Journée cruciale dans la crise du contrat première embauche (CPE).
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- Écrit par SEZAME
- Catégorie : France
Le front anti-CPE espère que ce mardi noir fera reculer Dominique de Villepin, toujours déterminé à aller jusqu'au bout. A la veille de cette journée, le Premier ministre a invité les syndicats et les organisations étudiantes à venir mercredi à Matignon pour discuter des "aménagements" au CPE. Les principales centrales syndicales ont décliné l'invitation.
L'ambiance était lundi à la veillée d'armes dans les deux camps. Côté syndical, on préparait la mobilisation. Quelque 200 manifestations sont à nouveau prévues dans tout le pays. Dans la capitale, le cortège partira vers 14h30 de la place d'Italie en direction de la République. Les manifestations seront placées sous haute surveillance policière par crainte des casseurs.
Les syndicats attendent une mobilisation "forte" et espèrent réunir encore plus de monde que le 18 mars. Entre 530.000 et un million et demi de personnes étaient alors descendues dans la rue, selon les sources. "Cela peut être un tournant", espérait dimanche soir le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault.
Pour la première fois en huit semaines de mobilisation anti-CPE, de nombreux préavis de grève ont été déposés pour cette journée, notamment dans les transports. Le trafic devait être perturbé à partir de 20h lundi soir à la SNCF. Les syndicats ont enregistré "davantage de préavis de grève que lors du mouvement sur les retraites en 2003", selon Jean-Claude Mailly (FO).
Les anti-CPE bénéficient toujours du soutien de l'opinion publique: 62% des Français sont solidaires du mouvement, selon un sondage Ipsos pour France-2 et "Le Monde" publié lundi. Dans le même temps, 50% des personnes interrogées souhaitent que le CPE soit "maintenu avec des aménagements".
Les ténors de la gauche, qui seront mardi dans tous les cortèges, pressent Jacques Chirac d'intervenir. Le socialiste Laurent Fabius a ainsi écrit au chef de l'Etat pour qu'il demande au Parlement une deuxième délibération de la loi sur l'égalité des chances, qui crée le CPE, comme l'article 10 de la Constitution l'y autorise.
"Ce qui est important, c'est que le dialogue se noue. On est toujours dans ce temps-là", répondait-on lundi dans l'entourage du chef de l'Etat. Et d'assurer qu'aucune intervention de Jacques Chirac n'était pour l'heure programmée.
En fin d'après-midi, Dominique de Villepin a écrit aux syndicats et organisations étudiantes afin de les inviter séparément mercredi après-midi à Matignon "pour avancer et sortir de la crise actuelle".
Le Premier ministre renouvelle son offre de discuter "des aménagements à apporter au contrat première embauche, en particulier sur les deux points qui focalisent aujourd'hui les inquiétudes: la durée de la période de consolidation de l'emploi et les modalités de la rupture".
Cette proposition a été immédiatement rejetée par les syndicats, qui font du retrait du CPE un préalable à toute nouvelle discussion et soupçonnent le gouvernement de vouloir les diviser.
"Si c'est pour des améliorations ou des aménagements, nous n'irons pas", expliquait-on dans dans l'entourage de Bernard Thibault. Le son de cloche était le même du côté de FO et de la CFDT. Parmi les organisations étudiantes, seule l'UNI (droite) avait répondu positivement lundi soir.
Fort du soutien de l'Elysée, Dominique de Villepin -qui fêtait dimanche son 300e jour à Matignon- espère toujours sauver son CPE. Le chef du gouvernement mise visiblement sur un essoufflement du mouvement à l'approche des vacances de Pâques, qui commencent dans deux semaines.
Le Premier ministre est cependant de plus en plus critiqué au sein de sa majorité par Nicolas Sarkozy et ses proches, préoccupés par les conséquences de la crise sur les élections de 2007. "On peut être ferme sans être rigide", a lancé le président de l'UMP, qui tenait lundi soir à Douai (Nord) le premier meeting de sa campagne présidentielle.
Dans cette situation d'impasse, les regards se tournent vers le Conseil constitutionnel, dont la décision sur la loi égalité des chances est attendue cette semaine, en principe jeudi. Si les "sages", saisis par les députés et sénateurs socialistes, retoquaient le CPE, ils mettraient fin à la crise. A l'inverse, si le CPE était validé, Jacques Chirac n'aurait plus qu'à promulguer la loi pour qu'elle entre en application.
Dans ces conditions, la journée d'action de mardi pourrait ne pas être la dernière. L'intersyndicale doit se réunir dès mercredi matin pour décider des suites du mouvement. source AP 27.03.06