RENDU tristement célèbre pour avoir accueilli, à l'été 2003, les dépouilles des 51 « oubliés de la canicule », le cimetière - parisien - de Thiais est aujourd'hui en effervescence, Toussaint oblige. Mais que cachent ses murs gris devant lesquels les Val-de-Marnais ne font souvent que passer, le lieu n'accueillant que les Parisiens et leurs familles ? Tout simplement l'un des plus grands cimetières d'Europe, le deuxième après Pantin (Seine-Saint-Denis). Mais aussi « un miroir de la société » dont les multiples innovations pourraient préfigurer le cimetière de demain.


Visite. Les carrés confessionnels. Le lieu compte 14 divisions musulmanes, 3 divisions israélites, 3 divisions bouddhistes et 2 orthodoxes. « Nous disposons de beaucoup de place, ce qui nous a permis de regrouper les cultes », explique Nicole Vitani, conservatrice du cimetière. Qui précise : « Musulmans, bouddhistes ou orthodoxes participent également à la tradition chrétienne de la Toussaint en fleurissant les tombes. Une preuve d'intégration .» Un carré bébé. Il y a deux mois, le cimetière de Thiais a décidé de consacrer un espace réservé aux nourrissons et aux enfants mort-nés. La 94è e division accueille désormais, sur un même lieu, inhumations et dispersions de cendres autour d'une stèle, sur le modèle du carré des anges du cimetière de Lille. La stèle des dons du corps. C'est là que viennent se recueillir les proches des personnes qui ont fait don de leur corps à la science. Autour d'un monument fleuri, les cendres des défunts sont dispersées. « Le don du corps est anonyme mais les familles ont eu besoin de poser des plaques nominatives autour de la stèle. Ça a pris des proportions énormes », explique Franck Bohain, agent de surveillance. Les caveaux individuels. Ils ont remplacé la fosse commune des indigents. Ces 3 000 concessions, gratuites pour cinq ans, sont essentiellement réservées aux personnes sans ressources. C'est ici, au sein de la division 58 que reposent les 51 personnes mortes lors de la canicule. La semaine dernière, la mairie de Paris y a fait fleurir chaque tombe avec des chrysanthèmes. « Ces caveaux ne sont plus réservés aux seuls SDF ; de plus en plus de personnes dans l'attente d'une concession ou qui ne souhaitent pas trop dépenser le demandent », souligne la conservatrice. Les concessions engazonnées. C'est l'importation en France du cimetière anglo-saxon. Des concessions de dix ans qui séduisent de plus en plus. Ici, pas de monuments mais des plaques qui reposent sur de vastes espaces en herbe. « Les gens ont tendance à préférer cette formule, plus économique, qui nécessite peu d'entretien, juste une tonte régulière », explique Eric Decreus, agent de maîtrise. Quant au « jardin cinéraire », il accueille des urnes de cendres enterrées dans un carré parsemé de talus et planté d'arbustes et de fleurs. Ici, on a voulu recréer un paysage naturel, bien loin des alignements géométriques de tombes. Le cimetière de demain ?