El Djazaïr, année de l'Algérie en France, propose durant toute l'année 2003 un ensemble de deux mille manifestations pour faire découvrir la création et le patrimoine algériens au public français. Avant-programme présenté par Françoise Allaire, commissaire général de l'événement.

La France entretient des relations avec l’Algérie comme avec aucun autre pays dans le monde". C’est en ces termes que Françoise Allaire, commissaire générale de l'Année de l'Algérie en France co-organisée par l’Afaa, débuta l’entretien autour d'un événement qui va voir se dérouler pas moins de 2000 manifestations sur l’ensemble de l’Hexagone durant l’année 2003, grâce à un budget de plus de 20 millions d’euros. C’est la première fois qu’un pays est aussi longtemps à l’honneur (12 mois) alors qu’habituellement, les saisons culturelles dépassent rarement un semestre, à une exception près, le Maroc : les manifestations s’étaient alors déroulées sur une période de huit mois en 1999.
Née d'une entrevue entre Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika lors de la visite d’Etat de celui-ci en France en avril 2000, cette année de l’Algérie en France a trois objectifs. Le premier, et non des moindres, est de faire connaître l’Algérie aux Français. Car "les Français ne connaissent pas l’Algérie", se plaît à répéter deux fois Françoise Allaire. Les Français sont prisonniers de la mémoire des plus de 50 ans, celle des appelés pendant la guerre d’Algérie, qui n’ont pas mis à jour leurs connaissances. Et ceux qui ont moins de 50 ans n’ont qu’une connaissance médiatique de l’Algérie. Les événements tragiques qui secouent l’Algérie depuis dix ans ont faussé la compréhension du pays. Tout est donc à refaire de ce point de vue. De plus, l’absence de politique touristique de l’Algérie, à l'inverse de la Tunisie et du Maroc, n’a pas aidé à la rencontre des Français avec l’Algérie.
"Faciliter l’intégration de la communauté algérienne en France" est le deuxième objectif avoué de cette année de l’Algérie. Forte de 2,5 millions de personnes, c’est la plus importante communauté d’origine étrangère en France. "Nous voulons, par les différentes manifestations que nous organiserons ou soutiendrons, valoriser la présence des Algériens en France à travers la diffusion de leur culture artistique, qu'elle soit musicale, cinématographique ou littéraire".
Enfin, le troisième objectif assigné à cet événement, selon Françoise Allaire, est le partenariat franco-algérien dans le combat pour la diversité culturelle. La participation de Bouteflika au dernier sommet de la Francophonie à Beyrouth peut être considéré comme le premier pas majeur de cette collaboration culturelle entre Paris et Alger. A ce sujet, il faut signaler l’ouverture récente par la France à Alger du premier lycée international pour les lycéens algériens exclusivement. C’est la première fois que la France ouvre un établissement scolaire de ce genre à l’étranger. Plus que jamais, Paris fait la cour à Alger et ne veut pour rien au monde manquer ces premières noces du troisième millénaire pour effacer, tout au moins amadouer, les vieilles rancoeurs d’Alger à l’encontre de son ancienne mère-patrie.
Pour l’Algérie, cette année 2003 est l’occasion d’améliorer son image auprès de la population française. C’est aussi et surtout la possibilité de reconstruire son tissu culturel et de le faire connaître à l’étranger par le soutien à plus de 200 projets culturels. Le théâtre national d’Alger a produit onze nouvelles mises en scène rien qu’en 2002. D’ailleurs, Ziani Cherif, directeur du Théâtre national d’Alger est en charge de la section "Mise en scène et danses" au sein du commissariat algérien.
Le commissariat algérien de cette année de l’Algérie en France 2003, présidé par Mohamed Raouraoua, fort d’un staff de plus de trente personnes, a pu soutenir la publication de quatre cents livres, la production de huit longs métrages et de onze mises en scène. Parmi les expositions, notons celle de "L’Antiquité romaine en Algérie", qui aura lieu à Arles et à l’Institut du monde arabe. Le commissariat algérien prend en charge la totalité des transports de personnes et de marchandises de l’Algérie vers la France.
Côté France, cette année de l’Algérie permet à des chorégraphes talentueux comme Kader Attou et Mourad Merzouki de travailler avec leur pays d’origine. Un spectacle est en cours de préparation avec de jeunes danseurs algériens. Il a pour nom "Makench Mouchkil", en français "Y’a pas de problème".
Françoise Allaire ne manque de rappeler que l’Algérie "contribue beaucoup à l’enrichissement de la culture française dans le monde". Pour s’en convaincre, rappelons que Mohamed Dib et Assia Djebbar, auteurs algériens francophones, sont en lisse pour le prix Nobel de littérature. Et pour ceux qui doutent encore de l’attachement de la France aux créateurs algériens, la Comédie Française va pour la première fois, depuis sa création par le Cardinal Richelieu eu 1634, rendre hommage à un écrivain algérien d’expression française, Kateb Yacine. Fort de tant de promesses, cette année de l’Algérie en France ne peut être qu’un succès. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.