L'idée évoquée vendredi par Jacques Chirac d'une nouvelle agence des Nations unies compétente sur toutes les questions environnementales fait déjà l'objet de discussions informelles à l'Onu. Mais sa création prendra du temps.
Aucun consensus n'existe à ce stade au plan international quant au bien-fondé d'une telle proposition. Une table ronde organisée vendredi à Paris a montré que des désaccords persistaient en outre entre les défenseurs d'une telle idée sur les questions cruciales de son financement, de ses attributions, et même de son nom.
""Le problème est complexe"", a reconnu vendredi soir Alain Juppé, président du comité d'honneur de la Conférence pour une gouvernance écologique mondiale, qui s'achève samedi.
""Les discussions ont commencé aux Nations unies depuis trois ans maintenant"", a-t-il dit à Reuters. ""C'est vrai que c'est lent mais le but de la conférence est d'essayer de donner une impulsion nouvelle en constituant ce groupe premier des amis de l'Organisation des Nations unies pour l'environnement (Onue)."" Il existe aujourd'hui près de 500 accords multilatéraux sur l'environnement. Et une vingtaine d'agences onusiennes, dont le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), ou d'organisations financières internationales sont compétentes en la matière.
DE PREMIERES D CISIONS A L'AUTOMNE? Cette fragmentation est une des raisons invoquées pour expliquer l'impuissance actuelle des Nations unies sur les questions d'environnement. La volonté politique en est une autre.
""Pourquoi le Pnue est faible? Parce que les gouvernements l'ont voulu faible. Pourquoi l'Organisation mondiale du commerce est forte? Parce que les gouvernements l'ont voulu forte"", a déclaré vendredi lors de la table-ronde Cristian Maquieira, directeur de l'Environnement au ministère chilien des Affaires étrangères.
La publication, vendredi, d'un nouveau rapport de l'Onu pointant avec un degré de certitude jamais atteint la responsabilité humaine dans le réchauffement de la planète a renforcé la nécessité d'une réponse urgente et coordonnée aux défis climatiques.
Le sommet de New York en 2005 avait retenu le principe d'une amélioration de la gouvernance en matière d'environnement. Dans ce contexte, des consultations informelles ont été engagées en marge de l'Assemblée générale de l'Onu sur le sujet.
De source proche de l'Onu, on a affirmé vendredi à Reuters qu'un ensemble d'améliorations des structures onusiennes existantes pourrait être soumis aux Nations unies dès l'automne prochain, lors de la prochaine Assemblée générale. Il ne s'agira alors pas de créer une nouvelle agence, mais ces mesures sont présentées comme un premier train de réformes en ce sens.
""NOUS GAGNERIONS A ETRE PLUS DIRECTS"" ""C'est en terme de mois que l'on peut espérer faire bouger les choses, d'ici la prochaine Assemblée générale de l'Onu"", a confié pour sa part Alain Juppé à Reuters.
En attendant, les quatre heures de table ronde, auxquels participaient plusieurs dizaines de ministres et d'experts internationaux des questions de gouvernance, n'ont pas permis de définir clairement les contours de la future organisation.
Il y a les avocats d'une évolution graduelle et les partisans d'une franche rupture.
Certains, à l'instar de Laurence Tubiana, directrice de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), préconisent une ""institution moderne"" adaptée au nouveau contexte géopolitique, qui ait une autorité scientifique et une autorité d'alerte.
D'autres estiment qu'il est urgent que les discussions environnementales se déroulent au plus haut niveau.
""L'avenir de l'humanité n'est pas une question qui doit être réglée par les experts mais les chefs d'Etat"", dit le ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel.
Notant le décalage entre l'urgence du problème écologique et la lenteur de la prise de décision au niveau international, il ajoute: ""Parfois, nous gagnerions à être plus directs"" avant d'annoncer dans un sourire: ""Je ne serai jamais un diplomate."" (Reuters)