Elle est de toutes les batailles menées contre la pauvreté, l’exclusion et l’analphabétisme. Elle participe au montage d’opérations de solidarité, d’actions pour la sauvegarde de l’environnement ou en faveur des handicapés. Elle s’active pour la réforme de la " Moudawana ", lutte pour les droits de l’enfant. Zoulikha NASRI, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a fait un parcours remarqué depuis que le grand public l’a découverte en 1997. Haut-fonctionnaire de métier, elle prouve qu'une mission au palais royal de Rabat peut se mener avec ampleur et efficacité. Portrait d’une Oujdie hors du commun qui a su allier modestie et efficacité pour mieux servir son pays.
Lorsqu’en mars 2000, elle entre dans le club très restreint des conseillers du Roi, sa nomination intrigue parce que jamais une femme n’avait occupé une telle fonction mais ne surprend guère, tant Zoulikha Nasri avait fait montre d’endurance au travail de sensibilité naturelle envers les plus démunis et de sens de la responsabilité dans les postes précédemment occupés.
Son ascension elle ne la doit à aucun coup de piston ni à des relations en haut lieu ; c’est à la force du poignet qu’elle a gravi les échelons de la hiérarchie jusqu’à franchir les portes du palais, d’abord sous Feu Hassan II, ensuite sous son héritier.
Avant d’être chargée de mission au Cabinet Royal, Zoulikka Nasri s’était révélée au public en entrant au gouvernement "technocrate" de 1997, en qualité de secrétaire d’Etat à l’Entraide Nationale. Elle y siègera peu, le temps de préparer l’Alternance qui sera dirigée par Abderrahman Youssoufi, huit mois plus tard.
Auparavant, ses études juridiques et le sujet de sa thèse l’avaient tout naturellement conduite à la direction des Assurances au ministère des Finances. Pendant les trois ans qu’elle passera dans ce département, Mme Nasri analyse des problèmes et des secteurs aussi divers que l’agriculture, l’industrie, l’énergie nucléaire, la technologie de pointe, ou encore, la couverture et la protection sociale, domaines qu’elle affectionne tout particulièrement. "En une seule journée, se plait-elle à répéter, j’étais appelée à toucher à divers secteurs, ce qui impliquait qu’il fallait connaître la base juridique ; les conventions internationales et avoir l’expérience du secteur (…) cela m’a permis de me forger un esprit vers l’ouverture".
Au crépuscule de sa vie, le défunt roi la chargera de dossiers à caractère social, mission qu’elle poursuivra encore aujourd’hui en se mettant au service du "prince des pauvres", pour combattre la misère humaine.
Et c’est normalement qu’on la retrouve dans l’organisation de la semaine de solidarité nationale qui démarre chaque année en Novembre pour recueillir les fonds de donateurs collectifs et individuels afin de venir en aide aux plus démunis. Un élan d’une exceptionnelle intensité a caractérisé les trois premières campagnes qui ont notamment permis de restaurer les locaux de bienfaisance dans de nombreuses villes et de mettre en œuvre des programmes au profit de la jeune fille rurale.
A partir de là son destin est scellé : elle entre dans la fondation Mohammed V comme on entre en religion avec la bénédiction divine. Sa modestie, son sérieux et sa grande probité la prédestinent dès lors à s’occuper d’actions humanitaires et caritatives que le souverain et les princesses royales mèneront pour diminuer l’écart qui sépare les riches et les pauvres ; soulager les malades chroniques et les handicapés ; prêter main forte et assistance aux femmes battues ou abandonnées, bref pour améliorer la condition humaine d’un Maroc où la population reste caractérisée par sa jeunesse et son manque de moyens. Même les prisons, sujet jusque là tabou, seront visitées, repeintes et restructurées pour permettre aux jeunes repris de justice de se recycler pour réussir leur insertion dans la société dès leur libération. Le Roi s’y rendra pour constater en personne les progrès réalisés et donner un gage d’espoir aux détenus.
Pour sa part, Zoulika Nasri s’emploiera avec beaucoup de patience à ouvrir les portes des centres pénitentiaires et à y intéresser les responsables en leur faisant prendre conscience des dangers qui guettent la société si des mesures énergiques ne sont pas prises rapidement pour éviter l’exclusion, de quelque nature qu’elle soit. Le milieu carcéral en tire maintenant les bénéfices.
Déjà lorsque Sa Majesté Mohammed VI, encore prince héritier, fonde la Fondation qui porte aujourd’hui le nom de son grand-père, Mme Nasri sait qu’il faut absolument inculquer aux différentes couches sociales une culture de la solidarité.
La femme reste toutefois le maillon faible au Maroc mais la société civile veille au grain grâce aux milliers d’associations créées et dirigées par la gent féminine. Elles luttent stoïquement pour obtenir une véritable réforme du statut personnel (la moudawana), réduire le taux d’analphabètes surtout dans les campagnes, combattre la violence conjugale et encourager la participation à la vie politique. C’est en éduquant et en traitant les femmes sur le même pied d’égalité que les hommes – comme le souligne clairement l’islam – que le Maroc connaîtra véritablement le progrès. Mme Nasri s’y est attelée depuis près d’une décennie en aidant les représentants de 50 % de la population à prendre des initiatives et à agir. Elles le lui reconnaissent bien en saluant son activisme honnête et franc. Partout, son image est perçue positivement. A l’étranger, Zoulikha Nasri est pratiquement de toutes les missions visant à promouvoir l’image du Royaume auprès des populations locales et des résidents marocains.
Mehdi Qotbi, autre serviteur patenté de son pays natal et du rapprochement avec la France, son pays d’adoption, a eu, un jour, ces bons mots pour qualifier la conseillère de Sa Majesté Mohammed VI : "les capacités de travail et d’écoute ne sont pas qu’une impression, c’est une réalité. Elles n’ont d’égal que la haute idée qu’elle se fait de servir une Cause de Sa Majesté." On pourrait ajouter "humblement", ce qui compléterait l’impression d’assurance tranquille que dégage la personnalité de cette dame d’exception.