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Catégorie : Editorial
Le 26 août 2004, l’assassinat du journaliste italien Enzo Baldoni, nous a martyrisé, aujourd’hui ce sont deux journalistes français qui sont entre les mains d’un groupe qui menace de les assassiner et exige pour leur libération l’annulation de la loi française sur les signes religieux. Je suis journaliste, français, musulman. Dans le respect des lois et avec un esprit démocratique, mon parlement, l’instance législative, a voté le 15 mars 2004 une loi interdisant les signes religieux à l’école. Je respecte l’application de cette loi qui entre en vigueur à partir de septembre 2004. Cette loi émane des institutions démocratiques de mon pays et je refuse tout acte usant de la violence pour l’expression d’un autre point de vue.

Cette loi est considérée par certains milieux religieux musulmans comme répressive, il faudra la comprendre dans le contexte français et la projeter dans l’histoire laïque de la France. Un regard objectif sur le culte musulman de France décline une très grande acceptation de ce culte par les institutions et la société françaises.
Malheureusement, certains milieux religieux continuent à ignorer volontairement ou non les nombreuses avancées réalisées pour une meilleure représentation du culte musulman en France. Ce qui fait de la France chez certains milieux dans le monde arabe et musulman un pays méprisant les musulmans. Un amalgame est souvent fait entre la pratique religieuse et les situations précaires et discriminatoires que peuvent rencontrer certaines franges des populations issues de l’immigration maghrébine.

J’appelle à une mobilisation spontanée des milieux médiatiques musulmans : organes de presse ou journalistes de manifester leur soutien aux deux confrères Christian Chesnot et Georges Malbrunot et de revoir leur couverture du fait musulman en France.

Par cet appel, j’espère que ceux qui ont appelé à considérer le 4 septembre 2004 la journée internationale du solidarité avec les filles portant le foulard, vont annuler leur décision comme signe de protestation contre la prise en otage des deux confrères et se montrer aussi imaginatifs pour exprimer leur solidarité avec les deux journalistes français.

J’espère également que les relais d’appel constitués pour l’orientation et le soutien des filles vont être dissous.

C’est une responsabilité également de la part des organisations musulmanes de revoir leur discours et leur façon de faire et de positiver leur situation en France.

Les musulmans de France ne peuvent pas accepter cette utilisation de leur religion pour des fins obscures et ne peuvent pas rester insensibles devant l’entrave de la liberté d’expression et le travestissement de leur religion.

Hakim El ghissassi
Fondateur du magazine la médina et directeur du site www.sezame.info
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* Christian Chesnot est pigiste des radios publiques Radio France et Radio France Internationale (RFI), et Georges Malbrunot, envoyé spécial du Figaro et de Ouest-France

** le 12 juillet 2004, lors d’un colloque organisé à Londres sous le patronage du Ken Livingstone, Maire de Londres, auquel a participé Cheikh Youssef Al-Qaradawi, président du conseil européen de la fatwa et des recherhces et l’intellectuel musulman Tariq Ramadan, il a été décidé de considérer le 4 septembre 2004 une journée internationale de solidarité avec les filles qui portent le hijab (foulard islamique). Les congressistes ont également adopté un plan d’information sur l’importance du hijab pour les femmes musulmanes qui choisissent de le porter.

Le 22 septembre 2004, une salle a été réservée au parlement européen pour informer les parlementaires européens sur le hijab.

Le colloque a été organisé par l’association la femme musulmane en Grande Bretagne et l’association islamique de grande Bretagne pour la défense des musulmanes qui portent le hijab. Plus de 300 personnes représentants 102 associations britanniques et internationales ont été conviées à ce colloque.

Au cœur du débat sur le foulard islamique à l’école en décembre 2003, Cheikh Youssef Al-Qaradawi et de nombreuses organisations musulmanes, en protestation à la loi française interdisant les signes religieux à l’école, ont appelé à considérer le 17 janvier une journée mondiale de soutien au hijab. Le 17 janvier 2004, la journée a connu une faible mobilisation.

Le 29 juin 2004 la cour européenne des droits de l’homme, pour la première fois, a confirmé l’exclusion d’une fille portant le foulard islamique de l’université turque, la cour considère que l’interdiction du port du foulard ne constitue pas une entrave à la liberté religieuse et qu’elle est un moyen de lutte contre les mouvements fondamentalistes et pour la protection de la laïcité turque. (breve publié sur le site sezame.info le 13 juillet 2004)