Tandis que le FLN, le parti majoritaire d’Algérie, connaît un rapport de forces interne grandissant à la veille des élections présidentielles de 2004, retour sur un ouvrage événement, avec l’interview de l’auteur sur l’évolution de cet ancien parti unique qui fait encore largement l’actualité. Histoire intérieure du FLN, 1954-1962 (Editions Fayard) : Gilbert Meynier, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Nancy, a consacré treize ans à l’écriture de cet ouvrage de 812 pages (Editions Fayard). Il nous livre là une étude approfondie des arcanes de ce qui a été jusqu’en 1989 le seul parti de l’Algérie indépendante. "Mais il ne faut pas croire que c’est un parti unique à la soviétique, c’est même l’inverse", déclare-t-il aujourd’hui. Car "en Algérie, il y a un appareil d’Etat qui est contrôlé par un pouvoir militaire".
Vingt ans après son désormais classique FLN, mirage et réalité, Mohamed Harbi est devenu l’historien qui a défriché le terrain du FLN, dont il était membre. Il salue en préface la "problématique originale" de l’œuvre de Meynier, "qui ne fait l’impasse ni sur l’histoire évènementielle ni sur l’analyse des structures". Une véritable "anatomie du FLN, acteur mais aussi produit d’une société musulmane, travaillée dans ces profondeurs par un idéal communautaire". Tous deux préparent aujourd’hui un recueil d’archives du Front de libération nationale.
Spécialisé dans la période 1954-1962, qui est celle de la guerre d’Algérie mais aussi celle de la genèse du FLN tel qu’il est apparu après 1962, Gilbert Meynier nous a confié quelque temps après la parution de son livre sa position quant à l’évolution du Front depuis sa création. A l’écouter, ce qui était au départ un "front de résistance" devient après l’indépendance "une espèce de grand squelette vide qui a pour mission de contrôler la société, et par lequel il faut transiter si l’on veut un jour ou l’autre arriver à frôler le pouvoir". Mais "ce n’est pas à lui qu’appartient la décision", insiste-t-il.