L’imam de Sartène, M Mohamed El Atrache, âgé de 53 ans a échappé de peu à la mort dans la nuit de vendredi à Samedi. Vers 2h30 le samedi 27 novembre, des inconnus ont tiré plusieurs coups de feu sur la porte d'une maison abritant une association culturelle musulmane et un lieu de culte. Les agresseurs ont tracé une grande croix gammée sur le sol devant la porte et écrit "Arabi Fora" ("les Arabes dehors", en langue corse). Une forte communauté d’origine marocaine est installée en corse depuis des dizaines d’années.
M Bertrand Delanoë était l’un des premiers hommes politiques à réagir à cette tentative d’attentat, il s'est dit "consterné" samedi après "l'acte inqualifiable" qui a visé l’imam de Sartène et lui a adressé un "message de solidarité et d'amitié".
Le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Fouad Alaoui également secrétaire géneral de l'UOIF a réclamé "une protection de proximité des lieux de culte musulmans en Corse". « Pour marquer son témoignage de solidarité, l’association NEÔMAROC coprésidé par MM Khalil MEROUN et George ASSERAF appel à une manifestation le samedi 11 Décembre 2004 à 14h00, départ Place de la Bastille , arrivée Place Mohamed V « institut du Monde Arabe ».
Le président de l'assemblée de Corse Camille de Rocca Serra a condamné samedi l'attentat , il a estimé que que cet acte était "une injure à tous les Corses". "L'attentat (...) plonge la Corse dans l'indignation et l'effroi (...). cet acte odieux à caractère raciste et religieux est une injure à tous les Corses", écrit M. Rocca Serra dans un communique transmis à l'AFP.

Une enquête pour "tentative d'assassinat" a été ouverte par la gendarmerie.
"La croix gammée (...) donne la nausée à tous ceux qui se souviennent combien les Corses ont lutté pour vaincre le nazisme et retrouver la liberté", ajoute le président de l'assemblée de Corse.
"La Corse entière doit s'opposer à cette escalade d'intolérance et de fanatisme car la violence, la xénophobie, nous conduiront collectivement à notre perte", poursuit-il, exprimant son "soutien" à l'imam.

Une équipe de l'Institut de recherche criminelle (IRC) de la gendarmerie a été dépêchée en Corse samedi après-midi pour participer à l'enquête sur les coups de feu tirés sur une mosquée de Sartène, a-t-on appris de source proche de l'enquête.
Cette équipe comporte notamment des experts en balistique, ainsi que des spécialistes en police technique et scientifique (PTS) "pour les domaines utiles à l'enquête", a-t-on ajouté.
Les gendarmes de l'IRC de Rosny-sous-Bois sont envoyés pour prendre part aux enquêtes jugées prioritaires.
Par ailleurs, le bureau antiterroriste de la sous-direction de la police judiciaire (SDPJ) de la gendarmerie est associé aux investigations menées par les gendarmes de la légion de Corse qui enquêtent en flagrance pour tentative d'assassinat, a-t-on ajouté.
Dans la nuit de vendredi à samedi, plusieurs coups de feu ont été tirés à travers la porte d'une maison de Sartène abritant un lieu de culte musulman, alors que l'imam se trouvait à l'intérieur.

La Corse est en proie depuis plus d'un an à une recrudescence de violences racistes visant la communauté maghrébine.


2002

- 29 décembre: "Resistenza Corsa", un groupe alors inconnu, revendique plusieurs attentats perpétrés à Bastia, dont certains à caractère raciste. Il dit avoir agi "en représailles à l'agression récente de jeune Bastiais", et "contre la drogue, la délinquance et la présence de communautés étrangères".

2003

- 24 avril: Un attentat à l'explosif vise le local de l'Association des Marocains en Corse, à Ajaccio.
Un mois plus tôt, les préfets des deux départements de Corse s'étaient dit "préoccupés" par la distribution d'un tract évoquant "la pression de l'invasion arabo-musulmane" et signé par une mystérieuse "organisation secrète corse" (OSC).

- 26 mai: Attentat contre un bar à Bastia fréquenté par la communauté maghrébine et tentatives d'attentat contre deux autres commerces de la ville. Ces actions seront revendiquées par "Resistenza Corsa".

2004

- 19 mars: Une charge de faible puissance explose à Bastia, théâtre la veille de bagarres entre des lycéens d'origine maghrébine et corse. Publicité


L'acte est revendiqué le 22 mars par un groupe clandestin corse inconnu, I Clandestini Corsi ("Les clandestins corses"). Le 30, dans une lettre adressée à la police, il annonce son intention de "s'attaquer aux communautés extérieures vivant sur l'île".

- 22 mai: Le drapeau du consulat du Maroc, à Biguglia, dans la banlieue de Bastia, est enlevé et brûlé.
Le lendemain, une boucherie appartenant à une famille marocaine est endommagée par un attentat à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud).

- 7 juillet: I Clandestini Corsi revendique trois attentats commis le 1er juillet contre une banque à Biguglia et deux commerces appartenant à des Maghrébins à Bastia. Affirmant vouloir "stopper l'immigration qui ronge l'île depuis trop d'années déjà", il menace: "Ils seront touchés à leur domicile privé et des éliminations physiques seront perpétrées contre les plus réticents".

- 3 septembre: La maison en construction d'un artisan d'origine maghrébine est partiellement détruite par un engin explosif à Biguglia.
Le 19 juillet, elle avait déjà été la cible d'une tentative d'attentat et des inscriptions "Terra Corsa, I Arabi Fora" (Terre corse, les Arabes dehors), signées d'un "Mouvement Clandestin Anonyme" (MCA), avaient été découvertes sur les murs.

- 12 septembre: Attentat contre la voiture d'un Marocain à Bastia. "A droga fora" ("la drogue dehors") et le sigle "MCA" sont découverts sur l'immeuble voisin.

- 18 septembre: Le véhicule de fonction d'un employé du consulat du Maroc fait l'objet d'une tentative d'attentat à Biguglia.

- 30 septembre: Le conseil général de Corse-du-Sud adopte à l'unanimité une motion "condamnant le racisme et la xénophobie".

- 18 octobre: Selon le rapport de l'écrivain Jean-Christophe Rufin sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme publié par le gouvernement, plus de la moitié des violences racistes commises en France surviennent en Corse, visant quasi-exclusivement la communauté maghrébine.

- 25 octobre: Tirs contre un local de prières musulman à l'Ile-Rousse, en Haute-Corse. Le 23, quelque 2.000 personnes avaient manifesté à Ajaccio pour protester contre la recrudescence des violences anti-Maghrébins.

- 26 novembre: Cinq jeunes soupçonnés d'appartenir au groupuscule armé Clandestini Corsi sont mis en examen à Paris, portant à 14 le nombre total de mis en examen dans ce dossier.

- 27 novembre: Attentat contre l'imam de la mosquée de Sartène.

Source : Nouvel observateur et AFP