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Catégorie : Sezame n°2, Fevrier 2006
La tribune de l’ancien Président indonésien Abdurrahman wahid, publiée le 30 décembre 2005 dans le Wall Street Journal, va-t-elle rassembler autour d’elle ? Abdurrahmane Wahid nommé Dur (le maître) dans son pays, le plus peuplé dans le monde musulman, appelle à une lutte globale pour sauver l’âme de l’Islam et constituer une force populaire afin de mettre en valeur le vrai Islam contre le faux et revenir à la spiritualité. Pour M. Wahid l’idéologie rigoriste, sinon extrémiste, disposant de moyens financiers et logistiques conséquents est à combattre, elle est la source d’un Islam littéraliste et simpliste qui veut imposer son interprétation de la charia islamique à tout le monde et qui rêve d’un khalifat utopique allant du Maroc à l’Indonésie et régnant sur le Monde. C’est une idéologie qui ne prend en considération ni les particularités et les spécificités du monde musulman ni le contexte mondial et l’évolution de l’esprit humain.
Pour se faire, Abdurrahman Wahid appelle à respecter la dignité humaine en respectant la liberté de conscience de chacun et à rejeter toute volonté d’imposer une religion et mettre en valeur l’historicité de l’héritage musulman à travers ses 14 siècles en démontrant les spécificités locales. Il appelle aussi à mettre en exergue la place de la femme et à encourager les forces traditionnelles soufis encore non radicalisées et qui représentent la majeure partie du monde de l’Islam et à reformer les écoles et medersas coraniques ou religieuses en prodiguant un message d’ouverture, d’amour de paix et de tolérance. Il faudrait d’après lui, favoriser les leaders d’opinions agissant dans un esprit de modération et faire valoir les bienfaits de la modernité dans la culture populaire malgré certaines de ses incompréhensions. Sur le plan politique, son idée est de défendre l’Etat-Nation à la place de l’utopique khalifat et diffuser l’esprit de liberté, du bien être de l’humanité dans sa diversité.
Si on ne peut qu’adhérer à cet appel, la question qui se pose à nous aujourd’hui est celle de savoir comment les Etat-Nations dans un monde globalisé peuvent - ils produire des exemples de la gestion et de la réforme du champ religieux. Une telle action ne pourra se faire si ces Etats n’inscrivent pas leurs actions dans une démarche démocratique respectant la volonté des peuples qu’ils administrent et pour lesquels ils orchestrent l’information et la construction de l’imaginaire populaire.
Il y a aujourd’hui trop de débats politiques et sociaux, stériles, autour de l’Islam et mais peu sont constructifs pour faire avancer la réflexion. Les sociétés contemporaines sont à la recherche d’une application des valeurs de justice, de liberté, solidarité et de conciliation entre la nature, la culture, la modernité et le développement technique et humain. Se sont des valeurs partagées par toute l’humanité et c’est à chacun de définir son choix spirituel et ses convictions intérieures.
Certains se trompent quand ils crient que « l’Islam est la solution », c’est une solution pour quoi ou pour qui? Une question pour laquelle leurs réponses restent généralistes et démagogiques. Aux forces vives de la société de se rassembler afin de redonner de l’âme à nos choix individuels et collectifs et faire barrage aux nouveaux fossoyeurs.