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Catégorie : Maghreb
«Pour un Maghreb uni, démocratique et moderne ». Le ton est donné. Ce slogan est celui de l’Alliance maghrébine pour la démocratie (amd), une association de loi 1901 née le 27 avril 2006 à Paris, qui accueille tous les Maghrébins acquis à sa cause. Le choix de la date n’est pas fortuit. Il renvoie à la conférence de Tanger du 27 avril 1958, où les partis nationalistes avaient appelé à l’unité du Maghreb. Près d’un demi-siècle plus tard, « la flamme maghrébine n’est pas morte, elle peut être ravivée », comme le proclame avec force la déclaration fondatrice de l’AMD. Et ce, malgré les fractures qui traversent la région et le blocage de l’Union du Maghreb arabe (uma). La centaine de membres fondateurs de l’Alliance s’appuie sur « l’aspiration à l’unité, héritage et promesse de l’histoire », des sociétés maghrébines. Le Maghrébin En témoigne Le Maghrébin, webzine hebdomadaire de l’association, dont la première édition est parue le 26 juin 2006. Outre le traitement personnalisé de l’actualité maghrébine par la participation de journalistes des cinq pays concernés, une sélection d’articles d’autres médias sera éventuellement proposée. Le journal entend refléter les orientations de l’AMD, au premier rang desquelles la promotion de la démocratie et des droits de l’homme au Maghreb. Car l’idée initiale « est de contribuer à la maturation rapide d’une conscience maghrébine transcendant les particularismes ». En d’autres termes, « la conscience maghrébine ne peut être que la sœur de la démocratie maghrébine ». Autres moyens d’action que compte mettre en œuvre l’Alliance : un site web (www.amd-maghreb.org), un trimestriel thématique qui compilerait les débats du Maghrébin, présenterait l’agenda de l’Alliance et, à terme, une chaîne de télévision satellitaire maghrébine. Ces ambitions sont tributaires du financement dont pourra éventuellement bénéficier l’AMD. Celui-ci « proviendrait de toutes les institutions, nationales ou internationales, dont les objectifs et valeurs rejoignent ceux de l’Alliance ».


Tahar Belkhodja un témoin privilégié Que son-ils devenus ? Parmi les membres des délégations maghrébines de la conférence de l’unité de 1958 à Tanger, seuls trois peuvent encore témoigner, dont le tunisien Tahar Belkhodja. Un témoin privilégié de cet appel historique, mais surtout des trois décennies Bourguiba, selon le titre de son ouvrage. Aujourd’hui membre fondateur de l’Alliance maghrébine pour la démocratie, il manifeste sa volonté de transmettre sa flamme militante toujours présente. D’où lui vient-elle ? Né en 1931 à Mahdia, il a été au collège Sadiki, « une pépinière de responsables tunisiens », avant d’entamer des études supérieures d’ingénieur agronome. À 23 ans, il milite au parti Néo-Destour et à l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET), dont il sera secrétaire général. « Ces initiatives de jeunesse », la vie à l’UGET, l’ont forgé. En 1959, il intègre les Affaires étrangères et commence sa carrière politique, sur les traces du père de la nation dont il sera ministre par deux fois, à l’Intérieur et à l’Information. Habib Bourguiba a représenté pour lui un leader, un zaïm. Puis le vent a tourné. En 1986, il quitte son pays pour la France à la suite d’un procès politique qui lui a valu une condamnation avec sursis. « Je sentais que le régime allait tomber ». Il ne s’y était pas trompé. Un an plus tard, Bourguiba était déposé. Malgré l’ardoise effacée par le président Ben Ali, Tahar Belkhodja choisit de rester à Paris. « Car il fallait tourner la page ». Pour en ouvrir une autre, celle de la contribution à l’histoire.