Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy avaient promis une campagne ""digne"" : le scénario grippe à trois mois du premier tour de la présidentielle avec la polémique fiscale visant la candidate socialiste, qui a accusé l'UMP d'user de méthodes de ""racailles"" pour la discréditer.
Ségolène Royal a dénoncé mercredi sur RTL ""une campagne lancée par l'UMP"" et ""l'entourage de Nicolas Sarkozy"" pour la présenter comme ""une fraudeuse"" à l'ISF, l'impôt de solidarité sur la fortune qu'elle précise acquitter (862 euros) avec son compagnon François Hollande pour la seconde année consécutive.
""La campagne présidentielle mérite autre chose. L'UMP développe sur internet une capacité de nuisance qui n'est pas acceptable"", a-t-elle souligné par la suite en marge d'un déplacement à Luxembourg où elle s'est entretenue avec le Premier ministre du Grand Duché, Jean-Claude Juncker.
François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, a porté plainte pour diffamation contre le député UMP Jacques Godfrain, La Dépêche du Midi et des sites internet, qui ont tous relayé des informations selon lesquelles le couple échappait à l'ISF par le biais d'une société civile immobilière (SCI).
Ce premier accroc d'importance survient alors que des dissonances au PS sur le programme fiscal de la candidate brouillent sa campagne ""participative"".
Ségolène Royal s'est efforcée de dissiper la cacophonie et de reprendre les rênes en affirmant que le projet contesté de François Hollande d'augmenter les impôts des contribuables gagnant plus de 4.000 euros nets par mois ne ""l'engageait pas"", mais qu'il reflétait la diversité du parti - ""une force"".
""Nous ne sommes pas, à gauche, dans l'illusion de l'unité factice"", a-t-elle lancé sur RTL, raillant implicitement le discours de ""rassemblement"" de l'UMP.
Le parti de Nicolas Sarkozy a rejeté les accusations du camp adverse et s'est défendu de chercher à ""tirer la campagne vers le bas"", pour reprendre les propos de Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.
""La polémique ne nous intéresse pas et nous ne nous laisserons pas enfermer dans ce sujet-là"", a déclaré Xavier Bertrand, porte-parole du candidat de l'UMP, lors d'un premier point de presse au QG de campagne de Nicolas Sarkozy.
""çA VA VOLER BAS"" L'autre porte-parole du candidat, Rachida Dati, a précisé que le ministre de l'Intérieur acquittait l'ISF depuis un an et qu'il rendrait publique sous peu sa déclaration fiscale.
La polémique a poussé d'autres candidats à jouer la transparence en rendant leur patrimoine public.
Le président de l'UDF, François Bayrou, a ainsi indiqué que son patrimoine était estimé à 607.000 euros, et qu'il n'était donc pas assujetti à l'ISF.
Il a précisé dans un communiqué posséder une résidence principale à Bordères (Pyrénées-Atlantiques), estimée à 426.000 euros, un appartement à Paris de deux pièces estimé à 280.000 euros, ainsi qu'un passif d'emprunts évalué à 99.000 euros.
Parallèlement, François Bayrou est à la tête d'une exploitation agricole d'élevage estimée à 120.000 euros.
""ça va voler bas pendant cette campagne. (...) Il faut maintenant que le PS arrive à renverser la situation, à faire de l'avantage de Sarkozy une faiblesse en essayant de prouver qu'il a dévoilé trop tôt ses batteries"", observe un analyste.
Marquant sa volonté de ramener la campagne sur le terrain des idées, que ses détracteurs l'accusent de déserter, Ségolène Royal a dévoilé partiellement mercredi son programme européen en prônant un nouveau référendum sur une Constitution européenne plus ""sociale"" en 2009 et une réforme des statuts de la Banque centrale européenne (BCE), lors de son étape luxembourgeoise.
La candidate socialiste, qui refuse de changer de tempo sous la pression de l'UMP, prévoit de recueillir les fruits des débats ""participatifs"" en cours le 11 février avant de présenter un programme en bonne et due forme début mars au plus tard.
""Il faut tenir"", a-t-elle insisté mardi soir lors de la réunion du bureau politique du PS, selon un compte rendu des débats relatés par Le Monde, via un téléphone portable resté ouvert durant les débats.
Ségolène Royal devait tenir mercredi soir un meeting à Toulon (Var).
Nicolas Sarkozy, qui a participé mercredi à son premier conseil des ministres en tant que ""ministre-candidat"" aux côtés de Jacques Chirac, se rend jeudi sur le plateau de Saclay (Essonne) dans le cadre de ses fonctions ministérielles après un premier déplacement électoral lundi au Mont-Saint-Michel. Son entourage a récusé mercredi toute ""confusion des genres"".
Au lendemain du pas consenti par le Premier ministre Dominique de Villepin en direction du candidat de l'UMP, le ministre de l'Emploi, Jean-Louis Borloo, a laissé entendre qu'il pourrait se ranger derrière Nicolas Sarkozy, qui bénéficie dans les sondages de l'effet ""plébiscite"" du congrès de dimanche.
""Le suspense, très franchement, n'est pas à son comble. On va avoir un débat heureux et positif avec Nicolas Sarkozy"", a dit sur France Info le co-président du Parti radical, qui se prononcera ""en février"".
Selon une enquête Ifop à paraître jeudi dans Paris Match, Nicolas Sarkozy l'emporterait sur Ségolène Royal avec 52% des voix contre 48% au second tour de l'élection présidentielle.