Les acteurs sociaux réclament plus des moyens pour faire un travail de fond auprès des jeunes. Mais sont-ils écoutés ? Située à 24 km au sud-est de Paris, Grigny est une commune sinistrée. Elle n’a pas échappé aux violences urbaines. La Grande Borne, un des quartiers de la ville, a connu des affrontements assez durs entre des jeunes et des policiers, avec tirs de pistolets à grenaille. Si la Grande Borne a toujours souffert d’une mauvaise réputation, il faut rappeler la portée sociale et politique des grands projets d’urbanisation des années 60 à l’origine de cette cité. Un concepteur de renom pour une architecture innovante : des immeubles à taille humaine colorés qui serpentent entourés par de nombreux espaces verts et des sculptures monumentales. Une enclave construite entre l’autoroute et la nationale située à deux pas de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Qui sont les habitants de la Grande Borne ? Il y a eu les populations expulsées de Paris et relogées à la Grande Borne. A cela se sont ajoutées des vagues successives d’immigration : turques, maghrébines, indiennes, africaines. Véritable ville dans la ville, cette cité HLM réputée sensible cumule tous les handicaps : rmistes, chômeurs, immigrés de fraîche date, jeunes issus de l’immigration dont certains en situation d’échec scolaire. En 2000, un grand projet de ville (GPV) a été lancé dans le but d’inverser le processus de concentration de la précarité sociale. Philippe Louison, président de la section foot de l’union sportive de Grigny (USG), dénonce le manque de moyens alloués à son association : « la mairie travaille mais elle manque de moyens. Elle est endettée. Par manque de moyens, nous sommes obligés de refuser des gamins. L’Etat ne nous aide pas ». Eduquer par le sport, tel est le credo de cette association. Ces violences urbaines n’ont pourtant pas découragé Jean-Jacques, animateur-éducateur bénévole à l’USG de Grigny : « Nous n’avons pas le droit de baisser les bras, on ne va pas laisser tomber les gamins. » De fait, le tissu associatif est très développé à Grigny. La ville compte 171 associations dans différents domaines : sport, éducation, culture, loisirs, etc. Autant d’associations qui sont le signe d’une mobilisation des Grignois pour que l’utopie républicaine «Liberté - Egalité - Fraternité» ne soit plus un rêve.