La ville mauritanienne de Nouadhibou, située à quelques kilomètres de la frontière marocaine, connaît actuellement une grande dynamique grâce à l’ouverture de la route reliant le Maroc et la Mauritanie. Un nouveau revêtement de 400 km de route a permis récemment de relier la Mauritanie à l’espace maghrébin, écartant ainsi l’idée selon laquelle la mer de sable a isolé ce pays de son environnement régional. Le lien commercial est en tout cas totalement ouvert entre la Mauritanie et le Maroc. La route est très fréquentée par les camions transportant diverses marchandises, provenant de Derb Ghallaf, célèbre quartier commercial de Casablanca. Nouadhibou, qui a été pendant longtemps un débouché pour les marchandises espagnoles, est aujourd’hui la première destination mauritanienne des produits marocains. Les Mauritaniens peuvent avoir accès pour la première fois aux agrumes du Maroc à un prix beaucoup plus bas que celui des produits espagnols qui, auparavant, inondaient le marché mauritanien. « Tout a changé depuis l’ouverture de la route. La Mauritanie est enfin devenue une partie du Maghreb arabe », souligne le journal Al Hayat, citant le témoignage d’un fonctionnaire d’une société de transit, Abdallah Ould Al Hafid, qui se dit confiant dans le fait que cette route contribue, à la résolution du conflit du Sahara occidental. La route, qui avait fait pendant un laps de temps l’objet de certaines réserves européennes, car considérée comme un passage pour l’immigration clandestine vers les îles Canaries, représente aujourd’hui l’un des rares résultats escomptés de l’échange entre les pays du Maghreb. Les fruits de ces relations avec le Maroc et les facilités accordées semblent apparemment avoir suscité la volonté de l’Algérie de concurrencer le Royaume à ce niveau. Le ministre algérien des infrastructures, M. Amr El Ghoul, a récemment conclu un accord avec son homologue mauritanien dans l’objectif de construire une route reliant la ville de Tindouf en Algérie à celle de Choum en Mauritanie avec une liaison ferroviaire reliant celle-ci au port de Nouadhibou. La Mauritanie, longtemps esseulée au sein même du Maghreb, sort peu à peu de sa torpeur légendaire. Mais le Maghreb n’est pas la seule région à s’intéresser de plus près à ce grand pays par la taille (plus d’un million de kilomètres carrés) mais très faiblement peuplé (un peu plus de trois millions d’habitants, essentiellement des bédouins). Depuis le 24 février dernier, la Mauritanie est en effet entrée par la grande porte du très fermé club des producteurs de pétrole de la planète. Le gisement offshore de Chinguetti, officiellement découvert en mai 2001 à 80 km au large de Nouakchott, a libéré ses premières gouttes de pétrole. D’après les estimations du Fonds monétaire international (FMI), la Mauritanie disposerait d’un potentiel minimal de 600 millions de barils, ce qui, à hauteur de 85 000 barils produits par jour, lui laisse vingt ans d’exploitation devant elle.