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Catégorie : Dans la presse
Alors que des millions de musulmans entament le mois de jeûne le 15 octobre, le CFCM reste sur la touche. Pour une fois, les frères ennemis du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui se déchirent depuis des mois, sont d’accord : le ramadan débute cette année le 15 octobre. Plus de 80 % des cinq millions de musulmans qui vivent en France suivent cette prescription coranique. Des cinq piliers de l’islam (1), c’est de loin le plus pratiqué. Beaucoup de ceux qui ne vont pas à la mosquée en temps normal, qui ne prient pas et n’ont que des rapports distants avec la religion, s’efforcent de le suivre. Une manière pour eux de garder, malgré tout, un lien fort avec la tradition.
Censés s’occuper des affaires du culte, le CFCM et ses déclinaisons régionales, les conseils régionaux du culte musulman (CRCM), ne semblent pas jouer un grand rôle dans l’organisation des festivités. Une question reste d’ailleurs sans réponse officielle : l’heure quotidienne du début du jeûne. Car la Grande mosquée de Paris, dont les prescriptions sont assez largement suivies par les radios ou les commerces, préconise de commencer le jeûne une demi-heure plus tôt que l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). Les deux organisations utilisent un mode de calcul différent, chacun étant valable en fonction de la tradition juridique retenue. Cependant, la Grande mosquée retient le mode de calcul le plus communément admis par les autres musulmans européens. Il peut ainsi arriver que des membres d’une même famille ne commencent pas le jeûne à la même heure, les uns s’appuyant sur les prescriptions de la Grande mosquée et les autres sur les indications données dans les beaux calendriers réalisés par l’UOIF depuis quelques années qui lui apportent, d’ailleurs, une source de revenus appréciable. Cette divergence, finalement anecdotique, est symptomatique des difficultés rencontrées par le CFCM pour s’affirmer comme la véritable instance régulatrice des affaires du culte au niveau national. Tout se passe comme si la plus grande part de l’énergie des membres du CFCM était utilisée pour gérer les oppositions entre ses composantes. Pour le reste, la question du voile a sans doute mobilisé les dernières énergies. Pendant ce temps-là, les musulmans attendent. Comment faire pour mettre en place des carrés musulmans dans les cimetières français ? Comment organiser la concertation pour la construction des mosquées ? Comment assurer la formation et le travail des cadres religieux ? Pour le moment, les responsables locaux qui animent les échelons régionaux tentent de trouver des solutions au coup par coup. Ainsi, en cette période du ramadan où la présence continue d’imams dans les mosquées est évidemment attendue par les pratiquants, le recteur de la mosquée nîmoise de Valdegour (Gard), a trouvé un accord avec le préfet pour qu’un imam marocain puisse être accueilli grâce à un contrat de travail de saisonnier (lire interview ci-dessous). Solution provisoire s’il en est et qui laisse sur leur faim ceux qui appellent de leurs vœux un islam français. Pourtant, certains musulmans comme Hakim El Ghissassi, fondateur de la Médina – actuellement en sommeil – et responsable d’un site internet (2), se veulent optimistes : « Le CFCM est encore très jeune : les premières élections ont eu lieu en avril 2003. Il faudrait lui laisser un peu de temps. »

(1) Les autres piliers sont la déclaration de foi, l’aumône, la prière et le pèlerinage à la Mecque.
(2) Le site www.sezame.info est consacré à l’islam de France.

Péril sur les élections

Initialement prévues pour avril 2005, les élections du conseil d’administration du CFCM seront sans doute reportées... si jamais elles ont lieu. La Fédération de la Grande mosquée de Paris (GMP) commence à parler d’une autre structure qu’elle pourrait mettre en place si on reconduit l’actuel règlement électoral du CFCM qui, selon elle, la désavantagerait par rapport aux autres fédérations (UOIF et FNMF). Ce règlement électoral fixe un nombre de délégués électeurs en fonction de la surface des mosquées. La GMP, qui fédère un nombre limité de mosquées, propose d’introduire d’autres critères comme l’ancienneté des lieux de culte ou la présence d’imams attitrés aux heures de prière. Face à la menace d’implosion, le ministère de l’Intérieur multiplie les rencontres. Ce qui agace certains protagonistes qui y voient une ingérence déplacée de l’État.

source Témoignage Chrétien, 14.10.04