A bientôt trente sept ans, JA'AFAR SQUALLI, né à Ifrane, peut déjà se vanter d'un parcours économique original et réussi dans son pays d'accueil, la France. Après des études d'ingénieur à Lille, il met au point une technologie de stérilisation puis crée sa propre entreprise. En quelques années, celle-ci devient leader européen du traitement des déchets médicaux. Connaissez vous le leader européen du traitement des déchets médicaux ?
Il s’appelle "Ecodas". Et qui en est le président ? Ne cherchez pas, vous ne trouverez pas : Ja’afar Squalli. Né au Maroc en 1965, il a fait son lycée à Ifrane et à Fes avant de poursuivre ses études d'ingénieur à Lille. Après son stage de fin d’études dans une société de textile, Ja’afar prévoyait de poursuivre un troisième cycle aux Etats-Unis. La vie allait en décider autrement. Dans cette société, Ja’afar se voit proposer une embauche à la fin de son stage. Voyant son travail reconnu et valorisé, il décide de ne pas refuser et doit donc oublier les Etats-Unis. Compétent, rigoureux, il est nommé à 26 ans directeur général de la société avant d’être associé à l’actionnariat trois ans plus-tard. En même temps, il réussit un troisième cycle de gestion d’entreprise.
Mais les choses vont bientôt se compliquer, avec un marché du textile en pleine crise. Les usines ferment à tour de bras et Ja’afar s’interroge : comment se reconvertir ?
La réflexion dure deux ans. Ja’afar se souvient qu’il est avant tout un technicien. Et si salut il doit y avoir, c’est par ses compétences techniques. Alors, il réfléchit à une idée qui pourrait trouver un débouché à la technique qu’il a mise au point dans son entreprise.
Il fait une étude complète des différents secteurs d’activité. Le secteur de la santé lui semble une voie d’entrée, surtout la partie déchets médicaux. Il regarde de plus près, et se rend compte que ce secteur en est encore à incinérer les déchets.
C’est bon, il a trouvé le filon. Il se met à potasser, à voir ce que la concurrence propose. L’idée est là : au lieu d’incinérer, il stérilisera les déchets. Cette découverte sonne comme une révélation. "Finalement, la technologie de stérilisation que j’ai mise au point pour le textile peut être appliquée aux déchets médicaux sans occasionner de pollution". Un an plus-tard, la machine est prête : les tests sont performants. Il ne reste plus qu’à démarcher les hôpitaux.
L’accueil est très vite favorable. Dans un contexte où la préservation de l’environnement est importante, la technologie proposée par J’afar séduit ses interlocuteurs. Les commandes ne se font pas attendre. Non seulement en France, mais aussi à l’étranger. Car Ja’afar sait que sur le marché, les concurrents ne sont pas nombreux. Il faut donc aller vite. Alors, il multiple les salons internationaux, les déplacements et les contrats. Italie, Angleterre, mais aussi Brésil, Japon. A 200000 euros pièce, cela vaut le déplacement. A sa grande surprise, les clients les plus réceptifs sont ceux des pays en voie de développement, comme l'Egypte et même le Maroc, où il vient de signer un contrat.
Cela lui fait d’autant plus plaisir que c’est son pays natal. C’est une façon pour lui de contribuer à la mise à niveau technologique de ce pays à fort potentiel. Ce contrat est important pour Ja’afar car il avait essayé ces dernières années d’investir avec d’autres partenaires français dans d'autres domaines. Malheureusement, l’expérience l’avait échaudée par manque d’accompagnement et surtout de considération. "J’avais tout prévu pour installer une usine au Maroc. J’y ai même créé une société. Arrivé sur place, rien n’était prêt. Il fallait attendre deux ans encore. J’avais honte devant mes partenaires français et j’étais mal pour le pays. Mais je ne désespère pas. J’espère qu’à moyen terme, avec ce fameux guichet unique dont tout le monde parle et qui n’existe pas encore, les investissements pourront être possibles". En attendant, Ja’afar continue à faire son travail. Il est déjà leader européen dans le traitement des déchets médicaux. A quand le leadership mondial ?