Depuis le 30 Septembre 2005, le Danemark se trouve au centre d’une polémique après la publication par un quotidien conservateur danois de caricatures du prophète Muhammad. Le débat a bénéficié d’une audience médiatique internationale et n’a laissé indifférent personne.
Que les prises de position les plus réprobatrices soient venues du monde arabo-musulman et de la communauté musulmane installée en Europe, n’étonne personne. Ils étaient profondément choqués qu’on ait violé la sacralité de leurs croyances. Ce qui rend ces réactions plus parlantes, c’est le sentiment pour la communauté musulmane d’une injustice et d’une hiérarchisation dans l’atteinte au sacré. Aux yeux des Musulmans, cette affaire est une nouvelle agression contre une communauté qui se sent incomprise surtout depuis le 11 Septembre. Ce sentiment ne se limite plus aux groupuscules extrémistes mais tend à s’immiscer dans des milieux qui doivent être à l’avant-garde de la tolérance, du réfléchi et du dialogue. Aussi, le vœu n’est pas de se focaliser sur l’Islam, mais de respecter toutes les croyances et les différences. La liberté d’expression et la démocratie supposent un esprit de responsabilité vis-à-vis de soi et des autres. La violence, physique ou verbale et les réactions de rejet sont condamnables d’où qu’elles viennent ; mais cette éthique est valable pour toutes les cultures et toutes les confessions. Celui qui prône la tolérance et le message universel des droits de l’homme, auxquels nous croyons, doit y croire lui-même et doit donner l’exemple dans une acceptation réciproque et apaisée des différences.
Le dialogue entre les religions, le respect, la tolérance ne doivent plus être des thèmes de séminaires mais des réalités agissantes. Afin d’apaiser les esprits, Dominique de Villepin a appelé à "concilier" l'"exigence de liberté et l'exigence de respect", en évitant "tout ce qui blesse inutilement et en particulier dans le domaine des convictions religieuses". Le Conseil Supérieur des Oulémas (leaders religieux) au Maroc, présidé par SM le Roi Mohamed VI, Commandeur des croyants, a condamné mardi la publication de ces caricatures et a regretté "qu'elle soit venue pour offenser les sentiments des Musulmans et les détourner de leurs objectifs qui consistent à instaurer la concorde, la paix et les valeurs de rapprochement". Dans le même sens, pour le grand Rabbin de France Joseph Sitruk "On ne gagne rien à rabaisser les religions, à les humilier et à en faire des caricatures. C'est un manque d'honnêteté intellectuelle et de respect". Pour Mgr Stanislas Lalanne, le secrétaire général de la Conférence des évêques de France (CEF), La liberté d’expression comporte "des devoirs et des responsabilités" et la "liberté d’expression, oui, à condition de respecter ce qui fait les convictions profondes et intimes des croyants".
L’excès d’un côté entraîne l’excès de l’autre. Il est temps que le feu s’éteigne et que les réactions vives cessent. L’esprit de la mesure doit prendre le dessus pour laisser place dans l’avenir à un référentiel éthique et déontologique commun. Un débat post-polémique doit avoir lieu pour, à l’avenir, se situer dans une dynamique plutôt active que réactive.

La rédaction, Sezame