Malgré l’existence de législations respectueuses des droits humains, pourquoi les musulmans ne jouissent-ils pas d’une liberté de culte sans entraves, à l’égale de celle qui est reconnue aux fidèles d’autres confessions ? Telle est la question de départ de l’ouvrage qui fait le point sur la présence musulmane en Occident. Environ treize millions de musulmans en Europe occidentale et près de six millions en Amérique du Nord participent à la vie de nos sociétés démocratiques. La présence musulmane demeure majoritairement issue des migrations internationales, mais avec l’accélération des naturalisations, l’apparition d’autochtones convertis et l’avènement de générations nées en Occident, elle cesse d’être un fait importé. Ces personnes diversement croyantes et pratiquantes réclament le droit de vivre leur religion dans la paix, la dignité et la légalité. Bien que très variable d’un cas à l’autre, le degré d’institutionnalisation du culte islamique n’atteint nulle part le niveau de la reconnaissance parfaite, sur un pied d’égalité avec les autres cultes, dans le respect des textes constitutionnels et des conventions internationales qui garantissent la liberté de conscience. Les identités musulmanes et les pratiques islamiques de demain en Europe et en Amérique seront sans doute déterminées par l’évolution de cette question. Premier d’une série de plusieurs ouvrages qui seront consacrés aux musulmans et à l’islam en Occident, ce livre est l’œuvre d’un réseau international de spécialistes coordonnés par l’IRFAM. L’ouvrage propose des éléments de compréhension institutionnelle et macrosociologique de la problématique dans huit pays (Allemagne, Belgique, Canada, Etats-Unis, Espagne, France, Italie et Royaume-Uni). Dans une perspective comparative, chaque contribution nationale aborde les caractéristiques sociologiques de la population musulmane, l’état de la reconnaissance officielle du culte islamique et le bilan de l’intégration des musulmans. Le volume se clôture sur une analyse des mécanismes de production de l’islamophobie, puis sur une comparaison des acteurs et des facteurs de la reconnaissance, qui tente de dégager les causes du traitement différent réservé à ce culte et de formuler des recommandations politiques.

Ural Manço

Assistant aux Facultés universitaires Saint-Louis à Bruxelles et chercheur au Centre d’études sociologiques de la même institution. Ses travaux portent sur la sociologie de l’islam en Europe et en Turquie.