Imprimer
Catégorie : La Medina N° 16 : le Maroc le génie d'un peuple, entretien exclusif avec le Roi Mohammed VI
Krach boursier, crise de l’Internet et début de la guerre ? Est-ce à un krach passager ou à une crise financière profonde que nous sommes en train d’assister depuis quelques mois ? Voilà la question que chacun d'entre nous doit se poser aujourd’hui. Si les mots doivent impérativement retrouver un sens aujourd’hui, c’est parce que la réalité financière internationale y oblige. En un an, le CAC 40 a perdu près de 25% et le Dow Jones 8%. Et derrière ces indices se cachent des faillites boursières gigantesques. Vivendi-Universal, le deuxième groupe mondial de communication a perdu sur la même période 80% de sa valeur, idem pour France Telecom,cinquième opérateur téléphonique mondial.
80%, c’est 40 mds d’Euros pour Vivendi-Universal et près de 80 Mds d’Euros pour France Telecom, l’équivalent de quatre fois la dette extérieure d’un pays comme le Maroc.
Qu’est-ce qui est à l’origine de ce Krach financier qui depuis un an est en train d’ébranler l’ensemble des places financières de la planète ? L’exemple type de cette crise a été le scandale d’Enron, qui a provoqué la faillite d’un des plus importants fonds de retraite américains. A l’origine de cette faillite, des comptes falsifiés avec la complicité du quatrième cabinet mondial d’audit Arthur Andersen. Cette entreprise a été chargée de vérifier et de garantir la fiabilité des comptes d’un tiers des plus grandes entreprises du monde. Depuis Enron, il y a eu l’affaire World Com et Rank Xerox, deux multinationales qui ont respectivement gonflé leur chiffres d’affaires de 3,9 milliards et 1,5 milliard de dollars.

Il n'y a plus de "confiance"
Pourquoi les avoir gonflés ? Pour une raison simple : ne pas décevoir les milieux financiers qui font la pluie et le beau temps des entreprises. Lorsqu’une compagnie a besoin d’argent frais pour ses investissements, c’est en bourse et nulle part ailleurs qu’elle peut les trouver.
Est-ce la seule raison qui explique ce Krach ? Assurément non. Cependant, il ne faut pas en négliger l’importance. Rappelons que le moteur de la bourse repose sur la sacro-sainte notion de confiance. Et force est de constater qu’aujourd’hui, les marchés font de moins en confiance en l’avenir. Et quand il n’y a pas de confiance, les cours chutent. Et c’est à cette chute vertigineuse que nous assistons depuis quelques mois.

Mirage de la "nouvelle économie"
Mais derrière ces raisons apparentes, que se passe-t-il vraiment ? Entre 1997 et 2001, le monde a vécu au rythme de l’Internet et des success stories des nouvelles technologies. On a pensé qu’une autre économie était née ; on l’a appelé "la nouvelle économie", fondée totalement sur l’idée qu’un business pouvait se faire sans sortir de son ordinateur et de la toile qui l’entoure. Après cinq années de folie, 400 milliards $ d’investissements hasardeux et 75% des start-up en faillite, on en est revenu. Mais à quel prix !
Entre temps, la bourse, leurrée par ce mirage de la "nouvelle économie", avait atteint des sommets historiques. Le Dow Jones avait atteint les 11000 points en 1999 (9250 aujourd’hui). Car "la confiance" était là. Oui, la confiance en une nouvelle économie qui boosterait l’ensemble de l’économie mondiale qui en 1997 commençait à s’essouffler sérieusement. Sitôt la bourse a pris acte de l’échec de cette nouvelle économie, sitôt les cours des actions ont pris la direction de la baisse, une baisse parfois brutale comme celle de la fin de ce mois de juin 2002. Aujourd’hui, les cours ont rejoint leur niveau de 1998, balayant d’un seul trait 5 années de hausse successives.
La question est : où va-t-on aujourd’hui ? Quelles perspectives l’économie mondiale a-t-elle à l’horizon 2003, 2004, 2005 ? Malheureusement, aucune. Personne ne sait où va l’économie. Pire, personne ne sait à l’heure actuelle comment enrayer ce cycle infernal de la baisse.
Ou plutôt si. Car l’histoire de l’économie est aussi cyclique que l’histoire tout court. Certains hommes politiques et certains financiers savent qu’un seul élément peut mettre fin à ce cycle et en créer un autre : cet élément s’appelle la guerre. Les stratèges américains, qui mènent la danse mondiale, en sont conscients déjà depuis quelques années. La guerre en Afghanistan et la lutte contre le terrorisme international devaient avoir le mérite de relancer l’industrie militaire mondiale. Peine perdue, la guerre a duré moins longtemps que prévu. Reste la lutte antiterroriste dont le terreau fertile reste encore et toujours la Palestine.

Surarmement de la planète
Y aura-t-il la tentation chez les stratèges américains de pousser à bout les Palestiniens et les Etats arabes en leur enlevant le peu de dignité qui leur reste, en provoquant par exemple un conflit militaire généralisé ? On l’ignore encore. Il n’en demeure pas moins que la tentation est forte ; car derrière cette hypothèse se profilent un surarmement de la planète et une crise pétrolière qui auraient pour conséquence de doper l’économie américaine au détriment de l’économie européenne.
Est-ce cet objectif que les Américains veulent atteindre ? La question est posée. Il n’en demeure pas moins que dans tous les cas, si une réponse économique n’est pas rapidement apportée à cette crise financière, certains pourraient ne pas hésiter à la résoudre par d’autres moyens que pacifiques.