· D’abord respecter les fondements de l’Etat marocain
· Restructuration de l’enseignement, des lieux de culte
LES attentats douloureux du 16 mai 2003 ont jaugé la cohésion de la société marocaine et de ses institutions qui se sont montré fortes et stables. Ils ont aussi permis de mettre en valeur les réformes du champ religieux, déjà entamés, principalement après la nomination en 2002 de l’actuel ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq. L’élan créé après l’intronisation du Roi Mohammed VI, en 1999, engageait incontestablement le Maroc dans une réforme globale de son espace public et privé. «Le champ religieux devra intégrer cette démarche», c’est une seconde formule séduisante qui œuvre à définir les contours du champ religieux marocain, ses limites et ses spécificités; ainsi la gestion religieuse n’est plus quelque chose de privé, externe aux institutions, elle en fait partie. L’Etat a le devoir de répondre aux sollicitations religieuses et spirituelles des citoyens et à assurer la quiétude spirituelle qui ne peut se réaliser sans une prise en considération de la multiplication des acteurs, leur diversification et leurs connexions internes et externes. Les citoyens et les acteurs du champ religieux sont appelés à respecter les fondements de l’Etat marocain et ses choix politiques incarné dans l’institution de Imarat al-Mouminine et la marche démocratique.
La réforme du champ religieux marocain concerne l’optimisation des moyens humains, financiers et techniques octroyés; le discours religieux véhiculé par les acteurs; les textes de lois réglementant l’activité religieuse et l’évaluation des résultats. Ce sont-là les bases d’une bonne gouvernance.
Du fait que le ministère des Habous et des Affaires islamiques gère la symbolique et les valeurs religieuses marocaines à côté d’un patrimoine financier important, il pourra être un levier pour une économie solidaire, un commerce équitable, et une aspiration écologique et se positionner ainsi en première ligne sur les questions humanitaires à travers ses différents aspects. Lorsque un mouhabis crée un habous, il le fait pour l’intérêt général et vise à travers lui des œuvres sociales ou la promotion, désintéressé, des valeurs humaines. Son habous afin qu’il soit accepté doit être exempt de toute anomalie. Dieu est taïb (Dieu est bon) il n’aime que les taïbat (bonnes choses). Une responsabilité double, religieuse et politique.
Le nouvel organigramme du ministère des Habous et des Affaires islamiques régi par le dahir n° 1-03-193 du Chaoual 1424 (4 décembre 2003) comprend deux nouvelles directions centrales: la direction des mosquées et la direction de l’enseignement traditionnel.
La direction des mosquées a pour mission d’établir les programmes annuels et pluriannuels relatifs à la construction, à l’extension, à la restauration, à l’entretien, à l’équipement et à l’encadrement des mosquées; d’organiser, d’assurer le suivi des actions de prédication et de sensibilisation au sein des mosquées en coordination avec les conseils des oulémas concernés. L’effort va dans le sens d’une normalisation des règles de construction des mosquées conformément au droit de l’urbanisme et du droit administratif général qui les commande (police administrative locale en matière d’hygiène, de tranquillité et de salubrité). L’objectif principal lié à la neutralité qu’exige l’intervention publique dans ce secteur primordial est de garantir l’inviolabilité des mosquées, à tout point de vue comme pour tous les autres lieux de culte, afin qu’elles soient exclusivement vouées au seul exercice du culte et de remédier aux usages incontrôlés qu’ils soient de nature religieuse ou politique et de soustraire toute œuvre mécène dans ce domaine aux financements occultes.
La direction de l’enseignement traditionnel répond aussi à l’effort de restructuration du secteur en étant chargée de la stratégie pédagogique relative à l’enseignement traditionnel en réalisant la carte nationale des établissements concernés, en définissant le régime des études et des examens et en prodiguant l’assistance nécessaire à leur intégration dans le cursus normal de l’enseignement général, c’est le sens du travail mené aujourd’hui par le Conseil supérieur de l’éducation.
Depuis 2002, le ministre des Habous et des Affaires islamiques a répondu à une vingtaine de questions orales et à une quinzaine de questions écrites posées par les membres des deux Chambres des représentants. Ainsi, le 10 mai 2006, une question orale a été posé par le groupe parlementaire de l’UMP qui s’interrogeait sur les fondements de la réforme du champ religieux, les projets en cours, les efforts dans la construction des mosquées et leur proximité avec les citoyens et enfin la mise à niveau de l’enseignement traditionnel. Dans sa réponse, le ministre a rappelé que la politique de son ministère est un «ijtihad», effort d’interprétation, pour l’application des directives d’Amir al-Mouminine concernant la réforme du champ religieux. Ahmed Toufiq a énuméré 10 axes de travail: 1- le Coran à travers son enregistrement, son édition, son apprentissage par cœur et l’encouragement de ceux qui s’y consacrent. 2- la construction, l’entretien, la réparation et l’équipement des mosquées. 3- la formation, l’orientation et l’encouragement des préposées ou cadres religieux. 4- l’action pour que le discours religieux diffusé à travers les prêches du vendredi et les causeries religieuses soit en harmonie avec les fondements du Maroc et réponde aux sollicitations des citoyens et qu’il soit diffusé à travers les moyens de communication créés par le ministère. 5- la consolidation du corps des oulémas, leur formation et leur protection. 6- la mise à niveau de l’enseignement traditionnel et l’activation de la loi le concernant. 7- la réponse aux besoins religieux de la communauté marocaine à l’étranger. 8- la préservation de la culture spirituelle et la culture marocaine quotidienne dans sa relation avec la religion. 9- l’encadrement technique des institutions religieuses et des préposés religieux. 10- l’intérêt porté aux activités rituelles tel que le jeune, la prière et le pèlerinage ainsi qu’à la célébration des occasions religieuses.

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L’organisation du ministère des Habous et des Affaires islamiques a toujours été instituée par dahir et non par simple acte réglementaire (décret) comme c’est le cas pour les autres départements. Le ministère est l’exécutant des directives de Amir al-Mouminine. Ainsi, il interprète les directives et assure leur application. Tout acte exécuté par le ministère se fait au nom d’Amir al-Mouminine qui est le Nadhir al a’adam, le Nadhir suprême, responsable de l’ensemble des Habous et le grand imam quand il s’agit de la relation qui le lie au corps des oulémas et des imams du Royaume.
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LES 40.000 cadres et préposés religieux, les 32.000 mosquées, les 49.647 biens immobiliers les 84.000 ha de terres agricoles avec ses 120.000 parcelles, les dizaines de bibliothèques dites Habsia, les quelques 500 écoles traditionnelles disséminées à travers le Royaume… reflètent l’étendue du champ d’intervention du ministère des Habous et des Affaires islamiques qui va de la gestion financière et administrative des biens du Habous, à la formation religieuse à travers les instituts de formation tel que Dar alhadith alhassania, nouvellement rattaché au ministère, ou encore le nouveau cycle de formation des imams et des mourchidates, à la gestion, l’entretien et la promotion du patrimoine religieux que ce soit des mosquées, des bibliothèques ou des écoles traditionnelles.