'Nous prônons un islam de juste milieu”. Entretien avec Abdellah Boussouf, membre de la Coordination des listes indépendantes proche de la FNMF(1)
· “Le malékisme, une opportunité de conciliation entre l’Orient et l’Occident”
· “Nous ne cachons pas que nous sommes Marocains et fiers de l’être” La Coordination des listes indépendantes proche de la Fédération nationale des musulmans de France a obtenu 19 sièges sur les 43 du Conseil d’administration du Conseil français du culte musulman. Celui-ci désignera le 26 juin 2005 le prochain bureau exécutif du CFCM. Lors des élections de 2003, la FNMF comptait 16 sièges.
La Coordination et les listes de la FNMF ont obtenu 44% des voix exprimées, en 2003 ils ont eu 34%, une progression de 10 points. Abdellah Boussouf, historien, ancien recteur de la mosquée de Strasbourg, est l’actuelle personnalité forte de la FNMF.
Il a été désigné par cette dernière dans le bureau du CFCM ce qui lui permettra d’être le prochain vice-président du CFCM, qui sera présidé pour une deuxième fois par le recteur de la Mosquée de Paris Dr Dalil Boubakeur.

- L’Economiste: Quels enseignements concluez-vous du scrutin du 19 juin 2005?
- Abdellah Boussouf: L’enseignement essentiel est que la communauté marocaine est présente sur le terrain. C’est une communauté qui a montré sa maturité. Elle est soudée et défend les intérêts de l’islam et de la France ainsi que ceux du pays d’origine, le Maroc.

- Vos concurrents vous reprochent d’être sous influence étrangère à savoir marocaine?
- Nous sommes clairs avec notre pays d’origine. Nous traitons avec des institutions cultuelles et culturelles. Nous ne cachons pas que nous sommes des Marocains et fiers de l’être. Nous sommes un élément de stabilité et de participation positive à la vie de la société.

- Quelle place aux autres composantes dans votre fédération?
- Dans notre projet, les composantes minoritaires subsahariennes ou turques seront défendues.

- Quelles sont les grandes lignes de votre projet?
- Oeuvrer pour une meilleure visibilité de l’islam, approfondir les relations avec les différentes composantes de la société, faire participer les femmes à nos différentes instances, favoriser l’émergence d’une élite jeune et défendre la diversité des cultures. Nous prônons un islam de juste milieu, de tolérance et humain. Notre socle de référence est le rite malékite qui représente une opportunité pour la conciliation entre l’islam et l’occident. Les grandes figures de ce rite, Averroès, Ibn Arabi, Ibn Khaldoune… sont très appréciés en Occident pour leur rationalité et leur ouverture.

- Quel type de partenariat allez-vous établir avec le Maroc?
- Le maximum de choses pour aider notre communauté dans le respect et sans ingérence dans nos affaires.

- Le FNMF a connu ces derniers mois des crises internes, quel avenir pour cette fédération?
- Sur décision du conseil d’administration de la FNMF, nous avons créé une coordination composée de marocains issus de la FNMF et d’autres qui ne le sont pas dans le but de rassembler toutes les potentialités. Il n’y a pas d’ambiguïté dans ceci. Mohamed Bechari n’a rien avoir avec ces élections. Le CA de la FNMF a décidé d’être représenté le lundi 20 juin à la rencontre qui aura lieu avec Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, le porte-parole de la coordination, Abderrahim Berkaoui, et moi-même. Nous procéderons dans les semaines qui viennent à la restructuration de la FNMF avec la création des délégations régionales et l’élection d’un nouveau président et d’un nouveau conseil d’administration.

Propos recueillis par
Hakim EL GHISSASSI
source : l'economiste 21/06/05
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(1) Il est également pressenti pour la vice-présidence du CFCM.