Depuis 1985, date de la création de la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF), des divergences entre l’Institut Musulman de la mosquée de Paris (IMMP) et le reste du tissu associatif musulman ont surgi. En effet, l’affaire Rushdie en 1989, la guerre du Golfe de 1991 ou encore l’affaire dite du foulard représentaient autant d'événements appelant à la nécessaire coordination des musulmans de France. La volonté d’adopter des positions concertées au préalable s’est manifestée dès lors parmi les principaux acteurs du champ religieux musulman de l’époque. De la colonisation à la libération … et vers une sédentarisation

Au début du siècle dernier, de petites salles de prières ont pu aisément voir le jour. Elles remplaçaient les tentes servant de lieu de prière aux soldats musulmans impliqués dans les différentes guerres que menait alors la France. La période coloniale verra pour sa part l’action des immigrés musulmans tendre vers l'appel à la décolonisation et à la libération de leurs pays d’origine. Et c'est avec la période post-coloniale que vont naître des associations à caractère culturel, comme le Centre Culturel Islamique en 1951 ou l’Association des Etudiants Islamiques de France en 1962, qui œuvraient pour une diffusion du savoir concernant l’islam et s'attelaient à nouer des contacts avec les milieux intellectuels et religieux français.
Les années 70 verront l’ouverture de lieux de prière au sein de certaines entreprises françaises, suivies en 1981 par la nouvelle loi régissant les associations, qui autorisera les étrangers à créer des associations. De nombreux lieux de culte seront ainsi institués, même si essentiellement dans des usines désaffectées ou dans des pavillons achetés dans les villes périphériques. Face à la pauvreté des populations musulmanes, des bienfaiteurs extérieurs seront cependant sollicités en vue de participer à la réhabilitation des lieux de prière.

C'est au milieu des années 80 qu'émergeront les premiers mouvements fédérateurs des associations musulmanes. Les musulmans amorceront ainsi leur sédentarisation par le biais du regroupement familial. La situation de l’Algérie, au début des années 90, scellera définitivement les discussions concernant le retour au pays, les signes de sédentarisation se faisant dès lors de plus en plus visibles : création d'institutions religieuses et identitaires, participation à la vie politique et civique, etc.

La Mosquée de Paris

La mosquée de Paris sera pour sa part inaugurée, après de longues années d’hésitation, en vue d'incarner le symbole de la puissance musulmane française (voir sur ce point le n°3 de la revue Islam et le numéro 15 du magazine La Médina)
L’Association des Etudiants Islamiques de France

Fondée en 1962, l’Association des Etudiants Islamiques de France (AEIF) verra des structures musulmanes analogues émerger en Belgique, en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Espagne. Ce sont des étudiants et des intellectuels musulmans actifs à cette époque qui seront à l’origine de la création de l’AEIF, dont la mosquée de Paris abritera le premier siège. Cette association sera très active au sein des milieux universitaires. Elle regroupait, à sa création, des musulmans issus de différentes tendances et aires culturelles, incarnant ainsi le seul lieu de l’époque où l'on pouvait discuter librement de la pensée musulmane.
L’AEIF a le mérite d'avoir favorisé l'installation des premiers lieux de prière à travers toute la France. Son esprit farouche d’indépendance et sa volonté de rester à l’abri des influences étrangères tout en contrant le sectarisme l’ont poussé à insuffler un esprit critique à ses membres. Parallèlement, la bibliothèque de l'AEIF, considérée comme l'un des lieux musulmans les plus fournis et diversifiés de l'époque, était fréquentée par de nombreux chercheurs. De même, l’AEIF était à l’origine de l’édition des premiers livres sur l'islam en français (la traduction du Coran de M. Hamidullah, la biographie du prophète, le vrai visage de l’islam, etc,) et de la première revue islamique de France (Le Musulman, 1972). Les cours du professeur Hamidullah ainsi que les rencontres, conférences et congrès nationaux constituaient des moments fervents de débats intellectuels. L’esprit de départ consistait à aider les étudiants provenant de l’étranger à trouver des lieux leur permettant d'approfondir leurs connaissances sur l’islam et de vivre leur foi en communauté; le but n’a ainsi jamais consisté en l'incarnation d'un syndicat étudiant, ni en l'expression d'opinions politiques ou en l'endossement d'un rôle de porte-parole de l’islam.
A la fin des années 70, l'UEIF va connaître une crise qui conduira à sa scission d'avec ce qui deviendra l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF). La conséquence directe en sera la perte de nombreux lieux de culte fondé jusqu'alors. Différents arguments seront avancés pour expliquer cette rupture, provoquée en réalité par la volonté - hégémonique - de certains de ses membres de rattacher l’AEIF au courant international des Frères Musulmans. Le caractère estudiantin de l’association fragilisera ainsi son élan et son devenir sera fonction du dynamisme de ses nouveaux membres.

Le Tabligh
Créé en Inde dans un contexte où les musulmans étaient minoritaires, l'action du Tabligh visait en premier lieu des musulmans dits "égarés". Sa présence en France est ancienne, et son action est dans une certaine mesure prosélyte. Son caractère libre l’encouragera à ne pas s’identifier à des mosquées, comme il n’aura pas pour mission de sédentariser l’islam ou de fonder des lieux de culte. Preuve de cela, le nombre très limité de mosquées que dirige le Tabligh au sein de la consultation. Mais il constituera néanmoins un moyen efficace pour attirer de nombreuses personnes dans les mosquées, et se révélera actif et opérationnel au sein des associations religieuses.

La mosquée Adda’wa
La création, en 1978, de la mosquée Adda’wa, émanait du fait de la volonté de ses fondateurs d’ériger un lieu de culte afin que les musulmans puissent prier en toute intimité. La volonté d’être en phase avec les couches populaires était l’un des aspects essentiels de cette création. De nombreux étudiants de l’AEIF ont activement participé, avec le soutien du Professeur Hamidullah, à ce processus, dont l'idée remontait à 1968. A ses débuts, le futur groupe fondateur de la mosquée accomplissait ses prières dans une chambre d’hôtel offerte par le créateur de l’Association Cultuelle Islamique. En 1976, l’église de Ménilmontant leur prêtera une salle afin qu’ils puissent accomplir leur prière du vendredi. Celle-ci s’avérant vite contiguë, la recherche d'un lieu plus grand s’imposera. Le choix se portera sur une usine de foie gras située dans le 19ème arrondissement de Paris. La réhabilitation de la mosquée se heurtait cependant régulièrement à l’opposition de la mairie de Paris, qui décidera en 1985 d’exproprier la mosquée. L’intervention du recteur de la mosquée de Paris de l’époque, le Cheikh Abbas, à l'occasion du premier congrès de la mosquée de Paris, permettra néanmoins de faire différer cette décision. Le permis de construction ne sera cependant attribué qu’après l’arrivée de la gauche à la tête de la Mairie de Paris, en 2001.

Du Groupement Islamique en France (GIF) à l’Union des Organisations Islamiques de France (UOIF)
Le Groupement Islamique en France (GIF), résultat d’une scission intervenue au sein de l’AEIF, sera l’un des principaux artisans de la création de l’UOIF, en 1983. Il s’est mobilisé dès ses origines afin de permettre l'ouverture d’une mosquée à Paris, projet resté lettre morte à ce jour. Avec le groupe de Strasbourg et de Nancy, on assistera à la création de la mosquée dite de la Gare, située à proximité de la grande mosquée de Strasbourg affiliée à l’AEIF. Son principal initiateur est Zouhir Choukr, actuel directeur de l’institut de la Nièvre à Château Chinon. Aux côtés du cheikh libanais Faysal Mawlawi et du Tunisien Rached el Ghannouchi, d’autres personnalités issues de la mouvance des Frères Musulmans constitueront des éléments essentiels pour l’accélération du processus de création de l’UOIF. C’est ainsi qu’une quinzaine d’associations, issues de toute la France, seront à l’origine de sa création. Aujourd'hui, elles en constituent encore l’ossature. L’UOIF diversifiera ses activités en encourageant entre autres le Secours Islamique, la Ligue de la Femme Musulmane ou encore l’Association Avicenne des Médecins Musulmans.

La Fédération Nationale des Musulmans de France et le début des rivalités

La volonté de créer un contre-poids et de donner une visibilité aux convertis musulmans poussera à la création de la Fédération Nationale des Musulmans de France (FNMF) en 1985, sous l’impulsion de la Ligue Islamique Mondiale et suite aux conseils d’un fonctionnaire du ministre des Affaires sociales de l’époque. La FNMF attirera tous les contestataires de la légitimité représentative de la mosquée de Paris. Pour contrecarrer l’influence grandissante de la FNMF, le cheikh Abbas, recteur de la mosquée de Paris, organisera des congrès régionaux à travers la France. Les tensions retomberont cependant avec la nomination de Tidjani Heddam à la tête de la mosquée de Paris. Il rejoindra la fédération au début des années 90 et participera à des réunions de travail qui se dérouleront régulièrement à la bibliothèque de la mosquée de Paris, voire occasionnellement au domicile du président. On notera l’absence du recteur quand les réunions se tenaient au domicile du président, dans la proche banlieue parisienne. Les deux premiers présidents de la FNMF étaient des Français : Ayoub Lesseur et Youssef Leclerc. Actuellement, le président est Mohammed Bechari, qui a accédé à ce poste à l’époque grâce au soutien de Khalil Merroune, responsable au sein de la Ligue Islamique Mondiale.

Le CORIF, premier pas de l’Etat

En 1990, Pierre Joxe, ministre de l’Intérieur, inaugurera le processus de la représentativité de l’islam en créant le CORIF (Conseil de Réflexion de l’Islam de France). Le choix des représentants s'était porté sur des personnalités charismatiques censées représenter les musulmans de France conformément à une ligne Lille - Marseille. Ces personnes coopteront cependant douze de leurs proches. La Fédération nationale, non impliquée dans le processus, refusera pour sa part le soutien du CORIF et demandera à ces membres de quitter l’institution. Un appel resté sans réponse. Malgré ces divergences, un vrai travail de coordination à l’extérieur du CORIF animera les principales fédérations. Le CORIF obtiendra gain de cause concernant la distribution de la viande halal dans l’armée ainsi que la publication d’une circulaire relative aux carrés musulmans au sein des cimetières. Après le départ de Tidjani Heddam et le changement de la majorité, le Corif connaîtra son coup d’arrêt. C’est la coordination des musulmans qui prendra le relais.

La coordination
des musulmans de France

Malgré la volonté de coordination des musulmans de France, quelques divergences continuent à gangrener le processus de l’entente sur des sujets fondamentaux et qui constituent une assise de réflexion à la communauté musulmane, restée sans repères jusqu’alors. La détermination par les institutions religieuses du début et de la fin du jeûne du mois du Ramadan était un moment de tension où les affinités avec les pays d’origine resurgissaient d’instinct. On pouvait même assister à des interprétations tellement divergentes sur les textes religieux que les membres d’une même famille en venaient à célébrer la fête de l’Aïd à des dates différentes, au gré de l'affiliation de chacun d’eux à une école de pensée spécifique. Les différentes structures musulmanes se réunissaient certes pour permettre l’union et enrayer les divisions, mais ces souhaits restaient cependant sans lendemain dés lors que des intérêts ou des directives étaient mis en jeu.

Après l’échec du Corif et l’affaiblissement de la FNMF, une coordination s’est formée afin de penser la représentativité de l’islam à travers cinq fédérations : la mosquée de Paris, la FNMF, l’UOIF, le Tabligh et l’AEIF. Les réunions se tenaient régulièrement à la mosquée de Paris. Après deux ans de travaux et en vertu d’un règlement intérieur, la présidence de la coordination devint tournante.

Pasqua aux manœuvres

En 1995, Charles Pasqua va privilégier la mosquée de Paris et la recevra solennellement ainsi que l’AEIF, le Tabligh, des personnalités musulmanes et le mouvement des harkis. La Charte du Culte Musulman, résultat du travail de la coordination, lui sera présentée. Mais la mosquée de Paris voudra faire cavalier seul, ce qui suscitera l’animosité de l’Union des Organisations Islamiques de France et de la FNMF notamment. Pasqua inaugurera pour sa part en grande pompe la nouvelle mosquée de Lyon et commencera à encourager la mise en œuvre des structures de la charte : nomination de Souheib Bencheikh au poste de grand mufti de Marseille et de Abdelhamid Chirane à celui de grand mufti de Lyon, inauguration de l’Institut de Théologie Musulmane à la mosquée de Paris, accréditation de cette dernière pour superviser l’industrie de la viande halal. La volonté de fonder la représentativité de l’islam autour de grandes mosquées régionales et de personnalités religieuses choisies se heurtera vite à la réalité du terrain et aux demandes des musulmans. La Charte et les structures imaginées ne dépasseront ainsi pas le stade de la publication.

Jean-Louis Debray

La période pendant laquelle exercera Jean louis Debray se caractérisera par un immobilisme dans ce dossier, si l’on excepte toutefois la mesure sur l’élargissement de l’accréditation des sacrificateurs aux deux nouvelles mosquées de Lyon et d’Evry et la levée de la résidence surveillée dont a été victime Larbi Kechat en raison du fort climat de suspicion pesant à l'époque du fait des événements en rapport avec l'Algérie.

Le nouveau visage
de la Fédération

Après le départ de Youssef Leclerc de la présidence de la FNMF et le renforcement de l’UOIF, la fédération va se vider de sa substance, principalement du fait des querelles sur le financement de la mosquée d’Evry. La nomination de Youssef Leclerc au poste de directeur de la Ligue islamique mondiale (LIM) va accélérer la décente vertigineuse de la FNMF, qui se retrouvera dès lors sans siège. La Fédération incarnera l’alternative des lieux de culte dirigés par des Marocains et sera encouragée par les consulats marocains.

Chevènement à l’œuvre

Jean-Pierre Chevènement, nommé ministre de l’Intérieur en 1998, invitera l’islam à la table de la république à l’occasion de son discours de Strasbourg, prononcé en 2000. Suite à l’échec de son projet de création d’une faculté de théologie, l’arbitrage de Lionel Jospin privilégiera la création d'un institut parisien dans le cadre de l’éducation nationale (l’Institut des Etudes des Sociétés Musulmanes) qui le poussera à se pencher sur le dossier de la représentativité de l’islam. A cette époque, les responsables musulmans, après la défaite de la droite surtout, se sentiront à l’abri de l’aspect sécuritaire qui caractérisait les mandats Pasqua et Debray. L’UOIF, forte de sa rencontre annuelle du Bourget, projettera l’organisation d’états généraux de l’islam en France. La consultation aura lieu et le ministre de l’Intérieur désignera ses interlocuteurs avec la volonté apparente de vouloir représenter toutes les tendances de l’islam et affaiblir la position de la mosquée de Paris. La maladresse dans l’invitation de la mosquée Adda’wa, dont la figure charismatique est Larbi Kechat et que le ministère de l’intérieur considère comme le représentant du courant de l’AEIF, va priver la consultation du droit de regard sur la question de l’islam en France. La mosquée de Strasbourg, proche de l’AEIF, sera également écartée du processus étant donné le statut particulier de l’Alsace ainsi que les dissensions existant à l’époque au sein de la communauté concernant le projet de la grande mosquée de Strasbourg. L’autre figure de l’AEIF, Mamadou Daffé, responsable de la mosquée de Toulouse et président de la Coordination musulmane, ne figurera pas parmi les confidents.

A la marge de ses structures religieuses, d’autres groupements islamiques vont voir le jour, tel le mouvement al-ahbache qui naîtra sur les cendres de l’AEIF à Montpellier. Des groupes salafistes, principalement dans les milieux précaires, vont appeler pour leur part au rejet de la société occidentale sans néanmoins prêcher la violence pour autant. La grande partie de la communauté est cependant constituée par ces oubliés des mosquées qui les fréquentent pour faire leur prière et rester en dehors de toute influence idéologique.

Le secret de Sarkozy

Nicolas Sarkozy, une fois arrivé au ministère de l’Intérieur, veut en finir rapidement avec la question de la représentativité de l’islam de France. Fort de l’expérience de ses prédécesseurs, il va réunir, à leur demande, les interlocuteurs principaux qui constituent l’ossature de la coordination des musulmans de France des années 90, soit : la mosquée de Paris, l’UOIF et la FNM. Le courant de l’AEIF non représenté au sein de la consultation, et le Tabligh, divisé en deux, perdront leur place d’interlocuteurs. Les mosquées et les personnalités qualifiées vont également revenir à leur statut initial.
Sarkozy s’exprimera pour la première fois sur la question de l’islam en France dans les colonnes du magazine la Médina, en septembre 2002. Le 8 octobre, et sur l’initiative de l’ambassadeur du Maroc, les trois ambassadeurs des pays du Maghreb vont se retrouver dans le bureau du ministre de l’Intérieur (à noter l’absence de l’ambassadeur de la Tunisie, qui se fera représenter) afin de trouver une solution à une question qui n’a, il faut le reconnaître, que trop duré. Après maintes discussions, les chancelleries se mettront d'accord sur la proposition du Dr Dalil Boubakeur comme futur président du CFCM, "une personne aimée des Français et qui leur inspire confiance". Les ambassadeurs s’engageront à adopter une neutralité active afin "d’écarter les extrémistes". A la suite de cette réunion, les trois fédérations vont demander à rencontrer le ministre de l’Intérieur. Le 12 décembre 2002, Sarkozy va annoncer la signature d’un accord entre les trois fédérations. La question de la représentativité de l’islam se retrouvera à la une de tous les médias, et les autres membres de la consultation vont se sentir floués dans cette affaire. Des réactions de protestation vont apparaître et le Conclave des musulmans va se réunir dans la demeure secondaire du ministre de l’Intérieur, ce qui débouchera sur la signature d’un accord. Notons que les décisions ont été prises avant la prière du vendredi, probablement pour ménager les sensibilités et ne pas désigner le grand imam de France.
Les musulmans vont cependant pouvoir enfin parler d’une seule voix. Le ministre de l’Intérieur devra accompagner les musulmans dans leurs travaux jusqu’à ce que les différentes structures du futur CFCM voient enfin le jour, accompagnées de l’établissement des programmes et prérogatives des différentes commissions constituées.

Qu'en est-il du musulman de base ?
Le musulman de base ne se sentant pas considéré par ce processus, il l’ignore. Pour l’essentiel, quelques associations de jeunes musulmans, dont celles proches de Tariq Ramadan, vont contester cette démarche.
Les nouvelles générations musulmanes émergent de plus en plus, quant à elles, et nous assistons aux prémices de l'installation d’une intelligentsia qui aura certainement son mot à dire dans les années à venir. Forte de la connaissance de la société française et de son dynamisme, elle sera certainement la cheville ouvrière qui permettra à l’islam de France de trouver ses marques dans l’esprit républicain. Il faudra cependant que ces jeunes ne fuient pas les mosquées en dépit des difficultés qu’ils rencontreront, car c’est sur eux que reposera la refonte de l’intérieur des structures musulmanes ainsi que les moyens de transmission du savoir religieux.

Changer la loi 1905

Dans un entretien au journal Le Monde, Pierre Bédier, secrétaire d'Etat aux programmes immobiliers de la Justice, et Jean-François Copé, porte-parole du gouvernement, vont lancer un "projectile" pour tester la réaction des milieux religieux et laïque. En lançant un débat relatif à la nécessité de procéder à une refonte de la loi 1905, le risque est en effet grand de laisser entendre une fois de plus que ce sont les musulmans qui vont bénéficier de cette modification, bien que la plupart des associations musulmanes soient de type loi 1901 ; sans oublier que ce sont essentiellement les protestants qui ont souhaité cette modification et ce toilettage de la loi. Nous dira-t-on qu'en finançant un culte musulman, nous échapperons à l'influence étrangère ? A notre connaissance, seules les grandes fédérations et certains lieux prestigieux de l'islam de France sont financés par les pays étrangers. Les nombreuses mosquées, salles de prières ou associations culturelles rencontrent de multiples difficultés pour assurer la gestion, la construction ou la réhabilitation des lieux de culte, et c'est pourquoi elles comptent principalement sur les contributions de leurs fidèles. Nous remarquons ainsi un rejet croissant de la part des nouvelles générations de cette ingérence dans leurs affaires. Ne faaisant pas donc de la discussion autour de la loi 1905 une autre affaire qui pourra succiter l'animosité de nos concitoyens.

Article publié dans la revue islam n°4, fevrier 2003