Depuis quelques années, le Maroc a vu le nombre d’associations s'accroître de façon considérable. En agissant sur le terrain, elles comblent le vide laissé par les partis politiques et le gouvernement.
Le dernier sondage effectué par l'organisme Maroc 2020 a été un plébiscite pour la société civile. Près de 50% des personnes interrogées ont déclaré se reconnaître dans une association, Viennent loin derrière les partis politiques, à raison de 11%. C’est dire aujourd’hui la place et le rôle que joue le milieu associatif au Maroc, qui compte près de 50000 associations, dont quelques milliers travaillent effectivement. Parmi celles-ci, près d’une cinquantaine sont implantées sur un plan national, les autres sont actives à un niveau régional et dans les quartiers et douars. Comment expliquer alors une telle prolifération et un tel développement ? Selon Nouredddine Ayouch, président de la Fondation Zakoura, "la société civile s’est considérablement développée pour combler un vide laissé par les partis et le gouvernement qui ne répondaient plus aux attentes d’une large population démunie, marginalisée, analphabète et révoltée par la corruption, le chômage galopant des jeunes et enfin l’absence de perspectives économiques, culturelles, sociales et idéologiques".
Sursaut des politiques à
la veille des législatives
C’est ainsi que durant la dernière décennie, les associations vont se multiplier et se diversifier, s’intéressant à la défense des droits humains (OMDH et AMDH), aux droits des femmes (ADFM, Jossour, UAF, …), à l’économie (à travers le micro-crédit qui comptabilise près de 300000 clients), ou encore à l’environnement (près de 300 associations prétendent s’y intéresser), à l’éducation et à l’enfance... L’aspect culturel s’est considérablement développé avec la création durant ces trois dernières années d’un nombre impressionnant d’associations qui défendent l’identité berbère, permettant au mouvement berbère de s’affirmer en affichant son poids politique, culturel et social.
A travers les années, les associations ont commencé à occuper le terrain et leur rôle grandissant s’est avéré être d’une grande importance. Le roi Mohamed VI, au cours de nombreux discours, a affirmé que le rôle rempli par la société civile est aussi important que celui du gouvernement. Face à cet état des choses, les ministres en poste ont signé plusieurs contrats de partenariats avec des associations, notamment dans les domaines de l’alphabétisation, de l’éducation non formelle et du micro-crédit. Néanmoins, selon Noureddine Ayouch, "les partis politiques, se sentant dépassés et agacés par l’activité débordante de ces associations et leur proximité avec les populations, ont commencé à investir les domaines du social et de l’éducation afin de jouer leur rôle originel". Mais il existe aussi une autre raison à ce sursaut. A quelques semaines des élections législatives, ces partis ont tout intérêt à occuper le terrain de nouveau et à s’intéresser aux attentes des Marocains.