Au-delà de la démonstration de force qu'a constitué dimanche son investiture par l'UMP, Nicolas Sarkozy s'est efforcé de rassurer ceux que son ambition et sa soif de pouvoir inquiètent.
Le candidat candidat de l'UMP à l'élection présidentielle a répété au moins neuf fois, ""J'ai changé"", dans son discours.
Il a ainsi tenté d'humaniser son image de hussard de la politique, plus libéral que social et plus ""atlantiste"" qu'européen, accusé de ""caporalisme"" par ceux que sa main mise sur le parti majoritaire irrite et toujours considéré avec suspicion par les fidèles du président Jacques Chirac.
""On ne peut pas partager la souffrance de celui qui connaît un échec professionnel ou une déchirure personnelle si on n'a pas souffert soi-même. J'ai connu l'échec et j'ai dû le surmonter."" ""J'ai changé parce que le pouvoir m'a changé, parce qu'il m'a fait ressentir l'écrasante responsabilité morale de la politique"", a-t-il ajouté. ""J'ai changé parce qu'on change forcément quand on est confronté à l'angoisse de l'ouvrier qui a peur que son usine ferme."" Une façon de répondre au sondage de l'Ifop publié par le Journal du dimanche, dans lequel 51% des personnes interrogées affirme que le ministre de l'Intérieur les inquiète.
Un constat également fait par le directeur de BVA-Opinion Jérôme Sainte-Marie, dans un livre sur les présidentiables, ou par François Miquet-Marty, directeur des études politiques de l'institut de sondage LH2.
""C'est là sa principale faiblesse"", estime ce dernier. ""Il inquiète plus qu'il ne rassure par ces dérapages sémantiques et du fait de son omniprésence médiatique, qui ne donne pas une image de sérénité."" Même la formule ""tout devient possible"", le slogan de campagne du candidat de l'UMP, ""peut être un peu inquiétante"", souligne François Miquet-Marty.

Sarkozy donne des gages


Au fil de son discours, Nicolas Sarkozy a donné plusieurs gages de son ""changement"". L'un des plus spectaculaires est le ton nouveau avec lequel il a évoqué l'intervention militaire des Etats-Unis en Irak et la position de la France à ce sujet.
""Je veux rendre hommage à Jacques Chirac, qui a fait honneur à la France quand il s'est opposé à la guerre en Irak, qui était une faute"", a déclaré celui qui dénonçait encore en septembre, lors d'un voyage constesté à Washington, l'""arrogance"" de la diplomatie française.
""Je veux d'une France qui parle toujours à l'Amérique comme une amie, qui lui dit toujours la vérité et qui sait lui dire 'non' quand elle a tort"", a-t-il souligné.
Nicolas Sarkozy a d'autre part assuré qu'il cessait, avec l'officialisation de sa candidature, d'être ""l'homme d'un seul parti"". Il a dit qu'il ne serait pas ""que le candidat de l'UMP"" et qu'il entendait se tourner vers ""tous les Français"".
Il s'est ainsi montré soucieux de rallier les derniers irréductibles de son camp mais aussi de marquer des points dans l'opinion, au moment où la campagne de la candidate socialiste Ségolène Royal semble marquer le pas.
Il s'est d'ailleurs abstenu de l'attaquer directement, laissant ce soin aux autres orateurs. ""Qu'elle présente ses idées, qu'elle présente ses alternatives"", a-t-il expliqué le soir sur TF1. ""J'ai vu que le Parti socialiste m'attaquait, avait même fait 150 pages pour m'attaquer. Mais je leur laisse le monopole du sectarisme. Moi je ne veux pas attaquer."" Cette volonté de prendre de la hauteur pourrait cependant se heurter au maintien de Nicolas Sarkozy à son poste de ministre de l'Intérieur au moins jusqu'à fin février.
""Le risque majeur pour le candidat UMP est non seulement d'être identifié au bilan global de la politique menée depuis 2002 mais de perdre en crédit sur sa capacité à conduire une politique vraiment différente au cours des prochaines années"", estime François Miquet-Marty. Pour cet analyste politique, le bilan de Nicolas Sarkozy constitue en outre un talon d'Achille. ""C'est une demi-réussite. Et puis on ne l'a vu vraiment que là"", estime-t-il. (Reuters) 14 janvier