Un meilleur engagement du secteur privé marocain et turc dans la dynamique créée par l'accord de libre-échange est en mesure de porter le volume des échanges commerciaux entre les deux pays à deux milliards dollars par an à court terme, ont estimé les participants à une rencontre maroco-turque organisée jeudi à Tanger. Les participants, des universitaires et des hommes d'affaires des deux pays, ont tenu à relever que l'accord de libre-échange conclu entre le Maroc et la Turquie en 2004 offre d'énormes opportunités d'affaires que les opérateurs maroco-turcs sont appelés à saisir et à développer.

L'année de l'entrée en vigueur de l'accord, les échanges commerciaux ont réalisé un bond de près de 100 pc en passant de 260 à 500 millions de dollars, ont rappelé des intervenants. Et de relever qu'avec une meilleure implication des opérateurs privés, l'objectif de 2 milliards dollars dans cinq ans semble des plus réalistes.

La balance commerciale entre les deux pays penche actuellement du côté turc. Les intervenants ont indiqué que la Turquie exporte vers le Maroc 27 produits non agricoles contre quatre produits seulement du côté marocain.

Une situation appelée à évoluer pour l'intérêt des deux parties, selon les participants qui ont plaidé pour la promotion d'une ''diplomatie économique'' entre les deux pays amis.

La rencontre, organisée par le centre de recherches et d'études méditerranéennes de la faculté de droit de Tanger et le centre ''Adel'' des études stratégiques (Ankara) sur le thème ''Les relations maroco-turques : état des lieux et perspectives'', constitue un exemple à cet effet.

Des hommes d'affaires, des enseignants universitaires et des intellectuels conviés dans le cadre de cette manifestation ont eu plusieurs rencontres avec leurs homologues marocains. Ils ont été notamment intéressés par le potentiel de développement de la région Nord du Royaume.

Le chantier du port de Tanger-Med et ses zones franches, la Tanger Free Zone (TFZ) qui abrite plusieurs industries de haute technologie ont été les principales étapes de la visite de prospection de la délégation turque.

Les intervenants turcs, lors de cette rencontre, ont défendu avec énergie l'orientation vers une coopération Sud-Sud.

Le président du centre des études stratégiques, M. Mohamed Al-Adel a relevé que le renforcement de la coopération avec le Maroc s'inscrit dans le cadre d'une orientation globale de son pays pour la création de ce qu'il a qualifié de ''triangle stratégique'' composé de la Turquie, des pays Arabes et ceux du continent africain.

L'obtention récemment par la Turquie de la qualité de membre observateur au sein de la Ligue Arabe et la présidence, pour la première fois, de l'organisation de la conférence islamique, Atteste de cette nouvelle orientation d'Ankara, souligne M. Al-Adel.

Les intervenants ont également plaidé pour la promotion d'une coopération décentralisé entre les deux pays. Ils ont notamment appelé à mener à terme le projet de jumelage entre Tanger et Marsin, deux villes qui ont de nombreuses similitudes et disposent d'importantes niches pour la coopération.

En effet, Marsin abrite le plus grand port du pays et dispose d'importantes zones franches où s'implantent de grandes multinationales.

A l'issue de cette manifestation, les intervenants ont recommandé l'intensification des échanges de visites entre opérateurs économiques, l'établissement de liens de coopération entre les acteurs de la société civile des deux pays et l'implication des milieux universitaires pour promouvoir la traduction arabe-turque.

Le président de l'université Abdelmalek Essaadi, M. Mustapha Bennouna a appelé à initier une coopération efficace entre les établissements universitaires des deux villes. Le développement humain, la logistique, la gestion des infrastructures portuaires, le tourisme, les médias, sont autant de domaines prioritaires à inclure dans cette coopération académique, a affirmé M.

Bennouna.

Dans le cadre de la promotion de ''la diplomatie économique'' entre les deux pays, plusieurs intervenants ont appelé à créer, dans les meilleurs délais, une base de données économiques à l'intention des opérateurs des deux pays.

Une interface interactive qui devrait informer les hommes d'affaires des deux pays sur les opportunités d'investissement et les créneaux porteurs pour chaque secteur d'activité.

Tanger, 28 avr -(MAP)-