La nouvelle stratégie américaine pour l'Irak dévoilée mercredi par le président George W. Bush intègre plusieurs mesures préconisées par le rapport du Groupe d'études sur l'Irak, contrairement à ce qu'affirment ses détracteurs. Cependant, le refus de M. Bush d'incorporer deux des principales recommandations de cette commission -- instaurer un dialogue avec l'Iran et la Syrie pour stabiliser l'Irak et mettre en place un calendrier de retrait des troupes américaines -- a alimenté la polémique.
Le plan de M. Bush appelle au contraire à l'envoi de 21.500 soldats supplémentaires en Irak, tout en préconisant des mesures militaires pour isoler les régimes de Damas et de Téhéran.
Le Groupe d'études sur l'Irak, dirigé par l'ancien secrétaire d'Etat James Baker et dont faisait partie Robert Gates, le nouveau secrétaire à la Défense, a rendu son rapport le 6 décembre 2006 pour aider à redéfinir la politique menée en Irak.
M. Bush avait fait un accueil réservé aux mesures de la commission Baker, et d'aucuns voient sa nouvelle stratégie comme un désaveu de ces travaux.
""Vous n'écoutez pas le peuple américain, vous n'écoutez pas l'armée (...) vous n'écoutez pas le Groupe d'études sur l'Irak"", a dit l'influente sénatrice démocrate Barbara Boxer.
Pourtant, la nouvelle stratégie américaine pour l'Irak intègre bien certains éléments du rapport Baker, comme améliorer l'entraînement des forces irakiennes en incorporant plus de conseillers américains, ou encore assortir le soutien américain au gouvernement irakien à l'exécution d'objectifs clairs sur la sécurité et la réconciliation nationale.
""Les Etats-Unis n'apporteront leur renfort que si le gouvernement de Nouri al-Maliki partage les revenus du pétrole et réintègre les anciens Baassistes"" en politique, a dit Peter Beinart du Council on Foreign Relations.
La secrétaire d'Etat Condoleezza Rice s'est saisie d'une autre des recommandations du rapport Baker, en nommant un ""coordinateur"" pour superviser la reconstruction économique en Irak.
Elle doit en outre se rendre au Moyen-Orient à partir de vendredi, avec au programme des rencontres avec des dirigeants israéliens et palestiniens pour tenter de relancer le processus de paix et obtenir le soutien des pays arabes modérés sur l'Irak, une autre recommandation de la commission Baker.
En revanche, un haut responsable américain a réaffirmé qu'un dialogue avec la Syrie et l'Iran restait exclu.
Mme Rice a souligné que de telles discussions étaient inacceptables car en échange de leur aide pour stabiliser l'Irak, l'Iran exigerait de Washington qu'il cesse son opposition au programme nucléaire iranien et la Syrie demanderait d'avoir carte blanche sur le Liban.
""Ce n'est pas de la diplomatie, c'est de l'extorsion"", a-t-elle dit.
Un ancien responsable du département d'Etat qui a joué un rôle important dans le Groupe d'études sur l'Irak a minimisé les divergences entre le plan Bush et le rapport Baker, appelant les démocrates majoritaires au Congrès à faire pression sur le président républicain à propos des mesures manquantes.
""Ce n'est pas un désaveu, il y a de nombreux éléments dans ce plan qui viennent directement du Groupe d'études sur l'Irak"", a dit le diplomate sous couvert d'anonymat. Quant ""aux deux points déterminants qu'ils n'ont pas retenus, ce sont des points qui feront l'objet de débats au Congrès, ils ne sont donc pas enterrés"", a-t-il estimé. 12 jan 2007 (AFP)