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Catégorie : Science & technologie
L'accueil enthousiaste réservé par le grand public au portail Google Earth, qui fêtera en juin son premier anniversaire, bouscule les cartographes, qui ne savent s'il faut y voir un concurrent redoutable ou une formidable opportunité de développement. "L'arrivée de Google Earth nous pousse à nous remettre en question, par son interface brillante et par les importants moyens financiers dont il dispose", relève Alain Buogo, de l'Office fédéral de topographie suisse.

En France, l'Institut géographique national (IGN) "réfléchissait depuis des années" à mettre ses données en ligne. "Le gros séisme de l'arrivée de Google Earth nous a obligés à franchir le pas", ajoute Didier Richard, chef de projet à l'IGN, intervenant lors d'un colloque organisé par le salon Geo-Evénement.

L'IGN ouvrira le mois prochain un site concurrent de celui de l'Américain, limité au territoire national, mais à la résolution plus fine. La visualisation des informations en relief sera possible à compter de septembre.

Comme sa maison-mère Google, le logiciel américain vit essentiellement de liens sponsorisés (hôtels, restaurants...), sans grands rapports avec l'activité cartographique traditionnelle. Mais il y a un siècle, la profession avait déjà été révolutionnée par l'intrusion de fabricants de voitures et de pneumatiques, qui souhaitaient d'abord pouvoir ainsi vendre leurs voitures et leurs pneus, rappelle Thierry Rousselin, du cabinet de conseil Geo212.

Pour plusieurs intervenants, Google Earth s'est d'ores et déjà imposé comme un outil indispensable pour un usage "de tous les jours". Mais il ne pourra pas remplacer les gros systèmes d'informations géographiques (SIG) dont se dont dotés administrations et collectivités pour gérer leur territoire.

Au salon Geo-Evènement, qui se termine jeudi, nombre d'exposants soulignent que l'une des fonctionnalités clef de Google Earth - la possiblité de visualiser des informations cartographiques en trois dimensions - va devenir incontournable pour tous leurs clients en contact avec le grand public.

"Lire une carte, ce n'est pas évident. Recourir à la 3D permet de fournir des informations immédiatement perceptibles par le grand public", souligne Romuald Delmont, dont la société Archivideo commercialise un logiciel permettant de reconstituer automatiquement une ville en trois dimensions.

Ce type de logiciel permet par exemple à une municipalité de présenter un nouvel équipement architectural dans son environnement.

"Autour d'une maquette 3D, tous le monde peut discuter, parce qu'elle permet une vision plus naturelle, alors que la donnée cartographique est réservée aux professionnels", note Fabien Dachicourt, de la la société SpacEyes.

La société danoise Contex permet d'aller plus loin encore, avec son imprimante couleurs en trois dimensions. Cette machine peut éditer des objets en 3D de 35 cm de long, 25 cm de large et 20 cm de haut. A chaque passage, la machine dépose un dixième de millimètre de poudre colorée qui permet de façonner des plans en relief (ou tout autre objet en trois dimension).

En 324 passages et une heure de demie, l'engin peut sortir un plan en relief de Paris.

Par Frédéric GARLAN PARIS, 18 mai 2006 (AFP)