NOUAKCHOTT (Reuters) - Les Mauritaniens ont voté dimanche pour le second tour d'élections législatives destinées à établir un pouvoir démocratique après le coup d'Etat tranquille d'août 2005 qui a mis fin à vingt années de dictature. Dès le premier tour, le 19 novembre, 43 des 95 sièges de l'Assemblée ont été attribués, 29 d'entre eux revenant à une coalition d'anciens partis d'opposition.
Dix sièges sont revenus à des candidats indépendants, dont des islamistes qui, aux termes de la nouvelle Constitution, ne peuvent se présenter comme tels ou faire campagne sur des thèmes religieux.
Aucune alternance n'est jamais venue des urnes en Mauritanie, un pays à la charnière du Maghreb et de l'Afrique sub-saharienne dont l'histoire est jalonnée de coups d'Etat depuis l'indépendance reconnue par la France en 1960.
Depuis le renversement l'an dernier du président Maaouya ould Sid'Ahmed Taha, la junte militaire emmenée par le colonel Ely ould Mohamed Vall s'efforce de traduire dans les faits son engagement démocratique.
Le colonel Vall a promis d'abandonner le pouvoir après les sénatoriales prévues le mois prochain et la présidentielle qui sera organisée deux mois plus tard.
Le deuxième tour se déroule surtout dans des circonscriptions rurales de l'arrière-pays, peu peuplées, car la plupart des zones urbaines, notamment dans la capitale Nouakchott, ont choisi leurs députés dès le 19 novembre.
Ahmed Ould Daddah, vétéran de l'opposition qui dirige le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), espère que son parti sera le premier du pays et qu'il pourra former un gouvernement avec ses partenaires de la coalition.
La Constitution a été amendée par référendum en juin dernier pour limiter à deux le nombre de mandats présidentiels, une évolution rare sur le continent africain.
Autre nouveauté, la junte a voté une loi obligeant les partis à présenter au moins 20% de femmes. Les associations de défense des droits des femmes espèrent que la Mauritanie sera un exemple pour les pays du monde arabo-musulman.
De l'avis des observateurs, la présence de candidats représentant la population négro-africaine pourrait donner lieu à des tensions avec les Maures au teint clair, qui constituent traditionnellement l'élite de ce pays de trois millions d'habitants, dernier né des producteurs de pétrole africains.
L'exploitation, entamée en février par la firme australienne Woodside Petroleum, donne pour le moment des résultats décevants.
REUTERS | 03.12.06 | 16:12