Satisfaits d'être parvenus à un accord avec les autres grandes puissances sur l'Iran, les Etats-Unis ont maintenu jeudi leur offre de discussions directes avec Téhéran, bien que les autorités iraniennes l'aient apparemment rejetée. "Nous n'avons pas répondu" aux propos du ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, a indiqué un haut responsable américain à des journalistes après la réunion des chefs de diplomatie des grandes puissances à Vienne. "Nous ne le ferons pas".
"Ce qui compte vraiment, c'est que le gouvernement iranien ne réagissse pas de façon définitive tant qu'il n'aura pas vu ce que l'ensemble de mesures (préparées par les grandes puissances) signifie pour eux", a ajouté ce responsable ayant requis l'anonymat.
M. Mottaki a apparemment rejeté jeudi la proposition de la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, qui avait fait sensation la veille en annonçant que les Etats-Unis participeraient directement aux négociations de l'UE3 à condition que Téhéran suspende d'abord son enrichissement.
"Nous soutenons un dialogue juste et impartial, mais nous ne discuterons pas de nos droits inaliénables et légitimes", a déclaré à la presse le chef de la diplomatie iranienne.
Les Etats-Unis se sont déclarés "très satisfaits" après l'accord des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu plus l'Allemagne pour présenter une offre de coopération, avec menace de sanctions à l'Iran pour qu'il renonce à l'enrichissement de l'uranium.
Les détails de cette offre n'ont pas été rendus publics pour laisser aux Iraniens "le temps de la digérer au sein de leur propre système politique", a souligné le haut responsable américain, voyageant avec Mme Rice.
Une délégation européenne devrait la présenter aux responsables iraniens dans les prochains jours et ils auront "quelques semaines" pour l'étudier.
Washington "espère vraiment que les Iraniens vont écouter cette offre, qu'ils vont l'examiner avec attention et qu'ils vont s'apercevoir qu'il est dans leur intérêt d'accepter de suspendre leurs activités liées au nucléaire et revenir à la table des négociations", a-t-il poursuivi.
Certains analystes avaient estimé mercredi que Washington cherchait davantage à s'allier la Russie et la Chine dans sa menace de sanctions contre l'Iran, qu'à faire preuve d'une ouverture historique en proposant le dialogue à Téhéran.
Le haut responsable a laissé entendre que d'autres pays que les Etats-Unis pourraient se joindre aux Européens pour négocier avec l'Iran s'il choisissait la voie de la coopération.
"Ce à quoi vous assisterez si les Iraniens font ce choix, c'est un tout nouveau cadre de négociations", a-t-il souligné.
"Les Etats-Unis seraient à la table des négociations et on peut dire sans crainte d'erreur que certains pays qui n'y sont pas encore se sont montrés très intéressés", a-t-il ajouté.
"Si les choses tournent comme nous l'espérons, les Etats-Unis seront un membre à part entière de l'équipe de négociateurs, avec nos partenaires européens", a-t-il conclu.
VIENNE, 2 juin 2006 (AFP)