Imprimer
Catégorie : Medias
Le groupe Viacom (chaîne MTV, studio Paramount) a exigé que le site d'échanges de clips YouTube retire immédiatement 100.000 clips pirates faute de lui verser une ""juste"" rémunération, un bras de fer qui servira de test clé pour tous les groupes de médias.
Viacom a expliqué vendredi qu'après ""des mois de négociations avec YouTube et Google"", qui a racheté le site fin 2006, il n'avait pas obtenu de ""juste"" compensation pour les extraits pirates de ses émissions. Aussitôt, YouTube a annoncé qu'il retirerait les clips demandés.
Depuis des mois, les majors de la télévisions, du cinéma et de la musique essaient sans succès de faire payer YouTube, site devenu incontournable, où les internautes envoient et regardent des millions de vidéos dont beaucoup sont des extraits illégaux d'émissions, de films ou de clips musicaux.
Le groupe de télévision Fox (News Corp) a même cité à comparaître YouTube le 26 janvier pour qu'il identifie un internaute qui avait envoyé des extrait pirates.
Mais la plupart des grands médias ont pour l'instant préféré composer avec YouTube, en échange de la promesse d'un partage de recettes publicitaires pour l'instant encore inexistantes.
Sur cette base, après des accords aux termes non dévoilés, la maison de disques Warner Music, puis Universal Music, qui avait pourtant menacé le site de procès, Sony, ainsi que le groupe de télévision CBS, ont accepté en octobre que les internautes utilisent leur contenu.
CBS a même lancé avec YouTube un concours de vidéos, qui seront ensuite diffusées sur la chaîne.
Mais tout repose sur la promesse de créer un système d'analyse du contenu vidéos, que YouTube n'a toujours pas mis en place. D'ailleurs, Viacom a dénoncé vendredi l'absence de ce système.
Cette complexité technologique nuit à tous: impossible pour l'instant non seulement de placer des publicités ciblées autour des clips et de calculer des recettes. Mais impossible aussi de retirer exactement des contenus incriminés.
D'ailleurs samedi vers 21H00 GMT, on pouvait encore regarder sur YouTube 49.000 clips comportant le mot-clé MTV. Gendarmer les 65.000 clips envoyés quotidiennement sur YouTube semble techniquement impossible, et l'exigence de Viacom restait samedi largement sans effet.
YouTube se sent visiblement en position de force, conscient que son succès -- 120 millions de visiteurs et 100 millions de vidéos regardées par jour -- fournit une promotion devenu incontournable pour les médias.
Pourtant, sur le principe, YouTube veut bien payer, a expliqué récemment son fondateur Chad Hurley lors du Forum de Davos, expliquant travailler à la mise en place prochainement d'une système de traçage des clips et un éventuelle intégration de publicités vidéos autour des clips. Le PDG de Google Eric Schmidt a lui aussi promis un système d'analyse technique.
Sur internet samedi, les experts jugeaient la position de Viacom faible: ""il devra affréter un avion rempli de censeurs, et YouTube peut très bien se passer de ses clips"", a ironisé Don Dodge, ex-ingénieur en chef du moteur de recherche Altavista, sur son blog spécialisé.
""C'est un test crucial pour la capacité des propriétaires des droits d'auteur à contrôler leur contenu sur internet, alors que les internautes peuvent très facilement envoyer des clips. Mais même s'il estiment que YouTube doit payer pour les héberger, la triste vérité est qu'il n'y a pas encore assez de recettes publicitaires pour que ce modèle soit viable"", a commenté samedi à l'AFP Carmi Levy analyste du cabinet d'études Info-Tech.
""Tous les studios et créateurs de contenus vont regarder ce combat.
Il y aura un compromis, car Viacom doit garder son contenu visible pour le public, et l'accord servira de précédent"", a-t-il dit.