé de se soumettre à cet effort de transparence par un juge fédéral à la suite d'une requête déposée par l'agence de presse américaine Associated Press.

La liste est disponible sans commentaire à l'adresse suivante: www.defenselink.mil/pubs/foi/detainees/detaineeïlist.pdf.

Début mars et début avril, le Pentagone avait déjà rendu publics des centaines de noms, accompagnés de leurs nationalités, mais sous la forme de quelque 7.600 pages de transcriptions de ces auditions sur le statut de "combattant ennemi".

Les autorités américaines avaient présenté ces transcriptions en juin 2005, mais en masquant les noms et les nationalités.

Comme les documents présentés auparavant, la liste diffusée mercredi ne mentionne pas les détenus qui ne sont pas passés devant les commissions militaires chargées d'examiner leur statut de "combattant ennemi".

Surtout, cette liste ne précise pas la situation actuelle des personnes mentionnées. Ainsi, les trois Français qui y apparaissent, Ridouane Khalid (n 173), Khaled Ben Mustapha (n 236) et Mustaq Ali Patel (n 649), ont été rapatriés de Guantanamo en mars 2005.

Les deux premiers doivent comparaître fin mai pour "participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", et le troisième a été remis en liberté sans qu'aucune charge soit reconnue contre lui.

Sur la liste apparaissent également deux Belges qui ont été libérés en avril 2005. Mais les quatre autres Français qui ont passé plusieurs années à Guantanamo, Nizar Sassi, Mourad Benchellali, Brahim Yadel et Imad Achab Kanouni, ne figurent pas sur la liste, pas plus que certains des anciens détenus britanniques.

A côté des 558 noms, la liste donne une quarantaine de nationalités: plus de 130 Saoudiens, 125 Afghans, plus de 100 Yéménites, 25 Algériens, 22 Chinois, 13 Pakistanais, des représentants de l'ensemble du monde arabe mais aussi des détenus originaires du Tchad, des Maldives, de Russie, d'Ouzbékistan...

Le camp de Guantanamo, ouvert en janvier 2002, accueille principalement des détenus capturés en Afghanistan quelques mois plus tôt. Si certains ont été libérés, seuls 10 des quelque 490 encore détenus ont été formellement inculpés, et aucun n'a encore été jugé.

Les noms de certains détenus étaient déjà connus depuis qu'une décision de la Cour suprême américaine en juin 2004 avait permis à certains d'entre eux de lancer des procédures auprès de la justice civile pour contester leur emprisonnement. A cela s'était ajouté le travail de recherche d'organisations des droits de l'homme et de journalistes.

Les conditions d'incarcération et le maintien en détention indéfinie de suspects non inculpés ne cessent de susciter la controverse dans le monde.

Mais l'administration Bush a jusqu'à présent ignoré tous les appels, jusqu'à celui de l'Onu, à juger les prisonniers au plus vite ou à les libérer.